jeudi 21 mai 2020

"Journal désinvolte" de Luc-Olivier d'Algange (V)





  
Le réel n'existe pas

Nul n’est moins au fait du réel qu’un «  réaliste  ».
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Lorsqu’elle sera transformée en Mosquée, sans doute n’aurons-nous pas longtemps à attendre une résolution de l’UNESCO qui nous expliquera que, naguère nommé «  Basilique Saint-Denis  » on ne sait pourquoi, cet édifice, et de qu’il contient, n’eut jamais aucun rapport avec nos Rois, le Catholicisme et la France.

Familiarité

La seule question qui ne déroge point à la politesse élémentaire  : «   Que voulez-vous boire ? » Toutes les autres ont ce caractère administratif, inquisitorial, policier ou potinier, - plus odieux encore lorsqu’il tutoie. Sauf à cultiver de justes et heureuses distances, les hommes se haïssent et s’entretuent. Evitons, les uns les autres, de trop nous ressembler et de trop nous rassembler.





Avoir libre cours

Les bonheurs, comme les malheurs, sont inattendus, - et l’on perd un temps précieux à attendre les uns et à craindre les autres. La grande et savoureuse présence au présent n’est pas l’oubli du passé ni la négation de l’avenir,- ce voyage, cette toute-possibilité qui nous vient en vagues depuis l’horizon, - mais leur libre cours dans notre âme.
Se hausser à ce que nous dit notre langue dans cette expression magnifique «avoir libre cours  ».


Les vaincus

Ceux-là qui ignorent le mal en eux le créent dans le monde.
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La jalousie entre alliés est la force majeure de l’Ennemi et le principe de toutes nos défaites. Ceux qui se jalousent sont déjà vaincus.


La disparition du Verbe

Nous mesurons mal à quel point, avec l’avilissement et la destruction de la langue française, l’intelligence commune se dégrade. Le désastre est sûr lorsqu’il n’est plus envisagé. L’appauvrissement du vocabulaire correspond à un appauvrissement du monde sensible  : voici non plus les cathédrales, les rues profuses, les forêts, les rivières de la langue française, mais des lotissements et centres commerciaux de vocables désaffectés.
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Par surcroît, une idéologie diffuse, «  anti-logocratique  », tient les esprits en son pouvoir, les contraignant à cette niaiserie mortelle qui souhaiterait qu’il n’y n’eût aucune distance entre la vérité des mots et l’essence des choses  ; coupant court à toute parole qui ne serait pas un mot d’ordre d’idéologue ou de publicitaire. Nous perdons, ainsi, quelque chose comme l’usage de nos mains, de nos jambes et de nos yeux. Nous ne pouvons plus saisir, ni choisir, les choses qui ont des noms. Le paysage, uniformisé, planifié, se dérobe à notre promenade  ; nos yeux ne voient plus ce qu’ils ne peuvent nommer ni décrire. Le réel et l’imaginaire s’effacent avec ces instances  souveraines du Logos - qui furent, depuis Homère, et même bien avant, les grandes pourvoyeuses de nos ivresses. 




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