lundi 16 mai 2016

Portraits imaginaires (6) - Tariq Ramadan


Après le Maire de Province, Alain Soral, L'intégriste, François Pinault et le tueur en série, voici un sixième portrait imaginaire consacré à Tariq Ramadan. Comme leur nom l'indique, ces portraits sont fruits de l'imagination et n'ont d'autre prétention que de mettre en lumière les archétypes représentés par les figures humaines, médiatiques ou politiques qui leur tiennent lieu de prétextes.

             
             Son air de levantin précieux pourrait nous le faire prendre pour un méchant de Tintin, s’il était moins beau. Distingué, son élégance sobre tranche avec un temps qui ne conçoit de l’apparence que l’outrance ou le débraillé, et nous laisse deviner dans sa façon de se vêtir toute la profondeur d’une civilisation. Jusqu’à peu notre monde considérait celui des ses ancêtres comme une menace et à plusieurs siècles d’aujourd’hui les choses étaient plus claires ─  Conquérant ou envahisseur jamais nos aïeux n’auraient osé lui faire l’affront d’être une taupe ! Mais chez nous, c’est aussi chez lui, et malgré sa culture lunaire, il est né là où le soleil meurt. Attaché à Mahomet comme nous jadis au Christ, et comme les Juifs à leur D., on ne saurait lui reprocher de vouloir le retrouver, loin du désert, sous nos climats tempérés. Pour ces raisons certains l’accusent de tenir un double discours, de prêcher le blanc tout en rêvant du noir et de se présenter en laïc lors qu’il serait un agent de l’Islam international. Pauvre univers que le nôtre, incapable de comprendre que chaque amour n’est pas d’un ordre semblable et que les religions transcendent les pays où elles s’incarnent sans pour autant vouloir les détruire. Et puis s’il sait changer de ton, c’est qu’il ne s’adresse pas pareillement aux uns et aux autres et que son public varie. L’art de la rhétorique est une forme de politesse, qu’il maîtrise jusqu’au sublime, car si les sophistes n’ont pas la vérité pour but, ils ne disent pas forcément toujours le faux !

         Justement, il est plutôt clair et, à moins de voir dans une variation de tessiture la naissance d’un mensonge, quand il s’exprime c’est pour tenir toujours parole identique : ses frères doivent s’adapter au monde qui les environne, et nonobstant les habitudes qu’ils confondent souvent avec un devoir religieux, retrouver dans la modernité le message intemporel du Prophète. Il les exhorte à honorer la véritable religion dépouillée de ses oripeaux culturels, y compris si pour ce faire quelques rites passent à la trappe ou restent sur le continent où ils sont nés et que leur foi a traversé. Mais l’Islam n’a pas vocation à demeurer portion congrue et faute de se renier préfère s’étendre. Implore-t-il alors la guerre ? Désire-t-il la violence purificatrice qui accouchera en Occident le Coran par le cimeterre ? Pas du tout ! au contraire, il sait le temps de son côté, et que, la nature abhorrant le vide, bientôt les terres athées accepteront pacifiquement le Miséricordieux, à l’instar d’un orphelin qui ayant oublié à quoi ressemblait son véritable père accueillera n’importe lequel de celui qui voudra bien remplir ce rôle, fut-il son ennemi autrefois… Dès lors, sans rien à défendre que le néant, comment lui reprocher de vouloir prendre la place du vide, même si ce vide c’est le nôtre ?  Pourrait-on  d'ailleurs se demander qui de lui ou de ses adversaires tient vraiment un double discours, qui, de celui qui refuse sa mort et de l’autre qui se sait vivant, ment ?

1 commentaire: