jeudi 18 février 2016

Portraits imaginaires (4) - François Pinault


Après le Maire de Province, Alain Soral et L'intégriste, voici un quatrième portrait imaginaire que l'on aurait pu intituler "Pinault, simple riche". Comme leur nom l'indique, ces portraits sont fruits de l'imagination et n'ont d'autre prétention que de mettre en lumière les archétypes représentés par les figures humaines, médiatiques ou politiques qui leur tiennent lieu de prétextes.


                  
            Il possède déjà la puissance et sous son front haut, en même temps qu’un regard de requin, se dessine depuis longtemps déjà le sourire des idiots. Molière en son temps l’aurait croqué d’un trait et le sobriquet sous lequel nous l’envisageons ici donnerait son titre à une de ses pièces : « Un milliardaire amateur d’art ». En lui se mêle l’arriviste et le peuple ; s’il a le talent du premier, il ne possède pas l’humilité qui fait les meilleurs côtés du second et c’est sous son air revanchard qu’on retrouve mieux le peuple, quand il devient foule et s’ébat dans ses jours de colère. Humilié dans son jeune âge par les professeurs, il en garde rancœur et c’est tel un sabreur acharné qu’il a conquis un monde qui ne voulait pas de lui, jusqu’à le soumettre à sa botte comme pour lui rendre la monnaie de sa pièce et montrer à ses anciens instituteurs qu’il a bien compris la leçon et qu’à force de le considérer tel un moins que rien il a su néanmoins devenir plus qu’eux tous !
         Malgré tout perdure dans sa psychologie, alors qu’il tient dans sa main le monde, une faille que l’on retrouve seulement chez ceux que l’on a trop rabaissés : la conviction de n’être pas véritablement l’égal de ces gens qu’il domine et dont il a soumis l’univers en en violant l’entrée. Il n’est pas né dans leur grand palais, et de sa famille paysanne il garde un souvenir en forme de cicatrice qui le marque comme une étoile jaune. Proche du pouvoir, rien n’y fait, la boue bretonne crotte toujours ses chaussures et son culot, qui a construit sa fortune, sent le cidre plus que le champagne. Quoiqu’on dise, en France, les affaires respirent un peu la sueur, et si l’on craint les grands patrons, on ne les respecte pas moins qu’on ne les méprise. La finance est sale, il faut avoir l’air propre, et l’air seulement suffit, pour briller ici…
         Aussi pour sortir de sa condition de parvenu et gagner ses lettres de noblesses, il a dû pénétrer le milieu des princes modernes, celui de l’art. Débaroulant comme un bulldozer, à la fin du siècle passé, dans le dépotoir de l’art contemporain, gageant de la valeur esthétique de ce dernier puisque lui, le plouc, n’y comprenait rien, et que tous s’en émerveillaient, il a bâti un nouvel empire, en se fabriquant, à l’aide de son immense richesse, la plus grande collection d’horreurs modernes sur cette terre ! Ramassis infâme d’installation sordides et de tableaux atroces ; sa seule excuse quant à l’improbable mauvais goût de ses acquisitions, c’est qu’en art contemporain c’est l’unique goût qui soit ! Quelque part a-t-il eu du nez et, posant devant une des ses ridicules sculptures à l’instar d’un pécheur photographié avec le thon gigantesque qu’il vient juste de ramener de sa pêche, il est devenu, après l’âpre homme d’affaire, l’esthète qui sera enfin accepté de l’élite. Cependant, Beaubourg n’est pas le Louvre, et la noblesse a disparu depuis longtemps pour laisser place à la bourgeoisie ─ cette caste de paysans honteux reconvertis dans la vulgarité ─, et puis sa collection non plus n’est pas la collection Winthrop ni un bol vide un Moreau…



2 commentaires:

  1. Je trouve ce portrait très dur et plutôt à côté de la plaque. Pour moi Pinault est un grand capitaine d'industrie qui a su monter l'échelle à force de travail, de prise de risque etc...vous ne parlez pas de son talent pour les affaires qui est tout de même sa principale qualité. On a l'impression que dans votre portrait, chez lui, tout n'est que déterminisme, alors que son talent personnel joue beaucoup. Sur le marché de l'art, vous vous trompez lourdement, il faut encore y voir son génie des affaires sachant que c'est lui qui fait le marché, il suffit qu'il achète un artiste pour que sa côte augmente automatiquement, enfin vous n'évoquez pas ses liens avec les politiques qui sont tout de même un côté important du personnage. Vos portraits précédents étaient mieux croqués mais bonne initiative que ces portraits imaginaires..

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  2. Mais vous n'aimez personne, vous. De l'aigreur, de la jalousie?
    Afin de balayer ces vilains soupçons je vous propose que votre prochain portrait soit un exercice d'admiration.

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