jeudi 25 avril 2019

Poèmes-suicides et Black Metal deleuzien

C'est pas tous les jours qu'on commence par des poèmes-suicides avant de noyer son spleen dans le black metal deleuzien. Vendredi 26 avril à partir de 20h à la salle de concert Les Voûtes, on ira écouter Decline of the I, pour son premier concert parisien, invoquer l'esprit de Cioran et Gilles Deleuze pour mettre définitivement à mort le Je, le Moi et les Autres à coups de riffs de forgeron et de roulements de double pédale apocalyptiques. Ce carnage post-moderne sera précédé d'un détour Mallarméen avec Inselberg, performance poétique et scénique qui tentera d'abolir le hasard le temps d'un soir. Et tout cela sera introduit par la lecture des poèmes-suicides de Romaric Sangars dont voici un morceau choisi, publié dans le dernier numéro de la revue Idiocratie (quelques exemplaires de celle-ci seront vendus sous le manteau à la sauvette avant que la police n'intervienne pour disperser toute cette bande de va-nu-pieds et flanquer ceux qui restent au panier à salade). 




Il habitait un pays en déclin. Il se voulait à l’avant-garde. Considérant ces deux prémisses,
il s’électrocuta.

Il laissait six recueils de vers libres : Abreuver l’abîme ; Pompéi partout ; Diversion ; Entre nos spectres ; Ni pont, ni rives, ni rien ; Retrouve-moi tout en bas, j’y reste.

Son éditeur s’imagina que la fin prématurée de l’auteur ranimerait les ventes. C’était oublier que la poésie appartenait à un genre périmé. Au point que, quand, par dépit, il brûla tout – lui avec -, c’est à peine s’il en fut rendu compte

« Poème-suicide ». Romaric Sangars



[26.04.2019 – Les Voûtes] Decline of the I – Inselberg – Romaric Sangars









Idiocratie, la revue !


vendredi 5 avril 2019

Mazette quel noceur (I)

Dans cette nouvelle rubrique, la publication d'un extrait d'oeuvre choisie sera régulièrement l'occasion de célébrer le sens de la fête. Commençons avec Paul Morand.



"Ma soirée a été assombrie par l'arrivée de Chaplin, dans la loge à côté de nous; un Chaplin effondré, presque porté par deux hommes; lui qui fut la vitesse, la souplesse, le puissant, pauvre loque figée par le gel de l'avant-mort et qu'on soutient pour qu'il puisse saluer, cela fend le coeur. Comment ose t-on le sortir encore ? Oona, près de lui, jeune et impassible. "Bonjour, Charles..." Il ne me reconnaît pas. Il n'y a pas dix ans, je lui amenais Louis Malle, émerveillé. Que les années de New York sont loin! Et je me rappelle une fin de dîner où, à califourchon sur une chaise, il nous mimait une chasse au renard chez Westminster ! Et ce dîner, nous avions fini la soirée au bordel, à Nice; au bruit que Chaplin était dans la maison, ç'avait été une ruée, toutes les filles abandonnant leur client, se ruant dans les corridors pour acclamer Chaplin."

(Paul Morand, Journal inutile, tome II , p.346-347)