lundi 18 mars 2024

Ciné-prestige : The Mufti


 

The Mufti

de Uwe Boll (2021)

Avec Ryan Gosling, Dwayne « The Rock » Johnson. Kate Beckinsale.

Durée : 2h57

 


 

« C'est un personnage très controversé mais en même temps, plein de contradictions, beaucoup plus complexe que la caricature que l'on en présente habituellement », confie Uwe Boll à propos de Mohammed Amin al-Husseini, grand Mufti de Jérusalem de 1921 à 1937 et premier président de la Palestine de 1948 à 1959. Le cinéaste allemand, surnommé « Master of Error » par les journaux américains, est pourtant un habitué des sujets qui choquent, après Postal, 2007, comédie impertinente inspirée par les attentats du 11 septembre, ou BloodRayne : le Troisième Reich, sorti en 2011 et inspiré de la série de jeux vidéos du même nom. Cette fois pourtant, avec Mohamed Amin al-Husseini, Uwe Boll admet avoir choisi un sujet brûlant. « C'est vrai que le mec a été un peu extrême. Il a toujours voulu foutre les juifs à la mer, c'est vrai qu'il a toujours eu du mal avec eux. Il a appelé à organiser quelques pogroms et, bon, c'est vrai aussi qu'il a fait alliance avec les nazis et a conseillé Hitler pour la Solution Finale mais il faut voir plus loin. Le mec est plus complexe, plus torturé, plus intéressant que ça. On fait tous des erreurs et je pense que réduire Mohammed al-Husseini à ses erreurs de jeunesse, c'est verser dans la caricature et c'est, encore une fois, ouvrir la voie à la stigmatisation des musulmans, il faut arrêter avec ça. C'est pour ça que j'ai voulu faire The Mufti, c'est un film militant. »

Même animé des meilleures intentions du monde, Uwe Boll a eu du mal à convaincre les producteurs. Comme d'habitude, Hollywood a fait la sourde oreille et le cinéaste s'est heurté aux préjugés. Heureusement, Uwe Boll, récemment converti à l'Islam, n'est pas homme à renoncer et il a su convaincre les bonnes personnes. « Personne ne voulait en entendre parler, surtout quand je disais que le film présenterait un point de vue sans concession sur la guerre de 1948 et le rôle qu'al-Husseini y a joué. Moi je pense qu'on a dit beaucoup de conneries à son sujet et qu'en fait c'était un homme de paix. Il aimait pas les juifs et il était un peu nazi, OK, mais c'était un homme pieux et un homme de paix. Wallah. Quand j'ai rencontré Ryan au cours d'une beuv... d'un séminaire à Los Angeles, je me suis dit : 'putain mais al-Husseini c'est lui !' Il a tout de suite accroché au projet. C'était dingue. C'était le Mektoub, parole, c'était la volonté d'Allah. » Les rumeurs les plus perfides vont bon train cependant, accusant Ryan Gosling d'avoir un peu trop forcé sur la caïpirinha ce soir-là et Uwe Boll d'avoir profité du moment pour lui faire signer un contrat que l'acteur canadien aurait dénoncé le lendemain-même comme « une énorme connerie », avant d'apprendre qu'il était rejoint au casting par Dwayne « The Rock » Johnson, endossant le rôle de David Ben Gourion, premier président de l'État d'Israël, et par Kate Beckinsale, qui prêtera ses traits à la philosophe Hannah Arendt, dont Uwe Boll a imaginé qu'elle avait noué une relation sentimentale avec le grand Mufti al-Husseini pendant la première guerre israélo-arabe. Un amour impossible bien sûr, qu'Uwe Boll a tenu à intégrer à l'histoire pour « avoir une occasion supplémentaire de dénoncer les préjugés ». Mais comme d'habitude, le cinéaste allemand a laissé la part belle à l'action avec quelques belles phases de combat, en particulier celui, très impressionnant, opposant, sur le dôme de la Mosquée d'Al-Aqsa, Mohammed Amin al-Husseini à David Ben Gourion, pour empêcher ce dernier de proclamer l'indépendance d'Israël. On reproche déjà à Uwe Boll d'avoir signé avec The Mufti un brûlot qui irait trop loin. Il le revendique, comme il revendique la proximité avec son personnage principal : « Lui et moi finalement, on est pareils, on se fait pas que des amis parce qu'on fait pas de compromis, nardinamouk. Mais Mohamed, il s'en foutait bien de déplaire et moi aussi. Comme je dis toujours : si les gens me détestent, ils me détestent, nardin'bebek. »

 




 

 

 

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