mardi 31 mars 2020

Poème de confinement




Je suis confiné,

Et ça me fait chier,

Mais j'ai une occupation,

Moi je danse en rond,


Je suis confiné,

Et ça me fait chier,

Je n'ai plus de PQ,


Faut que j'retourne au Super U,




dimanche 29 mars 2020

Journal de confinement

Jour 1

J'ai un problème avec les habitants du bâtiment A. Surtout avec un jeune couple qui, visiblement, ne me salue que de mauvaise grâce, au dernier moment, quand il n'a plus le choix. Ce matin, je les ai bien eu: à peine étaient-ils arrivés à ma hauteur que j'ai leur ai lancé à travers mon masque: " Bonjour tout de même !", sans doute un peu fort puisque la fille a sursauté.
Ma femme pense que j'ai  été excessif et que je dois réparer cet incident. Je vais donc me lever tôt et me cacher derrière le rideau de plantes de la cour. Quand ils sortiront, je n'aurai qu'à émerger avec un air dégagé pour leur présenter mes excuses.

Voilà mon programme pour demain.



Jour 2

J'ai échoué à mettre en oeuvre  mon programme. Quelqu'un m'en a empêché. Ce quelqu'un, c'est un chien, un jeune boxer arrivé depuis peu et qui loge chez le caractériel du rez-de-chaussée. Ce boxer, je cerne mal ses intentions. Quand il m'aperçoit, il se met à l'arrêt, dresse ses moignons d'oreille, et fonce vers moi en tricotant de biais, faisant cliqueter ses griffes sur le pavé. Je ne sais pas s'il est hostile - il n'aboie pas-  mais à son approche  je préfère me dépêcher. Ce matin, ça n'a pas manqué. J'attendais le jeune couple d'hier posté derrière les feuillages quand il a surgi, en grognant cette fois. J'ai couru jusqu'à la porte vitrée que j'ai claqué juste à temps, puisqu'il y a écrasé son museau spongieux, laissant échapper un couinement. En me retournant, j'ai croisé son regard luisant de haine. On ne m'y reprendra plus.


Voilà pour ma journée.


Pour lui, le confinement c'est toute la journée, toute l'année, depuis qu'il est né !

jeudi 26 mars 2020

Micro-trottoir : les Français parlent aux Français !



L'épidémie de Coronavirus et le confinement général mettent la population française sous pression. Les gens ont beau applaudir tous les soirs au balcon le travail et les sacrifices consentis par le personnel soignant et par ceux qui continuent à devoir se rendre sur leur lieu de travail, ils n'en oublient pas pour autant leurs angoisses, leurs petits soucis et les désagréments causés par le relatif enfermement, qu'ils n'hésitent pas à confier à la radio. Idiocratie en a sélectionné quelques-uns pour prodiguer quelques conseils utiles.
Ad Summa
Patrick est un fou d'escalade. Pas un jour sans qu'il ne teste ses limites sur un piton rocheux ou une falaise abrupte. En plein confinement, il s'est fait pincer par la gendarmerie en plein massif corse. C'est sûr que là où il s'adonne à sa passion, Patrick ne risque pas de contaminer grand-monde mais Patrick a tout de même des arguments surprenants : « Je comprends qu'il faille rester chez soi mais je peux pas faire autrement, moi, plaide-t-il au micro de France Info. Enlever l'escalade à un grimpeur, c'est comme retirer sa sucette à un nourrisson. » Tu n'as plus qu'à escalader ton toit et à t'acheter une tétine Patrick.

Cours Forrest !
Pour Axel, garder la forme c'est essentiel. Depuis des années, Axel va courir tous les jours, chaque jour, sans exception. Et c'est pas une pandémie mondiale qui va changer ses habitudes. Alors Axel appelle France Info pour protester : « Moi je trouve ça un peu exagéré quand même. Je n'ai pas de problème avec le confinement. Rester chez moi, ça me pose pas de problème. Tout ce que je demande, c'est de pouvoir sortir une heure par jour pour aller courir. » Axel est un philosophe. On lui recommandera de méditer cette phrase de Jean Cocteau : « Peut-être ceux qui enferment les autres dedans risquent-ils de s’enfermer dehors. » (L'impromptu de Versailles).


L'anxieuse
L'épidémie de Corona angoisse beaucoup Maryse. Elle demande à sa femme de ménage de continuer à venir à la maison mais elle craint la contagion. Alors elle appelle la radio pour se renseigner : « Quand elle vient à la maison, comment je peux être sûre qu'elle se tient toujours à un mètre. Est-ce qu'il faut que j'aille dans une autre pièce ? Et si elle nettoie la pièce ? Et quand je lui ouvre la porte, comment je peux être sûre qu'on est bien à un mètre de distance au moment où j'ouvre ? » Maryse, la seule solution viable est de vous saucissonner dans du film plastique et de vous suspendre au balcon le temps que la femme de ménage fasse son travail. Ne demandez pas en revanche à la femme de ménage de vous décrochez quand elle s'en va, le risque de contagion serait trop grand

L'obsessionel
Pierre est très inquiet. Il n'est pas sûr d'avoir respecté tous les gestes barrières en allant faire ses courses : "Ah un moment j'ai eu envie de me gratter le nez. C'était trop fort, j'ai pas pu résister. Alors je me suis enroulé la main dans la manche pour me gratter sous le nez. Est-ce que je risque quelque chose ?" Le médecin consultant de France Info a eu l'air un peu fatigué par la question de Pierre et ne lui a pas répondu précisément. Nous prenons donc le relais à Idiocratie et conseillons à Pierre de s'enrouler l'autre main dans l'autre manche pour se gratter le cul afin de rétablir la balance entre l'alpha et l'oméga de son être et renforcer ses défenses immunitaires en rétablissant ainsi l'équilibre cosmique. 


Le parano
Karim appelle France Info. Il se pose une question cruciale : « Ca fait dix jours que je vis enfermé chez moi. Est-ce qu'il est dangereux d'ouvrir les fenêtres ? » Oui, tout à fait, le virus circule activement dans l'air. Il est aussi dangereux de parler au téléphone et surtout à la radio car le virus se transmet par la pensée. Il faut donc arrêter de penser. Ca ne devrait pas être trop difficile.




L'écologie avant tout
Lucie se soucie de l'environnement : « Afin d'économiser l'eau, est-ce qu'il est possible de se laver les mains dans une bassine qu'on change une fois ou deux par semaine ? » Bien sûr que oui. On recommande aussi de boire son urine, il paraît que ça auto-immunise.

Le petit chat est mort
Christiane se fait du souci pour le petit chat qui vient la voir à chaque fois qu'elle va entretenir son potager, dans son jardin urbain, à cinq kilomètres de chez elle. « Est-ce que je risque quelque chose si je retourne quand même à mon potager pendant le confinement pour m'occuper du chat ? » Non, Christiane, au contraire. En attendant minuit pour vous rendre à votre potager, attirez le chat avec quelques morceaux de thon puis sacrifiez-le à Belial tout en dansant autour de trois cierges enroulés dans du jambon. Vous obtiendrez ainsi en échange de votre âme une protection garantie contre le virus.


La retraité niçoise
Sa copine qui habite à Carry-le-Rouet lui avait bien dit (et l'avait répété à la radio) : « J'ai bien vu comment ça se passait dans le film Contagion là. » Et Céliane, retraitée niçoise, enrage depuis le début du confinement : « Tous ces gens qui vont se promener et faire leurs courses avec leurs enfants qui sont des porteurs sains. Alors que le gouvernement les paient à rester chez eux grâce au confinement. » Il faut se débarrasser au plus vite de ces gens et de leurs enfants Céliane. Il n'y a pas de raison que d'autres que vous soient payés par l'Etat à ne rien faire et à raconter des conneries à la radio. 



 

mardi 24 mars 2020

Furia Francese ! - par Emile Boutefeu




Nos fusils Lebel,

nos canons de 75,

quelques vers de Béranger

et...Bonjour chez vous M. Coronavirus!





lundi 23 mars 2020

Cinéma Corona (I)


Condamnée, comme un milliard de personnes dans le monde, à supporter les rigueurs d'un contraignant CDI (Confinement à Durée Indéterminée), l'équipe d'Idiocratie a décidé de proposer à ses lecteurs quelques pistes pour se divertir en ces temps difficiles. Voici donc le premier volet de notre chronique « Cinéma Corona », proposant une sélection d'oeuvres qui pourront contribuer, chers lecteurs, à vous changer un peu les idées. Et pour commencer, nous avons la joie de vous présenter notre première sélection :

Virus. (Fukkatsu no hi. Le jour de la résurrection), de Kinji Fukasaku. 1980. 156 mn


Virus était destiné à devenir un succès interplanétaire, un blockbuster nippon capable de concurrencer ses rivaux hollywoodiens et faire entrer le Japon par la grande porte dans l'univers des films catastrophe à grand spectacle, qui connaissent un véritable âge d'or dans les années 1970 et 80 avec des œuvres telles que L'aventure du Poséidon (1972, de Ronald Neame, avec Gene Hackman et Ernest Borgnine), Airport (1970, de Georges Seaton, avec Burt Lancaster), La Tour Infernale (1975, de John Guillermin, avec Steve McQueen) ou le radioactif The China Syndrome (1979, James Bridges, avec l'immortel Jack Lemmon). Virus s'ancre plutôt dans la tradition des films apocalyptiques, aussi bien japonais, comme La submersion du Japon (Nihon Chinbotsu, réalisé en 1973 par Shiro Moritani), qu'américains avec The Andromeda Strain (1971, de Robert Wise, avec James Olson). En conséquence, Virus imagine un scénario dans lequel une horreur bactériologique créée par un généticien américain, répondant au doux nom de MM88 (le virus, pas le généticien), est libérée accidentellement lorsque qu'un avion contenant la boîte de Pandore pas si étanche s'écrase dans les Alpes italiennes. Possédant la terrifiante capacité de démultiplier la toxicité de n'importe quel virus avec lequel elle entre en contact, la souche mortelle fait déferler sur le monde une effroyable pandémie de « grippe italienne » qui éradique l'humanité toute entière en six mois.



Toute entière, ou presque, car en Antarctique, un petit village de 863 scientifiques de nationalités diverses survit à la catastrophe, ainsi que l'équipage d'un sous-marin britannique, le Nereid, qui rejoint les survivants après être parvenu à les contacter par radio. A partir de cette situation de départ, le film développe quelques questionnements intéressants : celui de la cohabitation entre les survivants au sein d’un univers clos et confiné à laquelle s'ajoutent les différences de cultures et de nationalités qui ne tardent pas à être génératrices de tensions. Ces tensions sont d’ailleurs largement aggravées par l’inégale représentation des deux sexes : le groupe de 863 survivants ne comprenant en effet que… 8 femmes, de difficiles questions morales ne tardent pas à se poser. Ainsi, il est nécessaire de repenser complètement l’organisation des relations affectives et sociales ; le problème de la violence et du viol se pose de manière aiguë au sein de cette communauté isolée du reste du monde, avant d'être plus ou moins résolue par le choix de la polygamie, en laissant une relative liberté aux femmes dans le choix de leurs conjoints et partenaire ; une situation qui n'est pas sans rappeler la situation dépeinte par Robert Merle dans son roman inspiré de la mutinerie du HMS Bounty, L'île, publié en 1962 (bien que dans le roman de Merle, on ne laisse pas le loisir aux polynésiennes de choisir leur compagnon britannique).
Un malheur n'arrivant jamais seul, le groupe des rescapés de l’Antarctique doit faire face à la menace d’un nouvel holocauste puisqu’un général américain (une fois de plus...) devenu complètement paranoïaque a activé avant de mourir les systèmes automatiques de défense atomique des Etats-Unis, qui assument désormais seuls mais avec une rigueur tout informatique le maintien de l’équilibre de la terreur et menacent d’utiliser l’arsenal nucléaire de la superpuissance défunte au moindre frémissement de la lithosphère. Virus narre donc l'histoire de ces 863 survivants, confinés en plein milieu de l'Antarctique, vivant sous la constante menace d'un holocauste nucléaire déclenché par des machines bornées, elles-mêmes mises aux commandes de la fin du monde par un Dr. Folamour emporté par la grippe quelques minutes après avoir signé l'arrêt de mort des derniers représentants de l'humanité. C'est une illustration cinématographique radicale de la fameuse loi de Murphy, ou loi de l'emmerdement maximum.

Les survivants, abasourdis par l'acharnement des scénaristes.

Doté d'un budget, à l'époque colossal, aujourd'hui risible, de 16 millions de dollars, Virus fut un échec commercial lui aussi apocalyptique. Le film fut à peine distribué en salle avant d'être vendu directement aux chaînes de télévision dans une version passée à la hache et incompréhensible de 108 minutes, alors que l'original dure 2h36. Il est aujourd'hui tombé dans le domaine public, ce qui nous permet, chers lecteurs de vous proposer ci-dessous cet atypique chef d'oeuvre en version intégrale. A regarder seul ou en famille, confortablement confinés.




Egalement sur The Internet archive.org

samedi 21 mars 2020

Comment je suis devenu fasciste en moins d'une semaine



En fait je l'étais déjà un peu avant. Mais de manière irrégulière, sans trop y accorder d'importance, sans rigueur en somme. Un peu comme le bon Paulhan, l'ex-directeur de la NRF qui avouait, avec une inconstance de maîtresse italienne, n'être « pas fâché qu’il me faille être démocrate le matin, l’après-midi aristocrate et le soir royaliste (ou fasciste, si vous aimez mieux – c’est ici tout un). » Depuis que le confinement a commencé, je m'y suis mis avec sérieux. Je me lève à 4h du matin. Je fais des pompes, je lis, je travaille, je télétravaille, je lis, je fais des pompes, je télétravaille, je travaille et pour me détendre je m'entraîne à la boxe comme un nazi dans la cour. Evidemment, j'ai toujours Julius Evola à portée de main, c'est mon manuel de développement personnel à moi. Mais tout ceci ne suffit cependant pas pour me faire devenir ce que je suis et me faire basculer corps et âme dans le fascisme. Il fallait quelque chose de plus.


  

Hier, il a fallu aller faire des courses. J'avais fait quelques réserves, de quoi passer la semaine, mais à l'annonce du confinement, je n'ai pas procédé comme cette raclure dont la vidéo tourne en ce moment sur Internet et qui filme fièrement les paquets de pâtes, de riz, de semoule, les centaines de boîtes de conserve, de viande, de légumes, de pois chiche et les rangées de bouteille d'huile qui encombrent son appartement de la cuisine au salon en passant par la chambre des gamins. Je lui souhaite avec cordialité de crever d'une occlusion intestinale dans un bain de merde et au milieu de ses paquets de pâtes, comme Piccoli dans La grande bouffe en version Contagion



Je suis donc sorti de chez moi avec cette réjouissante scénette en tête et dans ma poche l'attestation sur l'honneur certifiant bien que je partais faire des courses non loin de chez moi. C'est étonnant ce concept d'attestation sur l'honneur à une époque où la quasi-totalité de la population est devenue parfaitement étrangère à la notion d'honneur. L'attestation sur l'honneur ça aurait pu encore faire foi dans les années 50, 60 à la rigueur mais aujourd'hui comment voulez-vous faire confiance à quelqu'un qui vous tend une « attestation sur l'honneur » et dans la plupart des cas n'a pas la moindre idée de ce que ça peut bien vouloir dire. 

Ce n'est pas grave. Un peu plus de paperasse ou un peu moins, on n'est plus à ça près en France. Si cela peut au moins amener les gens à faire preuve de discipline me dis-je encore en ouvrant la porte de l'immeuble... Le battant de la porte s'ouvre sur une joggeuse qui descend à petite foulée la rue baignée dans la douce luminosité d'un mois de mars déjà printanier. Même le masque qui dissimule une partie de son visage ne parvient pas à ternir l'éclat de ses yeux rieurs et celui de son body zébré de mauve quand elle m'évite d'un souple bond et continue sa course légère sur le trottoir. Un peu plus loin au bout de la rue, je vois quelques promeneurs qui s'avancent, paisibles. Ce que je découvre quand je débouche sur l'artère commerçante – c'est-à dire celle qui comporte une supérette et un Picard – me sidère. Depuis quatre jours, j'ai cru comme un idiot que la France était à l'arrêt. J'ai bien entendu parler ici et là de quelques écarts. J'ai même été plutôt irrité d'entendre Emmanuel Macron faire la leçon aux Français le lundi alors qu'il a laissé les municipales s'organiser le dimanche. Je réintègre soudain la réalité. Celle de la France de 2020. Les joggeurs et les vélos passent en tous sens. La plupart portent des masques, même ceux qui filent sur leurs deux roues. Devant moi une racaille se baguenaude, mains dans les poches, satisfait et conquérant, et largue un mollard épais en plein milieu du trottoir. Trois ados passent bras dessus bras dessous, ipod vissés dans les oreilles, en rigolant. Pas un flic à l'horizon. J'imagine qu'ils ont autre chose à faire. Ils ont en effet sûrement autre chose à faire que contrôler tous ses connards qui prennent le soleil tranquillement en se félicitant d'être en vacances de si bonne heure. 


(Merci à Romaric pour la photo)

Rentré à la maison, j'apprends en écoutant la radio ou en discutant avec quelques parents ou amis au téléphone que dans toute la France, c'est la fête au village. Untel, qui a sa résidence secondaire du côté de la Bretagne sud, a déclaré qu'il irait à la plage parce « qu'on ne va quand même pas se priver de plage à cause du confinement ». Ceux-là organisent des barbecues géants avec leurs potes. Ceux-ci ont dévalisé les masques dans les pharmacies. Celle-là va faire les courses tous les jours mais appelle quand même à la radio pour savoir à quelle distance elle doit se tenir pour ouvrir la porte à la femme de ménage. Et ce n'est même pas la peine d'évoquer les « territoires perdus » où le confinement s'est perdu comme la République dans le triangle des Bermudes du vivre-et-penser-ensemble-comme des porcs. Je repense à ce petit bobo devant moi lundi dernier en train de négocier sa place avec son pote dans le convoi le rapatriant en Province où, peut-être, il pourra aller à la plage parce « c'est pas le confinement qui va nous priver de plage. » 

Le soir venu, je suis surpris par la clameur qui s'élève soudain à l'extérieur : applaudissements, sifflets, cris, il y a même une corne de brume. Tous les gens se massent au balcon à l'appel du #onapplaudit, en hommage au personnel soignant. Ca se passe comme ça dans toute la France, chaque jour à 20h. Si je faisais partie en ce moment du personnel soignant, je serai je crois un peu écoeuré de devoir supporter le soir cet étalage de guimauve aux fenêtres et croiser le matin des joggeurs ou des cycliste le visage barré d'un masque chirurgical. Et je remarque qu'il n'y a pas de hashtag #onapplaudit pour les femmes de ménage, les éboueurs, les caissiers, les caissières et tous ceux à qui ont demande de continuer à assurer le service minimum dans une France qui n'est pas à l'arrêt pour tout le monde. C'est à ce moment-là je crois, en entendant les insupportables piaillements de la bonne conscience festiviste, que je suis devenu pour de bon un bon gros fasciste. Je ne sais pas si je me réveillerai à nouveau démocrate un matin. 





jeudi 19 mars 2020

Limonov is not dead



Poète, voyou, écrivain, mercenaire, dissident, révolutionnaire, etc. Edouard Limonov était tout cela en même temps. Voilà un homme qui ne se satisfaisait d’aucun monde, ni le système concentrationnaire soviétique, ni le régime autoritariste russe, ni le grand hospice occidental, ni la société du festivisme postmoderne. Certains se voilent encore les yeux pour ne pas voir de quel côté il se situait ; son engagement était pourtant clair et il en assumait toutes les conséquences : les persécutions, la prison, l’exil et la surveillance constante. Il présidait le Parti national-bolchévique. Comme son nom l’indique, littéralement : national et bolchévique – un goût de la vieille âme russe dans la bouche tandis que le cœur gronde de colère contre l’abêtissement généralisé par l’argent. S’il avait eu les moyens, il aurait volontiers fait la révolution, et la guerre. Mais il restait au fond de lui-même, par la force des choses, un renégat, un asocial, un punk ! Il s’est volatilisé au moment de l’épidémie du coronavirus, comme une invite à relire son œuvre écrite dans les fossés - voir son Journal d'un raté. En hommage, nous reproduisons la recension de son dernier ouvrage édité en France : Limonov et ses démons. Assurément, il continue sa lutte épique contre les démons, désormais dans l’au-delà.  






Edward Limonov est une personnalité extraordinairement attachante et parfois exaspérante. Comme tous les écrivains en mal d’imagination, il fonde son œuvre sur sa propre vie et inversement. Dans son dernier ouvrage (traduit en français), la couverture résume à elle seule cet angle d’approche puisque le nom de l’auteur s’intègre dans le titre : Edward Limonov Et ses démons. Le premier chapitre poursuit dans la même veine : intitulé « Comment il a commencé à mourir », l’écrivain russe se raconte à travers la grave opération du cerveau qu’il a subi le 15 mars 2016. C’est l’occasion pour lui, à l’âge de 73 ans et dans un style d’une franchise déconcertante, de revenir sur certains épisodes de sa vie, dont le dernier en date. Il décrit, par exemple, avec un humour féroce les institutions hospitalières « euro-fascistes » de la Russie poutinienne et s’en prend régulièrement à la caste de médecins parvenus qui le font patienter des heures durant. Le « grand écrivain » connu internationalement est un russe comme les autres chez lui. 


La prise de puissants médicaments et surtout la peur de la mort qui rôde se traduisent par une multitude de visions dans lesquelles très souvent les démons l’assaillent. Sur la base de prémonitions qui lui ont été faites, Limonov est d’ailleurs persuadé de mourir en 2018. On le découvre alors volontiers spiritualiste, beaucoup plus proche des vieilles traditions chamaniques sibériennes que des rites de l’église orthodoxe. Chemin faisant, il parle également à plusieurs reprises de son Parti, devenu L’Autre Russie depuis l’interdiction du Parti national-bolchévique en 2007. Le Président, comme il se nomme lui-même, s’inquiète de sa succession : dans son proche entourage, peu de personnalités lui semblent à la hauteur – ses amis apprécieront. Des années de résistance et de persécution ont épuisé les militants, même les plus aguerris. Les intellectuels du Parti ont fini par emprunter des chemins moins périlleux. Dans un style bravache, Limonov rappelle que lui est resté un radical. Et on le croit bien volontiers : c’est littéralement un punk de la politique ! Un peu moins engagé dans l’opposition à Poutine, il n’en reste pas moins une cible du pouvoir, comme le rappellent les nombreuses menaces dont il fait l’objet.



Enfin, l’ouvrage est aussi une déambulation dans la vie passée et présente de Limonov : les aventures particulièrement érotiques avec sa maîtresse Fifi, les réminiscences familiales, le souvenir de la grande aventure du Haut-Altaï (pour laquelle il a été condamné à quatre années de prison), les rapports fraternels avec ses gardes du corps, etc. La dernière partie renoue avec l’actualité immédiate : en effet, Limonov revient sur le conflit du Donbass et explique comment des dizaines de membres du Parti sont partis combattre à la frontière ukrainienne. Une nouvelle fois déçu, il se rend compte rapidement que ces mercenaires ne parviendront pas à créer des bataillons représentatifs de L’Autre Russie. On sourit de la naïveté du « Président », comme si les troupes russes entrées illégalement sur le territoire du Donbass n’allaient pas encadrer rigoureusement ces quelques électrons libres.  

Au final, Et ses démons reste un beau roman autobiographique. Le monstrueux égocentrisme de Limonov finit même par se dilater avec l’approche de la mort. L’auteur regarde alors avec un brin de nostalgie et une grande lucidité le chemin parcouru. Qu’en restera-t-il à la fin ? Pas grand-chose, c’est le lot de toutes les vies, des plus célèbres aux plus anecdotiques. 
         
         « L’appartement lui paru étranger. Lorsqu’il eut refermé la porte derrière les gardes du corps, il explora soigneusement les deux pièces, la grande et la bibliothèque. Il s’assit en silence dans les fauteuils noirs et s’arrêta devant les tableaux. Il en vint à penser qu’après sa mort, tout cela serait ramassé et jeté au diable, sauf peut-être deux ou trois toiles à l’huile, pour peu que la personne chargée d’effacer les dernières traces de son existence s’avise qu’un tableau, on peut le vendre. » (p. 41.)





dimanche 15 mars 2020

Mesures d'urgence à adopter après l'épidémie de Covid-19



Ca y est. Nous y sommes, en plein milieu de l'épidémie de Coronavirus, nouveau fléau venu d'Asie après le SRAS, la peste noire, la perche à selfie et GangnamStyle (3 543 988 873 d'infectés à travers le monde selon Youtube). Tout le monde prenait ça à la légère au départ, y compris l'OMS qui ne voyait pas de raison de se mettre la rate au court-bouillon pour si peu ou les pouvoirs publics en France qui ne voyait pas de raison d'annuler le match entre l'Olympique Lyonnais et la Juventus de Turin le 26 février. On le sait, le foot c'est sacré. Interdiction de se réunir sauf pour les supporters parisiens dont la connerie, faut-il le rappeler, est particulièrement transmissible. Enfin, maintenant c'est fini, tout le monde arrête de déconner. Les rebelles qui continuaient à se faire ostensiblement la bise se sont mis au jeté de coudes, comme tout le monde. L'OMS s'arrête de n'avoir servi à rien et le gouvernement a annoncé la fermeture des écoles, des commerces, des restaurants, des cafés, des discothèques et l'annulation de tous les événements et rassemblements sauf les élections municipales évidemment ; il faut tout de même que le divertissement politique occupe un peu les esprits chagrins de ce dimanche confiné : Edouard Philippe au Havre, Hidalgo ou Dati à Paris, Collomb à Lyon, Juppé à Bordeaux – pas de doute, les mairies ont pris la mesure de la pandémie. Il y a cause nationale et Cause Nationale. Désormais, c'est la psychose, l'anxiété et le règne du principe de précaution. Vous êtes tous invités à rester chez vous et à adopter les mesures qui s'imposent : vous laver les mains ; mais aussi ; vous laver les mains, sans oublier de : VOUS LAVER LES MAINS, en ajoutant qu'il faut absolument penser à vous laver les mains et, si ça ne suffit pas, à vous laver les mains encore et encore, jusqu'à ce que des écailles de poisson finissent par pousser sur votre peau blanchie et fripée. Néanmoins, si vous êtes atterré par la perspective de cohabiter avec les gosses 7j/7 et 24h/24 pendant trois semaines parce que la crèche/l'école/le collège/le lycée a fermé ou que vous êtes déprimé parce que vous vous retrouvez au chômage technique, la période qui suivra sera très riche en opportunités, naturellement si vous êtes encore là ! Il faudra seulement être malin et savoir les saisir pour surfer sur la vague de la post-apocalypse. Tour d'horizon des mesures d'urgences à adopter après la fin de l'épidémie.

1)    Vous êtes prof

Vous avez sauté de joie à l'idée de ne plus revoir vos sales morveux (enfin ceux des autres, ce qui est bien pire) pendant trois semaines ? Vous avez rapidement déchanté en passant vos journées à composer des cours et des devoirs en ligne tout en tâchant de vous occuper de vos propres morveux tandis que les gens vous méprisaient encore plus que d'habitude en vous traitant de sale feignasse ? L'heure de la vengeance sonnera bientôt ! Pendant que vous trimiez à taper tous vos cours ou à essayer de comprendre comment fonctionne la plateforme de cours en vidéo et à distance de l'Education nationale, à laquelle personne ne se connecte de toute façon, vos élèves auront passé cinq semaines (en comptant les vacances scolaires) A NE RIEN FOUTRE. Vous pouvez être sûr que la plupart n'auront même pas daigné ouvrir les jolis récapitulatifs de cours placés semaine après semaine sur « l'environnement numérique » de votre bahut. Quant à vos rares tentatives vidéos de cours en ligne, vous pouvez être sûr qu'elle auront moins de succès que les films coquins de Benjamin Griveaux. Mais ces petites enflures de porteurs sains qui vous ont refilé le Corona juste avant la fermeture de votre établissement vont rapidement déchanter quand 1) ils vont s'apercevoir que vous êtes toujours vivant, 2) ils vont découvrir le devoir sur table coefficient 15 portant sur des chapitres du cours dont ils n'ont jamais entendu parler. Ce sera à votre tour de rigoler, pas trop fort tout de même afin d'éviter une quinte de toux fatale.

2)    Vous êtes restaurateur ou patron de bar

Cette fois c'est la fin. Vous avez monté un commerce en octobre 2018 mais vous avez réussi à survivre aux Gilets Jaunes et aux grèves des transports sans mettre la clé sous la porte et vous repreniez doucement espoir jusqu'à l'arrivée de ce foutu virus qui va à coup sûr mettre par terre votre gargote. Détrompez-vous ! Durant tout le temps que durera l'épidémie, vous n'allez pas être à la fête mais pensez déjà à l'après ! Pensez à tous ces abrutis rendus fous de frustration par trois semaines sans pouvoir déblatérer de conneries au comptoir et farcir les oreilles du serveur avec leurs analyses politiques foireuses. Imaginez les hordes d'étudiants en école de commerce se ruant la bave aux lèvres sur le premier débit de boisson à rouvrir pour vider des tonneaux de bière en braillant Les lacs du Connemara à tue-tête jusqu'à trois heures du matin. Figurez-vous les hordes de pouffes et de kakous en rut qui vont s'entasser dans les boîtes pour suer leur Vodka orange à dix balles sur toutes les pistes de danse de l'hexagone et de l'outre-mer. Au lieu de pleurnicher sur votre comptoir comme Florence Foresti aux Césars, vous devriez déjà être en train de commander de la bière par camions entiers pour inonder votre clientèle de Coronarita, Corona Sunrise, Corona Sunset et tous les cocktails que vous pouvez imaginer à base de Corona, qui couleront à flot lors de la CORONA FUCKING FIESTA organisée dès la réouverture du bar ! Dès la fin de l'épidémie, le festivisme inconscient et irresponsables reprendra ses droits. Les gens auront soif de débauche, de sexe et de teuf jusqu'à plus d'heure et surtout ils auront SOIF ! Préparez-vous sans attendre pour l'interminable fête de fin de quarantaine et les cohortes de soirées « Covid-toi la tête », « Corona No More » et « Virus Party » qui se succéderont jusqu'à la prochaine pandémie ou catastrophe mondiale. Les affaires vont vite reprendre et vous aurez le temps de vous faire assez de pognon pour pouvoir envisager une retraite précipitée, à l'abri sur une île paradisiaque quand les choses sérieuses commenceront vraiment !


3)    Vous faites partie du personnel hospitalier

Autant ne pas se le cacher, vous n'allez pas être à la fête ces prochains jours. Il suffit de faire un peu de maths niveau CE1 pour deviner qu'un virus avec un taux de mortalité de 2 ou 3% et une période d'incubation aussi longue n'a pas infecté 10000 personnes en France mais certainement dix fois plus. Les choses sérieuses vont commencer quand tous ceux qui bombaient le torse et faisaient les malins vont se précipiter à l'hôpital à la moindre toux par paquets de mille en pleurnichant pour être pris en charge alors que vous aurez des cas bien plus graves sur les bras à gérer. Mais il faut voir le bon côté des choses. On a pas si souvent l'occasion de devenir des héros. Quand cette foutue épidémie sera passée et que vous aurez dormi trois jours d'affilée pour rattraper les heures de sommeil perdues, vous serez les rois des soirées, votre conjoint ou votre conjointe vous regardera avec des yeux humides d'admiration, on vous paiera sans arrêt des coups dans les bars et c'est tout un peuple de labradors reconnaissants qui sera à vos pieds pour le restant de votre vie, enfin disons au moins les six ou sept semaines qui suivront, le temps que les gens oublient et se remettent à se plaindre et à traiter les autres comme de la merde ce qui ne prend pas très longtemps en général. Et puis vous aurez accumulé un paquet d'heures sup et le gouvernement consentira certainement à faire enfin un geste envers le secteur hospitalier et les personnels de santé, eut égard aux services rendus à la nation. Ils ne mentiraient quand même pas dans de telles circonstances non ?

4)    Vous êtes journaliste à BFMTV

Pour vous c'est la fête qui commence dès maintenant. Après avoir couvert avec le professionnalisme et l'impartialité qu'on vous connaît les dernières crises sociales et déroulé les sujets larmoyants sur les pauvres hommes politiques menacés dans leur vie privée par les méchants réseaux sociaux et le méchant Internet, vous allez pouvoir continuer à terrifier la population avec un décompte des morts minute par minute, convoquer sur les plateaux toujours plus d'experts improbables qui se contrediront tous ou seront unanimes pour affirmer qu'une épidémie c'est difficile à contrôler ou que quand on voit ce qu'ils ont fait en Chine ben on se dit que la dictature c'est pas si mal après tout. Les prochaines semaines vont être l'occasion d'écrire un nouveau et glorieux chapitre du grand livre de la coprophagie médiatique, de faire peur, de faire pleurer, de semer le doute, la panique et la confusion tout en répétant inlassablement qu'il faut bien sûr se garder de diffuser la psychose dans la population. Malheureusement, l'épidémie finira par se calmer et il faudra trouver un nouveau sujet pour alimenter le journalisme à grand spectacle mais rassurez-vous, le monde n'est jamais avare de tragédies à aller renifler, vous ne manquerez jamais de travail.

5)    Stagiaire à BFMTV

Vous voulez « devenir reportaire de térin » depuis que vous êtes tous petit. Voilà c'est l'occasion, l'épreuve du feu est là. Vous allez pouvoir passer des heures à vous les geler devant les bureaux de vote quasi vides, ou interroger des commerçants qui vous répéteront vingt fois qu'ils espèrent bien que le gouvernement va les aider avant d'aller attraper le Corona dans le hall d'un hôpital où votre chaîne vous aura dépêché pour aller récolter un peu de larmes, de peur et de fatigue pour les heures de grande écoute et pour qu'Alain Duhamel puisse pontifier à loisir. Mais ne perdez pas espoir. Avec de la chance, le virus fera peut-être un peu le ménage dans la rédaction et vous pourrez espérer vous hissez du col pour faire un jour autre chose que des sujets de merde sur l'annulation des Comices agricoles du Neubourg (Eure) à cause du Corona. Un jour peut-être vous deviendrez Alain Duhamel à la place d'Alain Duhamel.

6)    Vous êtes trader

Allez vous faire foutre. Avant l'épidémie. Pendant l'épidémie. Après l'épidémie. 

7)    Vous êtes Président de la République

Dur dur hein ? Hier les grèves, avant-hier les Gilets Jaunes et aujourd'hui : ça. Mais au moins vous avez enfin LA crise nationale qui forge un président, qui lui donne sa stature. François Hollande avait eu les attentats et le Mali, vous avez le Coronavirus. Vous pouvez parler à la télé en prenant un air grave et en appelant à l'unité nationale sans rien promettre d'autre que du sang et des larmes pour les semaines à venir. Ca change des promesses à répéter et des finasseries médiocres pour essayer de passer entre les mailles de la crise sociale et espérer être réélu en 2022. Bon c'est sûr au début de la crise, tout le monde a un peu merdé, y compris vous. Mais quelques dizaines de milliers de morts plus tard, tout sera rentré dans l’ordre, non ? Et vous serez celui qui a affronté le désastre, gardé la tête froide, dont la main n'a pas tremblé avant de prendre les décisions douloureuses. Evidemment, vous et votre gouvernement avez complètement sous-estimé la gravité de l'épidémie quand elle a commencé, avant de brutalement basculer dans la psychose totale quand vous vous êtes rendus compte que ça sentait vraiment le sapin et que l'Italie s'était transformé en unité de soins intensifs à ciel ouvert mais vous pourrez toujours demander aux copains de BFMTV cités plus haut de mitonner un petit storytelling sexy pour montrer à la population que vous avez été, êtes et serez toujours le chef d'Etat à la hauteur. 


     8) Vous faites partie du gouvernement

Ne nous cachons pas la vérité : cette gestion de crise a été si merdique de haut en bas qu'elle laissera peut-être une nouvelle expression dans le parler populaire. On ne dira plus "tu as vraiment merdé" mais "tu as macroné sévère". Entre cette évaporée de Buzyn qui vient tranquillement de dégoupiller une grenade et de la jeter au milieu de la majorité, le cafouillage ridicule avec Blanquer sur la fermeture des écoles, l'incompréhensible maintien du premier tour des municipales ou l'affaire regrettable du traitement à la Chloroquine, écarté tout d'abord avec morgue par les experts qui n'ont même pas la décence de regarder leurs pompes maintenant que le ministère de la santé a fini par admettre que ça marchait, toute la Macronie du sol au plafond semble infectée par le virus de la connerie la plus lourde, le Conarovirus puissance 19. Vous pouvez prier pour que ça se tasse en sortie de crise mais franchement il y a peu de chances. Cette fois ça c'est vu. Manu est peut-être toujours aussi exalté et plane au-dessus du champ de bataille de sa guerre sanitaire, shooté au lyrisme médical et à la solidarité européenne mais vous savez vous quelle sera la première mesure d'urgence à prendre dès la fin de ce foutu confinement : prendre un aller simple pour quitter la France assez vite avant que ça commence à macroner vraiment dur et que la tempête de merde ne s'abatte aussi sur vous. Vous pourriez vous mettre en coloc avec Valls à Barcelone. C'est sympa comme ville et on dit qu'il a encore un peu de place dans son équipe de campagne. Histoire de vous faire oublier et d'aller macroner un peu chez les autres pour changer.

     9) Vous êtes homme/femme politique dans l'opposition

Quand vous avez été consulté sur l'éventualité de reporter les élections municipales, vous avez chouiné comme vous savez si bien le faire et hurlé au fascisme et à la confiscation de la démocratie. Quand le premier tour des élections a eu lieu vous avez chouiné comme vous savez si bien le faire à propos de l'irresponsabilité du gouvernement et de l'absence de respect des normes sanitaires. L'épidémie ou la fin de l'épidémie, ça ne changera pas grand-chose pour vous. Vous continuerez à chouiner comme vous savez si bien le faire et vous indigner en fonction d'intérêts purement électoraux et de calculs politiciens. Par contre, l'épidémie finie, vous serez moins serrés sur les plateaux TV qui n'obligeront plus leurs invités à se tenir à un mètre les uns des autres. Et le restau de l'Assemblée ou du Sénat réouvrira ses portes. Pas trop tôt, les plats préparés ça va bien cinq minutes et le traiteur ne livre plus depuis une semaine.