Vendredi 18 octobre, l’association
Au-delà du silence organise le 16ème cycle du Kosmo Kino Plaza, et c’est un événement à ne pas rater ! La
soirée est consacrée au label finlandais Aural Hypnox avec les performances
respectives d’Aeoga, Zoät-Aon et Arktau Eos. Sûrement, ces noms étranges
n’évoqueront pas grand-chose à la plupart de nos lecteurs. Pourtant ce label,
qui compte plus de 80 productions à son catalogue[1],
explore depuis 2003 l’une des branches les plus fascinantes de la scène industrielle :
celle qui se fonde sur la magie et l’occultisme pour élaborer de longs morceaux
de musique sombre et rituelle. Ainsi, les harmonies décalées voire dissonantes
d’instruments inconnus, les rythmes lancinants de percussion en tous genres
(cloches, gongs, tambours, etc.) et les textures électroniques envoûtantes s’entremêlent
pour créer de véritables pièces rituelles. L’on ne parle pas ici de la grande
variété des musiques électroniques ambiantes – dark, ethnic, noise, easy listening, cinematic,
etc. – mais bien d’une architecture musicale qui, en se déplaçant lentement,
vise à faire entrer l’auditeur dans une autre dimension, quelle que soit le nom
qu’on lui donne : surréaliste, magique, transcendante.
En cela, Aural Hypnox s’inscrit dans les
pas du label culte, Nekrophile Records, qui a tenté pendant près d’une décennie
(1983-1990) de réinventer la musique rituelle, à fortes tonalités
ésotériques, dans une époque vouée à la chansonnette décérébrée et au
gazouillis publicitaire ; autrement dit, recréer un espace sacré au cœur du
monde profané. A l’époque, Zos Kia – le premier projet de Coil – plongeait dans
les textes et les dessins d’Austin Osman Spare pour construire des pièces
sonores empreintes de surréalisme, Ain Soph créait de longs morceaux répétitifs
à partir de la lecture de textes hermétiques afin d’accompagner leurs propres
cérémonies rituelles, Sleep Chamber revisitait la magie crowleyenne pour la
fondre dans des odes érotico-électroniques, Zero Kama utilisait des ossements
pour illustrer le Livre des morts
tibétains dans une sorte de rythmique lente et primitive, etc. La musique
devenait un véhicule pour ausculter les états de l’âme.
C’est dans cette perspective que les
groupes du label finlandais jouent leurs partitions magiques. Ils agencent le
son, l’image et le souffle dans des performances qui rappellent que la vie est
un long pèlerinage vers les strates les plus profondes de l’esprit – « an endless pilgrimage to the soulside ».
Pour les âme voyageuses, donc, la cérémonie débutera à 20 heures aux Voûtes, à Paris, et se poursuivra "là où nul ne peut entrer".
[1] Il
est vrai que le nombre d’exemplaires de ces productions est souvent très
limité, avec des présentations singulières et toujours très soignées.
Très intéressant, une des raisons pour lesquelles les musiques industrielles et metal/rock/core/etc actuelles sont fascinantes c'est cette volonté de revenir vers la musique sacrée d'une foi qui n'existe pas encore, qui affleure sous la surface des choses et ne demande qu'à jaillir... La spiritualité est déjà là, manque juste la cosmogonie qui structurerait cette religion. C'est d'ailleurs un ordre des choses assez inédit dans l'Histoire de l'humanité, le wagon qui vient avant la locomotive... Ca restera du bruit pour Rock n Folk très clairement ;-)
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