« Et je redoute l’hiver car c’est la saison du confort » écrivait Rimbaud. Émile, lui, ne redoute pas l’hiver, il l’aime, le désire, l’appelle. Pour lui, l’hiver est la saison sensuelle par excellence. Saison où la bourgeoise, embrasée par la bouillotte, se tortille d’aise et minaude sous l’édredon ; où l’étudiante esseulée évolue dépoitraillée dans son studio surchauffé. L’hiver pour Émile c’est aussi la saison de l’élégance, celle des moufles, cache-nez et pantalons à grosses côtes, saison où l’on peut, bonnet vissé jusqu’aux sourcils, parader en anorak en affectant des airs terribles. Saison gourmande enfin, celle des vins de Bourgogne et du gibier, où il fait bon, ivre-mort, vautré nu sur une peau de bête, bras en croix bedaine saillante, ronfler face à l’âtre qui rougeoie dans la pénombre.
Bref, foin de « blue monday » et autres « dry january » ! Du fond de sa taverne – le fameux Kozy Korner – Émile transmet de bon cœur aux esprits chagrins ce micro-fragment de paradis :
Kozy Korner en plein hiver
Les bobos gèlent jusqu’aux os,
Les migrants hurlent sur les boulevards,
Et la pluie cingle les carreaux
Qu’importe, soirée bouffarde et dominos…
Soudain : Madelon, il se fait tard !
Bouge-ton gros cul ! à tes fourneaux !
Apparaissent vite sur la table
Galantines, foies rissolés,
Pots de saindoux, mufles de veaux,
Et la patronne est
bien aimable…
(Sûr qu’elle sera bien disposée
à faire la bête à deux dos)
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