vendredi 28 mai 2021

Black-Bourgeois Lives Matter

 


 

Bernard Madoff est mort, longue vie à Patrisse Cullors !

Légendaire escroc ayant été condamné à 150 ans de prison, Madoff portait un soin particulier à embobiner des fondations humanitaires ; certaines, comme la Lappin Foundation et la Chais Family Foundation, furent contraintes à fermer à la suite de l’arrestation du grand philanthrope qui, même incarcéré, n’en démordait pas, et escroquait ses codétenus. Comme tout respectable investisseur de renom, politiquement très correct et donneur de leçons, Madoff et sa famille s’occupaient aussi de filer un peu d’argent au Parti démocrate, question de « faire barrage à la haine » en sauce états-unienne. Arnaquer les philanthropes et les fondations humanitaire… quelle horreur ! Sa spécialité était de leur faire miroiter le rachat de leurs consciences pourries en échange de donations qui partaient là où elles méritaient d’aller : dans ses poches. Ce fut ainsi qu’il s’acheta des villas à Manhattan, Antibes et Palm Beach, où il se rendait pour se reposer entre une arnaque et l’autre, et où peut-être invitait ses amis qui déblataient de sauver le monde grâce à leurs dons défiscalisés.

Au fond, Madoff n’était rien d’autre qu’un placide curé de campagne médiévale particulièrement diligent qui se rendait au chevet de l’aristocrassie la plus infâme de l’époque afin de leur vendre des indulgences. Ce fut ainsi que des milliers de partouzards blasphématoires syphilitiques proches de la mort pouvaient se faire pardonner leurs petits péchés par le Pape, Vicaire du Christ, et réserver ainsi une place au Paradis après quelques siècles en salle d’attente au Purgatoire.

--- Ô noble baron Duhamel, reconnaissez-vous avoir péché de la manière la plus abjecte qui soit ?

--- Oui, mon père, oui ! J’avoue avoir péché, et maintenant je vais vous en dire plus, je descendrai dans les détails les plus sordides afin de me libérer ! J’ai…

--- Fermes ta gueule, signe ici, ici et ici, mon fils. Vous pouvez régler par PayPal aussi si vous le souhaitez. Et n’oubliez pas que cette donation bénéficie d’une défiscalisation.

Faut le dire : Madoff se serait certainement bien entendu avec Patrisse Cullors. Pour paraphraser le Shakespeare de La Tempête, « Madoff et Cullors sont de l’étoffe dont sont faits les escrocs, et notre petite vie est entourée de types comme eux. »

Cullors, c’est qui en fait ? Il s’agit de l’une des co-fondatrices du mouvement Black Lives Matter, l’une des meilleures entreprises néocapitalistes jamais conçue et dont bénéficient spécialement les stars hollywoodiennes blanches, les politicards progressistes blancs, des universitaires blancs et les bourgeois noirs qui veulent devenir amis des bourgeois blancs. Ceux qui n’en profitent pas, ce sont tous les autres, et notamment les Noirs eux-mêmes et les Blancs déshérités des zones périphériques, ces deux populations n’ayant pas encore comprit qu’elles devraient s’entendre au lieu de se taper dessus pour le plus grand profit de ceux qui les gouvernent. 

 


Black Lives Matter, BLM pour les amis, fut accouché au forceps par les trois Parques du progressisme états-unien le plus crasseux, Opal Tometi (à qui on pourrait attribuer le rôle de Clotho, vu qu’elle est la plus jeune des trois), Patrisse Cullors (rôle de notre héroïne : Lachésis) et Alicia Garza (Atropos, la plus âgée des Parques, celle qui coupe le fil de la vie).

Cullors pourrait bien endosser le rôle de Lachésis parce que tout comme cette dernière est communément représentée au milieu de plusieurs fuseaux, la Cullors pourrait l’être de ses villas haut de gamme. La militante queer-marxiste-antiraciste-LGBTQI+ qui promue l’abolition des prisons, aime, en tant que « femme racisée », défendre les Noirs, mais seulement lorsque ceux-ci se tiennent à distance de sécurité des quartiers huppés (et bien sécurisés) où elle vit avec son mari.e Janaya Khan, co-fondateur.e de Blacks Lives Matter Toronto, militant.e queer non-genré.e, journaliste, fashion model et boxeur.e amateur.e.

Depuis avril 2021 Patrisse Cullors, qui s’est toujours revendiquée marxiste (un peu comme Jean-Luc Mélenchon, Éric Zemmour, Alain Soral et Usul, pour ne citer que les intellectuels les plus en vue de l’Hexagone et que tout le monde nous envie), est au centre d’une très prévisible tourmente au sujet de ses cinq villas, dont quatre se trouvent aux USA et une aux Bahamas, dans un complexe ultra-exclusif pour célébrités. On se demande en toute honnêteté qui s’occupe de passer l’aspirateur ! Son mari.e ? Cullors elle-même ? Ou plutôt une phalange de pauvres Srilankaises sous-payées ?

--- Upeksha ! Viens ici !

--- Oui ma patronne, Cullors première de son nom, Née du Feu, Co-Fondratrice de BLM et Briseuse des Chaînes ?

--- Le carrelage de ma salle de bain ! Tu ne l’as pas bien lavé ! Tu fais ça pour m’opprimer, c’est ça, hein ? Toi et ton patriarcat hétéronormatif tamoul ! Je te le retire de ta paye !

--- Mais patronne Briseuse des Chaînes, j’ai besoin de cet argent pour que mon fils aille à l’école !

--- L’école ? Pour quoi faire ? Pour apprendre à nous opprimer encore plus ? Va prendre une serpillère, que Greta Thunberg et Beyoncé vont bientôt arriver ! Schnell !  

Le racisme systémique hétéronormatif a les jours contés ! Les mauvaises langues qui accusent la Cullors d’avoir bradé la cause BLM pour en tirer un profit tout personnel et très peu marxiste devraient se couvrir la tête de cendres et demander pardon, car ces villas-là ne sont rien d’autre que des ZAD ! Où voulez-vous qu’ils aillent les construire, leurs communautés marxisto-intersectionnelles non-mixtes dotées de safes paces ? Dans des périphéries pourries des mégalopoles états-uniennes ? Non ! Dans des villas en Californie et aux Bahamas ! Car n’en déplaise pas à ces crétins de bienpensants qui critiquent ce génie de Patrisse Cullors, mais son action (immobilière) est parfaitement cohérente avec l’idéologie de BLM. Si ! Le mouvement, pensé par des Parques d’ébène pour des wokes blancs, est la preuve de la parfaite assimilation des Noirs aux représentations sociales les plus honteusement racistes de la classe blanche privilégiée anglo-saxonne, qui estime qu’il n’y a d’autres styles de vie acceptable en dehors du modèle qu’ils proposent, et qu’un Noir doit être éduqué pour qu’il puisse s’y conformer, sinon il n’en est pas capable tout seul. Malcom X, qui ne fait pas partie des références de Patrisse Cullors, avait bien flairé le piège : il finira criblé de balles, tandis que la co-fondatrice de BLM se la coule douce dans ses villas. On voit bien où se situe le danger pour le Système. 

 


Après avoir libéré les esclaves noirs des plantations de coton pour les foutre dans des usines, ils n’attendaient qu’une chose : les embourgeoiser pour qu’ils votent démocrate, c’est-à-dire pour eux, les bourgeois blancs ! Cela n’a pas loupé. En février 2020, à l’occasion des primaires démocrates, Cullors s’était empressée d’apporter son soutien aux candidatures de deux Blancs on ne peu pas plus diaphanes, la blonde Elisabeth Warren et le hippie Bernard Sanders, accusant Joe Biden et Michael Bloomberg d’avoir divisé les communautés racisées. Vrai ! Mais elles les accusaient pour les mauvaises raisons. En bonne marxiste embourgeoisée, la Cullors ne supportait pas que Biden et Bloomberg soient plus riches que Warren et Sanders, donc plus aisés qu’elle. La pasionara BLM s’identifiait plus aux deux derniers qu’aux premières deux acariâtres millionnaires. C’est pour affinités de classe que la Lachésis noire avait fait son choix, non pas pour des raisons politiques, ce qui montre bien le caractère éminemment classiste de ces militants. Si avant les communautés LGBT et queer assumaient et revendiquaient leur marginalité, comme le firent certains représentants de la beat generation, se positionnant en contre-cultures qui dénonçaient les pédanteries des USA patriotards et névrosés, aujourd’hui leurs héritiers refusent cette marginalisation, et font de leur pseudo-exceptionnalité un redoutable instrument d’intégration socio-économique.

Car Cullors en réalité est une grande bourgeoise sociale-démocrate jusqu’à la moelle ! C’est ça le scandale ! Que personne n’ait pas encore réalisé que BLM n’a rien de révolutionnaire, c’est un relent social-démocrate, qu’il ne s’agit de rien d’autre que d’une immense entreprise d’embourgeoisement des minorités, et notamment des minorités noires et LGBTQI+ ! En aucun moment ils n’ont remis en question le système néolibéral, préférant, comme partout ailleurs, remplacer la lutte de classe avec la lutte des races et des genres. Leur objectif en tant que « marxistes » n’est pas d’abattre le Capital mais d’avoir des capitalistes noirs, « leurs » capitalistes à eux, à opposer à des capitalistes blancs ! Ce que les militants de BLM reprochent au Système n’est pas le Système en soi, avec ses injustices et ses contradictions, mais le fait de ne pas assez les inclure ! Ces ploucs n’ont jamais rien voulu abattre, bien au contraire ! Et, au fond, cette mouvance se révèle profondément raciste car elle n’a qu’un désir manifeste, celui de transformer les Afro-américains en Anglosaxons, que le pauvre Noir, une fois bien éduqué et bien dressé par le gentil Blanc riche philanthrope, intègre le Système, s’y adapte, se fasse acheter et ferme sa gueule. Un Bounty ! Noir dehors et Blanc dedans ! Cullors a parfaitement intégré la classe parasitaire qu’elle prétendait abattre. Au contraire : elle l’a renforcée. Ses gueulades n’ont été rien d’autre que des appels à l’aide, des caprices de pauvre qui veut devenir riche comme les Blancs qu’au fond elle jalouse ! Complexe d’Œdipe racisé.e ! 

 


--- Vous voyez ? Nous les millionnaires blancs ne sommes pas racistes, car nous avons ouvert les portes de nos beaux quartiers à Cullors et à son mari.e Khan lorsqu’ils ont gentiment frappé à nos portes en nous accusant à juste titre d’être des suprémacistes blancs. We are so sorry. Alors, arrêtez de nous critiquer et allez travailler dans nos Starbucks à deux balles, bandes de gueux racistes transphobes, sinon j’appelle notre amie Cullors pour vous sermonner et raconter que vous votez Trump.

Sacré BLM ! Il fallait pourtant s’y attendre. Ils passent leur temps sur leurs smartphones débiles à critiquer les Blancs qui se griment le visage pour jouer Othello et jamais à critiquer les Noirs qui se blanchissent pour jouer aux bourgeois anglo-saxons. Le Capital se drape des couleurs arc-en-ciel et vous parle en écriture inclusive pour mieux vendre ses fétiches. Et vous, vous les achetez et utilisés pour faire la révolution sur Tik Tok. Subversion libéral-inclusive !

En France, où il est de Tradition primordiale de ravaler toutes les conneries qui viennent d’ailleurs pour montrer au monde entier, qui d’ailleurs s’en fiche royalement, que nous sommes encore le « pays des Lumières » et que donc nous sommes ouverts d’esprit, on en a à foison de ces révolutionnaires de pacotille qui se la joue Cullors sans avoir son talent. Les Rokhaya Diallo, les Houria Bouteldja, les Omar Sy, les Yacine Belattar, tous là, sur leurs plateaux télés, pour dénoncer en chœur les exclusions dont ils seraient les victimes de la part du Système, et cela dans le seul et unique but non pas de le détruire mais au contraire de le sauver, le contraignant, par le biais d’une victimisation larmoyante, à les inclure davantage. Le résultat : on les voit partout, et ils sont plus intégrés que n’importe quel intérimaire de la Corrèze.

Thomas Sankara, au secours, ils sont devenus Blancs ! 


 


 

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mercredi 19 mai 2021

La tribune d'Emile Boutefeu

 

Pour célébrer dignement la libération des terrasses et des hommes, Emile Boutefeu rappelle à nos chers travailleurs et chères travailleuses qu’ils doivent suivre à la lettre les consignes des managers : être motivés, souriants, flexibles et adaptés. Evidemment, Emile a également une pensée pour tous les ploucs qui vivent dans la France périphérique et pour qui la réouverture des terrasses et des restaurants ne signifient rien, depuis longtemps déjà.

 

 

 

Manager (XXXVI) 

Manager est performant

Manager est influent

Il nous marche sur la gueule

et se marre impunément

 

 

Manager (XXXII) 

A ce moment précis de la réunion, Manager a repris la parole : 

- OK, c'est bon les gars, on a compris : vous êtes pessimiste genre “ça va mal”...“tout est foutu”... machin … OK ... mais vous, au juste, vous proposez quoi ?

Il se fit une étrange lumière; puis, apparut un poing gigantesque qui, à plusieurs reprises, s'abattit sur son nez et lui broya la gueule.

 

 

Manager XXXV 

- C’est un leader né. Avec une vision…

- Et une gueule de con ! Voilà ce que je pense exactement. 

 

 

Manager XXXVI 

Bienveillant, organisé, autonome et bien con

 

 

 


 

 

 

 

 

 

samedi 8 mai 2021

Portrait imaginaire : un antimoderne par temps de peste

 

 


 

Seule une tératologie, peut-être, pourrait rendre compte de l’époque et de ces protagonistes tant leurs gueules qui se croisent et se ressemblent sont abominables. Ce ne sont pas en tous cas les mois d’épidémie qui contrediront cette hypothèse puisqu’elle aura été l’occasion de découvrir quelques beaux spécimens de monstres, et parmi ceux-là le monstre antimoderne, moitié beauf à la Cabu moitié Festivus, qui s’est révélé être l’un des  plus hideux : récalcitrant à la moindre autorité, acharné à faire la fête ou à la promouvoir, à transgresser tout ce qu’il pouvait transgresser, révélant par là qu’il n’a pas choisi le camp des vaincus par idéal, ou parce que son tempérament justement s’y accorde, mais parce qu’au fond il est un transgresseur, un enfant de l’époque, qui dit « non » pour tester sa puissance et qui aurait pu dire non à tout y compris, pour peu d’être né en face, à ce qu’il défend censément –  ce qu’il fait d’ailleurs actuellement et, tant pis pour le pléonasme, en acte.

Sans honte ni remords, sans mauvaise conscience à maquiller, il se fout de tout et de tous, convaincu comme le gauchiste, son rival mimétique, d’appartenir au camp du Bien et avide de se distraire. À peine devine-t-on que ce qui l’a surtout dérangé durant cette plaie centennale, c’est sa longueur, l’ennui auquel elle l’a  contraint et le fait qu’il ait été obligé de renoncer à profiter un maximum. On aurait pu imaginer qu’il trouve là la confirmation de ses valeurs : la nécessité de protéger les plus faibles, le sacrifice de l’individu au bénéfice de la communauté, la joie de servir le bien commun, sans même parler de la nécessité des frontières, et qu’il se fasse le promoteur bruyant d’une morale antimoderne désormais démontrée par les faits. On craignait l’inquisiteur dont il aime prendre la pose : il nous a offert le spectacle d’un adolescent mal élevé, ingrat, et hypnotisé par son nombril, frondant les limites en bon soldat libéral-libertaire ; c’est qu’il y a peu de plaisir à cesser de faire semblant, peu d’intérêt à la rigueur, à l’honnêteté, on ne gagne rien à abandonner le paraître pour l’être, et puis à quoi bon se sacrifier, humblement et sans panache, quand on demande à tout le monde de le faire  et que l’on peut continuer tranquillement à dissoner en meute tandis que d’autres se cassent le cul à notre place ?

« Même pas peur de la mort ! » Scande-t-il entre deux claquages de bises et deux apéros nécessaires à maintenir selon lui cette convivialité prétendument traditionnelle, dernière soupape psychologique d’une jeunesse vitrifiée dans la jouissance, étrangère à la moindre forme d’introspection, son moyen à lui d’être sanitaire à la façon d’une « soirée médecine ».  Plutôt : « Même pas peur de la mort des autres ! », parce que soyons honnêtes, notre ami se serait terré en rampant dans le tréfonds d’une cave si le virus l’avait menacé ne serait-ce qu’à la puissance avec laquelle il menace les vieux, les gros, les malades, les trisomiques, les « déchets » d’une société toute entière tournée vers la performance et qui, comme lui, pense la vie en rapport qualité/prix. Il  se serait fait troglodyte et non grande gueule. C’est toujours commode d’afficher des valeurs quand on n’a pas à les prouver et d’avoir du courage sur le dos des autres. Oh ! Bien sûr, sa qualité de proscrit, de réprouvé, ou je ne sais encore de quel nom dont il aime s’affubler, suffirait à démonter mes propos, me dit-on. Il est rebelle, à contre-courant, persécuté, antimoderne comme il le beugle à qui veut l’entendre, mais il est surtout d’un camp, d’un groupe, d’une meute, et si celle-ci n’a pas encore la faveur de dominer c’est parce que le monde est ainsi fait, et que si le vent tourne à son avantage, il vient de nous prouver par son exemple qu’il ne représentait certainement pas, du point de vue de la qualité, une alternative :  rebelle en bande, il suit le courant de son camp,  et ne s’en laisse pas compter par qui l’empêche de faire la fête, ce qui promet un bon potentiel de persécuteur. On attendait de lui l’héroïsme et l’abnégation, il a été prolixe en sophismes susceptibles de lui permettre de continuer à profiter en toute bonne conscience, et aussi, ce qui revient au même, en slogans et bons mots, qu’il a par ailleurs tendance à confondre avec la littérature, prétextant la légèreté contre le cul de plomb. Il peut se féliciter, léger il l’aura été à tous les niveaux, sans gravité ni profondeur, voué au vent de son appétit, fake, un corps libre de toutes convictions, de toutes souffrances spirituelles, qui refuse la contrariété qui nous grandit et nous élève au-dessus de notre misérable petit « moi », un ectoplasme dans des chairs mortes, un zombie, le monstre d’une époque abominable.

 


 

 

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