dimanche 2 avril 2023

Une jeunesse fantasmée et instrumentalisée

 

 

         Que n’entend-on pas sur la jeunesse ! Un florilège d’âneries sorti tout droit de médias accrocs à la pensée soixante-huitarde revisitée par les dingueries à la mode, comme si les boomers avaient transféré leurs désirs révolutionnaires sur une génération qu’ils ont pourtant sacrifié à loisir. Ainsi, les jeunes seraient hautement conscientisés à l’écologie dans le prolongement d’une adolescente verdisée et puritaine, Greta Thunberg, élevée au rang d’icône mondiale. Ils seraient également à la pointe de l’activisme politique et sociale pour ressourcer la démocratie aux idéaux purs de l’égalitarisme forcené et de l’anticapitalisme d’opérette. Sans compter leurs perceptions aigües des dangers portés par les nouvelles technologies et leur résistance, déjà féroce, face à tous les fascismes qui gangrènent le corps social.

         Pourtant, à y regarder de plus près, et justement du fait de leur âge, cette jeunesse est à l’image de la société qui l’a façonnée : à moitié débile, consumériste jusqu’à l’os, narcissique compulsive et pathologiquement dépendante des réseaux sociaux. En cela, elle est un parfait reflet des autres générations avec ce poids en plus,  impossible à porter : l’incapacité de s’inscrire dans une généalogie de pères et de mères défaillants et, donc, l’impossibilité de transgresser ce par quoi ils sont venus au monde. D’où la répétition farcesque de slogans éculés et la posture ridicule des gardiens rouges de la liberté avec cette pincée d’anarchisme debordien mal digéré : « Plutôt crever que travailler ! ». Cinquante ans après, le gauchisme demeure une « maladie verbale du marxisme » et, en 1974, Pasolini concluait déjà amèrement : « Les masques répugnants que les jeunes se mettent sur le visage, et qui les rendent aussi horribles que les vieilles putains d’une iconographie injuste, recréent objectivement dans leur physionomie ce qu’ils ont condamné à jamais – mais uniquement en paroles ». 



         La sous-culture du pouvoir a absorbé la sous-culture de l’opposition : CRS d’un côté, étudiants de l’autre, même combat ! Chacun joue sa partition à la perfection : les méchants flics de l’Etat qui matraquent les petits bourgeois des beaux quartiers. Et le cortège des sociologues appointés, des associations subventionnées et des médias au service de s’offusquer sur tous les tons de la violence systémique de l’Etat profond. Quelle mascarade ! Tout ce petit monde, après s’être égosillé, jouera les vierges effarouchées devant les avancées de l’extrême-droite et rejoindra bien gentiment les rangs du pouvoir, seul et dernier rempart face à la barbarie.

         La jeunesse, ou tout du moins une partie d’entre elle, aura été de nouveau manipulée et sacrifiée sur l’autel d’une radicalité sans lendemain pour complaire aux fantasmes d’une génération qui, décidément, ne passe pas la main. Comme le prophétisait Pierre Legendre : « Enfants meurtriers, adolescents statufiés en déchets sociaux, jeunesse bafouée dans son droit de recevoir la limite, votre solitude nue témoigne des sacrifices humains ultramodernes ».  

 

 


 

 

 

1 commentaire:

  1. le gauchisme radical actuel est une forme d'anarchisme politico-écologique.

    RépondreSupprimer