Les Idiocrates aiment la farce mais
de mauvais goût, potache, sinistre, brutale, médiévale, calomnieuse,
scandaleuse, décourageante pour les meilleures volontés; la farce qui salit,
souille les justes causes comme les bonnes réputations; la farce qui nous entraîne,
sans retour possible, loin, très loin de toute velléité d'humour bon enfant. À
cet esprit farceur, Idiocratie dédie cette nouvelle rubrique.
" Ah, les
femmes ! Ils s’en donnent à coeur joie avec elles ! Les femmes, les
filles, ça se traite n’importe comment, à la cravache. Dans les salons
bourgeois du magazine, ils organisent de bonnes farces quand il n’y a pas de
« Patron » en vue : des concours dans son bureau. C’est à qui
mettra le moins de temps à déshabiller une fille, sous prétexte de la
photographier. Le sujet ? N’importe qui : une demoiselle du seizième
racolée dans la rue, un mannequin convoqué par téléphone, ou une dame errant
dans les couloirs avec une lettre de recommandation. On lui dit :
« Vous allez faire la couverture ». Et la personne se retrouve seule
avec un garçon appareil au poing, les autres regardant par le trou de la
serrure. C’est très professionnel : « Clic, clac, clic, clac. »
Soudain, l’opérateur ordonne : « Enlevez votre blouse »,
puis, : « Enlevez votre soutien gorge, puis : « Enlevez
votre culotte . »Aucune n’a jamais refusé, ne s’est même avisée qu’il
n’y a pas de nu dans l’honorable magazine des familles. On arrive même, en
arguant de raisons techniques, à leur faire prendre des poses obscènes, à
mesurer leurs parties les plus intimes avec un crayon. Le recordman de la
rapidité est un Napolitain qui a, comme au bonneteau, le tour de main
parfait : à peine trois minutes pour toute l’affaire. "
Lucien Bodard, La chasse à l’ours
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