mercredi 16 octobre 2019

Les particules élémentales


 
Vendredi 18 octobre, l’association Au-delà du silence organise le 16ème cycle du Kosmo Kino Plaza, et c’est un événement à ne pas rater ! La soirée est consacrée au label finlandais Aural Hypnox avec les performances respectives d’Aeoga, Zoät-Aon et Arktau Eos. Sûrement, ces noms étranges n’évoqueront pas grand-chose à la plupart de nos lecteurs. Pourtant ce label, qui compte plus de 80 productions à son catalogue[1], explore depuis 2003 l’une des branches les plus fascinantes de la scène industrielle : celle qui se fonde sur la magie et l’occultisme pour élaborer de longs morceaux de musique sombre et rituelle. Ainsi, les harmonies décalées voire dissonantes d’instruments inconnus, les rythmes lancinants de percussion en tous genres (cloches, gongs, tambours, etc.) et les textures électroniques envoûtantes s’entremêlent pour créer de véritables pièces rituelles. L’on ne parle pas ici de la grande variété des musiques électroniques ambiantes – dark, ethnic, noise, easy listening, cinematic, etc. – mais bien d’une architecture musicale qui, en se déplaçant lentement, vise à faire entrer l’auditeur dans une autre dimension, quelle que soit le nom qu’on lui donne : surréaliste, magique, transcendante.


         En cela, Aural Hypnox s’inscrit dans les pas du label culte, Nekrophile Records, qui a tenté pendant près d’une décennie (1983-1990) de réinventer la musique rituelle, à fortes tonalités ésotériques, dans une époque vouée à la chansonnette décérébrée et au gazouillis publicitaire ; autrement dit, recréer un espace sacré au cœur du monde profané. A l’époque, Zos Kia – le premier projet de Coil – plongeait dans les textes et les dessins d’Austin Osman Spare pour construire des pièces sonores empreintes de surréalisme, Ain Soph créait de longs morceaux répétitifs à partir de la lecture de textes hermétiques afin d’accompagner leurs propres cérémonies rituelles, Sleep Chamber revisitait la magie crowleyenne pour la fondre dans des odes érotico-électroniques, Zero Kama utilisait des ossements pour illustrer le Livre des morts tibétains dans une sorte de rythmique lente et primitive, etc. La musique devenait un véhicule pour ausculter les états de l’âme.


        
 C’est dans cette perspective que les groupes du label finlandais jouent leurs partitions magiques. Ils agencent le son, l’image et le souffle dans des performances qui rappellent que la vie est un long pèlerinage vers les strates les plus profondes de l’esprit – « an endless pilgrimage to the soulside ». Pour les âme voyageuses, donc, la cérémonie débutera à 20 heures aux Voûtes, à Paris, et se poursuivra "là où nul ne peut entrer". 






[1] Il est vrai que le nombre d’exemplaires de ces productions est souvent très limité, avec des présentations singulières et toujours très soignées.

1 commentaire:

  1. Très intéressant, une des raisons pour lesquelles les musiques industrielles et metal/rock/core/etc actuelles sont fascinantes c'est cette volonté de revenir vers la musique sacrée d'une foi qui n'existe pas encore, qui affleure sous la surface des choses et ne demande qu'à jaillir... La spiritualité est déjà là, manque juste la cosmogonie qui structurerait cette religion. C'est d'ailleurs un ordre des choses assez inédit dans l'Histoire de l'humanité, le wagon qui vient avant la locomotive... Ca restera du bruit pour Rock n Folk très clairement ;-)

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