dimanche 18 octobre 2020

Le tombeau de l'histoire

 


      A chaque attentat, les pleurnicheries républicaines succèdent à l’abomination islamiste sans qu’aucune question de fond n’émerge jamais à la surface de l’esprit public. Les tweets, les bougies, les mines éplorées, les sentences creuses, les ballons gonflables, les réprimandes paternalistes, la répression honteuse, le pas d’amalgame (chuchoté cette fois-ci), etc. défilent sur nos écrans le temps que l’émotion passe et que la raison managériale reprenne ses droits, celle qui détricote consciencieusement, avec un doux acharnement, le canevas épais et fleuri de la France millénaire. Il n’en restera que quelques fils pelés jusqu’à l’os, qu’une couleur grisée qui pue la mort, qu’une ombre jetée sur l’horizon plane. Un peuple, une terre, un esprit, une aventure, un amour, tout cela jeté aux ordures de l’histoire, bientôt oublié au tombeau de l’histoire. Effacé. Décapité. Immolé.

 

Albert Caraco nous avait prévenu, on l’a réduit au silence, comme tous les autres.    

 

« Simple rappel.         Je nie qu’un peuple ait droit à posséder la terre qu’il occupe, l’Histoire nous enseigne que la possession est fille de la violence, qu’il n’est de limite à la violence et que la violence la dernière en date remet les autres en problème : ainsi la terre passe dans les mains de l’occupant le mieux armé, qui la prend l’a, qui l’ayant prise l’a gardée peut raser jusqu’aux cimetières des vaincus, les morts ne méritant le respect que l’on refuse aux vivants, ces vivants – une fois dépossédés et devenus hommes en trop – sont étrangers en le pays qui fut apparemment le leur. Je pose que l’on a ce que l’on a, le moment actuel répondant de l’intemporel, le passé – lui – ne répondant de rien, car il est à merci du vainqueur.

Dépossession légitime.       Ceux qui prétendent que le charbonnier est maître en sa maison se payent de raisons très creuses et l’avenir prépare à leur sophisme un démenti passablement cruel. L’on devra procéder contre les nations avec la dureté la plus extrême et ce ne sera que le châtiment des idées fausses devenues insoutenables, l’on brisera la résistance des peuples qui ne se soumettent en leur ôtant le sol qui les rend insoumis : une fois déplacés, une fois remplacés, ces enragés ne tardent à mollir et leur philosophie éprouve une altération que leur exemple prêche à sa manière.

Pour un déracinement méthodique.   Les divers peuples me rappellent le géant Antée, dont Héraclès ne vint à bout qu’en l’ayant soulevé d’abord. Séparer une nation de son terroir et remplir l’univers d’errants déracinés sans espérance de refuge, on le fera sans doute, il nous faut une poussière d’hommes sans patrie ni foyer, l’ordre le veut, l’intérêt même le commande, ce bouleversement ne semble qu’un préliminaire, nous en verrons de plus atroces, un changement inévitable mérite tous les sacrifices. »

 


Albert Caraco, Le tombeau de l’histoire, 1966.

 

 

Cliquez sur la photo ci-dessous ou ICI pour commander le numéro Moins Deux !


https://www.helloasso.com/associations/idiocratie/paiements/idiocratie-numero-moins-deux

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire