Après des vacances peu méritées, entièrement consacrées aux jeux
non-olympiques, les Idiots reprennent le chemin de la rentrée, comme les
écoliers, avec la hargne et la hardiesse qui les caractérisent. Sitôt au travail,
ils ont sorti leur bréviaire d’Emile Boutefeu pour être en phase avec la
novlangue managériale et en attendant avec impatience les afterworks de fin de semaine pour faire le point sur les process tout en lorgnant sur l’écran de leur smartphone (flambant neuf) les
opportunités de jouissance du week-end !
Nous
reprenons un article de Rémi Lélian, publié sur le site de Première nouvelle (https://premierenouvelle.substack.com/p/le-prince-contre-ce-monde),
pour dire tout notre "admiration" à un écrivain qui fouille dans la terre des
morts pour y dénicher les raisons d’alimenter son narcissisme effarant et d’exposer
ses idées politiques délirantes – à ce niveau de bêtise gauchiste, il est
difficile de ne pas esquisser un sourire.
De
son livre, Les Derniers Jours du
parti socialiste, Aurélien Bellanger dit qu’il s’agit d’un long tweet
destiné à « faire mal et à infliger le plus de dommages
possibles » (sic) à ses nouveaux « ennemis » (re-sic), les
partisans d’une gauche laïque accusée de trahir la gauche en la phagocytant. En
cela, il résume à merveille la nature de son livre, sorte de lettre de
délation adressée aux autorités morales de son propre milieu
socio-culturel à laquelle le nom de roman tient lieu de masque afin de la
maquiller en brûlot politique. Mais ça n’est rien qu’un long tweet haineux,
c’est-à-dire la forme d’expression la plus basse que notre époque,
moralement en pleine déchéance, a pu produire pour l’instant. Un long tweet
haineux, un crachat donc à destination du Printemps Républicain et de ceux que
Bellanger lui assimile sous des noms transparents derrière lesquels on
reconnait Enthoven, Fourest, Val, Onfray et, naturellement, le fondateur dudit
Printemps, Laurent Bouvet.
On
ne débattra pas ici de l’authenticité de ce que Bellanger
raconte puisqu’il agite le joker de la fiction pour désarmer ceux qui
pourraient à bon droit se sentir calomniés. On remarquera en revanche que
le nom de roman est présomptueux à l’égard de cette littérature prétexte qui ne
fait même pas l’effort du romanesque. Là où Houellebecq, son ancien maître,
s’efforce de dériver notre réalité pour y inscrire des alternatives présentées
sous la forme du destin, Bellanger se contente d’y insérer brutalement ses
propres obsessions ; en l’occurrence celle d’un prétendu complot
« raciste », organisé par ceux qui défendent un idéal laïc jugé par
notre « romancier » insuffisamment inclusif – comprendre, en gros,
tous ceux qui ne réduisent pas les arabes à des musulmans susceptibles qu’il
faudrait cajoler.
Ni
véritable histoire contrefactuelle, ni personnages profonds et complexes ne se
rencontrent dans ce pavé simplement voué à dénoncer et à désigner l’ennemi
grâce auquel Bellanger tente de définir l’identité de sa gauche à lui,
« indigéniste » forcément, et dont la légitimité, auto-référentielle,
consiste à être la bonne, la vraie, la seule gauche qui puisse exister parce
qu’elle seule en possède le droit, les autres étant « racistes » et,
de gré ou de force, les fourriers de l’extrême droite.
On
parle souvent de gramscisme de droite, Bellanger y revient d’ailleurs tout au
long de son livre pour en accuser ses cibles, mais il faudra aussi, un jour,
s’interroger sur cette gauche schmittienne qui, comme le philosophe encarté
chez les nazis Carl Schmitt, circonscrit l’horizon de la politique à la figure
de l’ennemi. On sait les dangers de ce genre de conception politique quand s’y
mêle l’eschatologie dévoyée de ceux qui croient se purifier au travers de leur
haine de l’ennemi : l’anéantissement. En littérature, cela donne un
roman médiocre et dénué d’ambiguïtés, narcissique et moralement
douteux, une sorte de long tweet débile et haineux.