Après le Maire de Province,
Alain Soral et L'intégriste, voici un quatrième portrait imaginaire que l'on aurait pu intituler "Pinault, simple riche". Comme leur nom l'indique, ces portraits sont fruits de
l'imagination et n'ont d'autre prétention que de mettre en lumière les
archétypes représentés par les figures humaines, médiatiques ou
politiques qui leur tiennent lieu de prétextes.
Il
possède déjà la puissance et sous son front haut, en même temps qu’un regard de
requin, se dessine depuis longtemps déjà le sourire des idiots. Molière en son
temps l’aurait croqué d’un trait et le sobriquet sous lequel nous l’envisageons
ici donnerait son titre à une de ses pièces : « Un milliardaire amateur d’art ». En lui se mêle
l’arriviste et le peuple ; s’il a le talent du premier, il ne possède pas
l’humilité qui fait les meilleurs côtés du second et c’est sous son air
revanchard qu’on retrouve mieux le peuple, quand il devient foule et s’ébat
dans ses jours de colère. Humilié dans son jeune âge par les professeurs, il en
garde rancœur et c’est tel un sabreur acharné qu’il a conquis un monde qui ne
voulait pas de lui, jusqu’à le soumettre à sa botte comme pour lui rendre la
monnaie de sa pièce et montrer à ses anciens instituteurs qu’il a bien compris
la leçon et qu’à force de le considérer tel un moins que rien il a su néanmoins
devenir plus qu’eux tous !
Malgré tout perdure dans sa
psychologie, alors qu’il tient dans sa main le monde, une faille que l’on
retrouve seulement chez ceux que l’on a trop rabaissés : la conviction de
n’être pas véritablement l’égal de ces gens qu’il domine et dont il a soumis
l’univers en en violant l’entrée. Il n’est pas né dans leur grand palais, et de
sa famille paysanne il garde un souvenir en forme de cicatrice qui le marque
comme une étoile jaune. Proche du pouvoir, rien n’y fait, la boue bretonne
crotte toujours ses chaussures et son culot, qui a construit sa fortune, sent
le cidre plus que le champagne. Quoiqu’on dise, en France, les affaires
respirent un peu la sueur, et si l’on craint les grands patrons, on ne les
respecte pas moins qu’on ne les méprise. La finance est sale, il faut avoir
l’air propre, et l’air seulement suffit, pour briller ici…
Aussi pour sortir de sa condition de
parvenu et gagner ses lettres de noblesses, il a dû pénétrer le milieu des
princes modernes, celui de l’art. Débaroulant comme un bulldozer, à la fin du
siècle passé, dans le dépotoir de l’art contemporain, gageant de la valeur
esthétique de ce dernier puisque lui, le plouc, n’y comprenait rien, et que
tous s’en émerveillaient, il a bâti un nouvel empire, en se fabriquant, à
l’aide de son immense richesse, la plus grande collection d’horreurs modernes
sur cette terre ! Ramassis infâme d’installation sordides et de tableaux
atroces ; sa seule excuse quant à l’improbable mauvais goût de ses
acquisitions, c’est qu’en art contemporain c’est l’unique goût qui soit !
Quelque part a-t-il eu du nez et, posant devant une des ses ridicules
sculptures à l’instar d’un pécheur photographié avec le
thon gigantesque qu’il vient juste de ramener de sa pêche, il est devenu, après
l’âpre homme d’affaire, l’esthète qui sera enfin accepté de l’élite. Cependant,
Beaubourg n’est pas le Louvre, et la noblesse a disparu depuis longtemps pour
laisser place à la bourgeoisie ─ cette caste de paysans honteux reconvertis
dans la vulgarité ─, et puis sa collection non plus n’est pas la collection
Winthrop ni un bol vide un Moreau…
Je trouve ce portrait très dur et plutôt à côté de la plaque. Pour moi Pinault est un grand capitaine d'industrie qui a su monter l'échelle à force de travail, de prise de risque etc...vous ne parlez pas de son talent pour les affaires qui est tout de même sa principale qualité. On a l'impression que dans votre portrait, chez lui, tout n'est que déterminisme, alors que son talent personnel joue beaucoup. Sur le marché de l'art, vous vous trompez lourdement, il faut encore y voir son génie des affaires sachant que c'est lui qui fait le marché, il suffit qu'il achète un artiste pour que sa côte augmente automatiquement, enfin vous n'évoquez pas ses liens avec les politiques qui sont tout de même un côté important du personnage. Vos portraits précédents étaient mieux croqués mais bonne initiative que ces portraits imaginaires..
RépondreSupprimerMais vous n'aimez personne, vous. De l'aigreur, de la jalousie?
RépondreSupprimerAfin de balayer ces vilains soupçons je vous propose que votre prochain portrait soit un exercice d'admiration.