Jour
1
J'ai
un problème avec les habitants du bâtiment A. Surtout avec un jeune
couple qui, visiblement, ne me salue que de mauvaise grâce, au
dernier moment, quand il n'a plus le choix. Ce matin, je les ai bien
eu: à peine étaient-ils arrivés à ma hauteur que j'ai leur ai
lancé à travers mon masque: " Bonjour tout de même !",
sans doute un peu fort puisque la fille a sursauté.
Ma
femme pense que j'ai été excessif et que je dois réparer cet
incident. Je vais donc me lever tôt et me cacher derrière le rideau
de plantes de la cour. Quand ils sortiront, je n'aurai
qu'à émerger avec un air dégagé pour leur présenter
mes excuses.
Voilà mon programme pour demain.
Jour
2
J'ai
échoué à mettre en oeuvre mon programme. Quelqu'un m'en a
empêché. Ce quelqu'un, c'est un chien, un jeune boxer arrivé
depuis peu et qui loge chez le caractériel du rez-de-chaussée. Ce
boxer, je cerne mal ses intentions. Quand il m'aperçoit, il se met à
l'arrêt, dresse ses moignons d'oreille, et fonce vers moi en
tricotant de biais, faisant cliqueter ses griffes sur le pavé. Je ne
sais pas s'il est hostile - il n'aboie pas- mais à son
approche je préfère me dépêcher. Ce matin, ça n'a pas
manqué. J'attendais le jeune couple d'hier posté derrière les
feuillages quand il a surgi, en grognant cette fois. J'ai couru
jusqu'à la porte vitrée que j'ai claqué juste à temps, puisqu'il
y a écrasé son museau spongieux, laissant échapper un couinement.
En me retournant, j'ai croisé son regard luisant de haine. On ne m'y
reprendra plus.
Voilà pour ma journée.
Pour lui, le confinement c'est toute la journée, toute l'année, depuis qu'il est né !
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