Nous reprenons un article de Rémi Lélian, publié sur le site de Première nouvelle (https://premierenouvelle.substack.com/p/le-prince-contre-ce-monde), pour dire tout notre "admiration" à un écrivain qui fouille dans la terre des morts pour y dénicher les raisons d’alimenter son narcissisme effarant et d’exposer ses idées politiques délirantes – à ce niveau de bêtise gauchiste, il est difficile de ne pas esquisser un sourire.
De son livre, Les Derniers Jours du parti socialiste, Aurélien Bellanger dit qu’il s’agit d’un long tweet destiné à « faire mal et à infliger le plus de dommages possibles » (sic) à ses nouveaux « ennemis » (re-sic), les partisans d’une gauche laïque accusée de trahir la gauche en la phagocytant. En cela, il résume à merveille la nature de son livre, sorte de lettre de délation adressée aux autorités morales de son propre milieu socio-culturel à laquelle le nom de roman tient lieu de masque afin de la maquiller en brûlot politique. Mais ça n’est rien qu’un long tweet haineux, c’est-à-dire la forme d’expression la plus basse que notre époque, moralement en pleine déchéance, a pu produire pour l’instant. Un long tweet haineux, un crachat donc à destination du Printemps Républicain et de ceux que Bellanger lui assimile sous des noms transparents derrière lesquels on reconnait Enthoven, Fourest, Val, Onfray et, naturellement, le fondateur dudit Printemps, Laurent Bouvet.
On ne débattra pas ici de l’authenticité de ce que Bellanger raconte puisqu’il agite le joker de la fiction pour désarmer ceux qui pourraient à bon droit se sentir calomniés. On remarquera en revanche que le nom de roman est présomptueux à l’égard de cette littérature prétexte qui ne fait même pas l’effort du romanesque. Là où Houellebecq, son ancien maître, s’efforce de dériver notre réalité pour y inscrire des alternatives présentées sous la forme du destin, Bellanger se contente d’y insérer brutalement ses propres obsessions ; en l’occurrence celle d’un prétendu complot « raciste », organisé par ceux qui défendent un idéal laïc jugé par notre « romancier » insuffisamment inclusif – comprendre, en gros, tous ceux qui ne réduisent pas les arabes à des musulmans susceptibles qu’il faudrait cajoler.
Ni véritable histoire contrefactuelle, ni personnages profonds et complexes ne se rencontrent dans ce pavé simplement voué à dénoncer et à désigner l’ennemi grâce auquel Bellanger tente de définir l’identité de sa gauche à lui, « indigéniste » forcément, et dont la légitimité, auto-référentielle, consiste à être la bonne, la vraie, la seule gauche qui puisse exister parce qu’elle seule en possède le droit, les autres étant « racistes » et, de gré ou de force, les fourriers de l’extrême droite.
On parle souvent de gramscisme de droite, Bellanger y revient d’ailleurs tout au long de son livre pour en accuser ses cibles, mais il faudra aussi, un jour, s’interroger sur cette gauche schmittienne qui, comme le philosophe encarté chez les nazis Carl Schmitt, circonscrit l’horizon de la politique à la figure de l’ennemi. On sait les dangers de ce genre de conception politique quand s’y mêle l’eschatologie dévoyée de ceux qui croient se purifier au travers de leur haine de l’ennemi : l’anéantissement. En littérature, cela donne un roman médiocre et dénué d’ambiguïtés, narcissique et moralement douteux, une sorte de long tweet débile et haineux.
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