Un
sourire interminablement béant barre le visage aux traits dilatés
par l'extase photogénique. Rieurs et vides, les yeux écarquillés
par le bonheur surjoué ouvrent dans ce masque jouissant deux autres
béances au fond desquelles une lueur de joie feinte laisse à peine
deviner le faible clapotis de l'âme.
La
tête est inclinée vers l'arrière, la gorge découverte déglutit
la joie avec force. Le râtelier saillant de dents immaculées rend
par contraste immense la caverne de la bouche, distendue par cet
effort démesuré pour convaincre qu'il faut jouir. Cette femme ne sourit
pas, elle est en train de braire.
Photographiée
à mi-hanche, vêtue d'un petit débardeur rouge mettant de manière
réglementaire en valeur un décolleté approprié, elle tient
presque les mains jointes devant elle, secouée par la crise
d'hilarité silencieuse, figée par cette joie de papier glacé dans
une posture de mante religieuse, avide de dévorer l'existence à
pleine dent.
Sur l'affiche publicitaire, une enseigne de grande distribution vante en lettres
de sang les mérites culinaires d'une bolognaise à 3€50.
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