samedi 28 juillet 2012

Mauvais genre (1)


Il y a quelque temps, la publication conjointe sur Hipstagazine et Idiocratie d’un article assez critique sur la Gay Pride du 30 juin dernier suscitait une levée de boucliers et une avalanche de commentaires outrés. Découvrant l’article, un certain nombre de commentateurs ont cru bon de hurler à la discrimination et de dénoncer l’homophobie de l’auteur, jouant, dans un magnifique ensemble et avec un professionnalisme presque trop exemplaire, sur toutes les nuances du tragi-comique victimaire. Dans un bref échange nous avons tenu à préciser nos positions : non, nous ne cultivons pas l’homophobie ; oui, la gay pride est, au même titre que l’Euro 2012 ou l’Eurovision, une bonne grosse machine à faire du fric, un bon gros Disneyland-sur-Seine, une démonstration supplémentaire qu’on peut décidément faire passer n’importe quelle kermesse pour un rendez-vous de la subversion en lui collant l’étiquette adéquate. La dénomination « marche des fiertés » est un habillage rhétorique destiné à un produit médiatique parfaitement calibré. Le but premier de cet article, « Pas de quoi être fier », était, avec un ton certes provocateur et sans prendre particulièrement de précautions de langage, de rappeler ces quelques évidences et non de faire de l’homophobie de bas étage, il est presque dérangeant d’avoir à le préciser. Au cas d’ailleurs où cette simple justification ne rassurerait pas nos détracteurs, convaincus désormais qu’Idiocratie est une succursale francophone du Ku Klux Klan, je ferai remarquer qu’il se trouve visiblement des représentants de la communauté « LGBT »[1] qui semblent partager cet avis[2]. 
Il semble cependant que la gay pride soit devenu trop bankable, comme on dit à Hollywood, pour être attaquée. Comme le martelaient certains commentateurs, l’événement de par sa capacité de « monstration » (en voilà un terme élégant…) acquiert une légitimité de fait. Enfin, il nous a été tout simplement reproché de « n’avoir aucune légitimité » pour aborder le sujet. Doit-on comprendre qu’il est nécessaire d’obtenir une accréditation officielle des associations LGBT pour évoquer tout ce qui touche à la communauté gay ? Il semble que oui. Nous entrons ici de plain-pied dans le domaine du tabou et dans le balisage extrême du discours. L’infortuné auteur de l’article « Pas de quoi être fier » a eu le tort d’écrire que la Gay Pride tient plus de l’animation de supermarché mégalomane que d’une quelconque marche des droits et qu’elle lui rappelait la scène des comices de Flaubert. Ah le con. L’audacieux a donc été immédiatement et commodément assimilé à un monstre rétrograde, homophobe et sexiste en vertu des règles d’une bienséance idéologique qui tend à disqualifier toute forme de propos critique au nom de la sacro-sainte lutte contre la pensée discriminante. Bien fait pour sa gueule. Il ne serait pas étonnant de découvrir que ce monstre réactionnaire collectionne les services en porcelaine marqués du sceau du IIIe Reich et passe ses journées à enfiler des aiguilles dans une poupée vaudou à l’effigie de Jean-Paul Gauthier. On raconte aussi qu’on l’aurait vu courir nu sur la colline une nuit de sabbat et hurler à la lune avec les loups ma bonne dame, pour sûr qu’il est pas clair celui-là.



Je me ferai juste un devoir de rappeler à mes détracteurs si prompts à adopter la posture victimaire que cela fait longtemps que les revendications de la communauté LGBT ne font plus frémir le bourgeois et ne questionnent plus grand monde dans la sphère publique. Même les catholiques viennent au secours du mariage gay[3]. Le fait d’assumer le choix de son identité sexuelle pose encore certainement une foule de problèmes divers dans le cadre privé ou familial, en revanche, je suis encore franchement navré de tenir des propos qui seront certainement jugés immondes, mais j’ai du mal à prendre au sérieux les affirmations selon lesquelles les gays seraient encore aujourd’hui pointés du doigt et considérés comme des monstres dans la société française. Bien sûr, je comprends parfaitement que la logique communautaire impose de devoir se trouver toujours un ennemi pour exister médiatiquement. C’est une question de survie. C’est ce qu’on appelle une rente de situation. Le problème est qu’à trop exploiter ce genre de position on finit par passer soi-même du côté des conservateurs honnis et par se lover avec délice dans un marigot culturel qui sent le rance et le moisi. Bref on devient des vieux cons en somme. C’est Jacques Brel qui chantait ça très bien non ?

Et c'est en sortant vers minuit Monsieur le Commissaire
Que tous les soirs de chez la Montalant
De jeunes "peigne-culs" montrent nos leur derrière en nous chantant

Les bourgeois, c'est comme les cochons
Plus ça devient vieux, plus ça devient bête
Les bourgeois, c'est comme les cochons
Plus ça devient vieux, plus ça devient...




Laissons les sarcasmes et les remarques acrimonieuses. Les réactions épidermiques à cet article sont utiles et précieuses en ce sens qu’elles nous donnent l’occasion de proposer une réflexion sur trois points essentiels. Il nous semble tout d’abord intéressant de revenir sur la question du genre qui connaît une si belle fortune actuellement et parce qu’on nous a reproché de manière fort véhémente de confondre identité sexuelle et identité de genre (encore qu’on peut remarquer, à l’instar de Camille Loty Malebranche que la gay pride elle-même produit «  l'option sexuelle en idéologie jusqu'à la rendre ostentation invasive dans l'espace public »[4]). Il nous paraît également important, à partir de cette réflexion sur la différenciation sexe/genre de mettre en avant le fait que les revendications exprimées par les LGBT dépassent largement le cadre de la lutte contre les discriminations mais constituent une manifestation de la tendance de nos sociétés contemporaines à ne plus se percevoir que comme de simples agrégats d’individus considérés comme des totalités autarciques et désirantes, imposant la satisfaction des droits individuels comme seul et unique horizon de l’action politique ou civique. Nous sommes en ce sens entrés dans l’ère de l’Etat thérapeute et de l’égotisme législatif, tendance qui s’accorde parfaitement aux exigences d’une civilisation ultra-consumériste. Enfin, et ce n’est pas le moindre des problèmes que nous voudrions livrer au débat ici, le succès des gender studies, déclinées aussi bien sur le plan intellectuel que militant, s’appuie sur une conception radicale du pouvoir performatif de la parole et sur une transformation radicale de notre langage qui reflète lui-même les mutations profondes que nos sociétés connaissent depuis un demi-siècle. Comme l’a très sagement fait remarquer un avisé commentateur, il ne sert pas à grand-chose de s’insulter par profil Facebook interposé ou sur un fil de commentaires interminable. Nous proposons donc à tous ceux qui nous ont reproché une attaque gratuite et injuste de prendre connaissance des quelques considérations qui suivront dans les billets suivants, voire d’y répondre, autrement qu'en se comportant comme des grenouilles de bénitiers poussant des hauts cris dès qu'on fait mine d'attaquer leur religion.

(A suivre)

3 commentaires:

  1. Cher Idiot, ton article est pathologique.
    Quelle boursouflure tu fais de ta personne! "L’infortuné auteur de l’article [...] Ah le con. L’audacieux a donc été immédiatement et commodément assimilé à un monstre " ...... Sur ton article, il : "suscitait une levée de boucliers et une avalanche de commentaires outrés. Découvrant l’article, un certain nombre de commentateurs ..." Deux commentateurs en fait, tu peux le préciser, si, tu es capable de compter jusque là! Plus loin tu te dépeins avec Flaubert et tu nous prêtes une comparaison entre ton petit blog et "une succursale francophone du Ku Klux Klan". J’arrête l'énumération, c'est trop fastidieux.

    Bref, un tel étalage de ton fantasme d'une audience que tu n'as pas, une telle enflure de ton rôle de défenseur d'une liberté d'expression en danger (aux armes!!!), me dédouanent de l'ennui d'essayer de discuter avec ton insignifiance. Et de tout coeur je t'engage à continuer dans cette voie, on a besoin d'écrits dans le genre des tiens pour soupirer d'aise et se trouver tellement bien en comparaison. C'est pas un mégalo comme toi qui m'en voudra de cette réflexion, nan?

    Olivier

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  2. Deux réactions sur Idiocratie il est vrai mais au vu de celles enregistrées sur Hipstagazine (le site et son compte FB) à la publication de l'article sur la gay pride incriminé, et de la tragi-comédie dont il me semble que tu nous a gratifiés, si je ne fais pas erreur sur l'Olivier, une réponse un peu plus développée semblait s'imposer. Sans exagérer mon rôle (tout à fait insignifiant) et notre audience (bien modeste je le conçois), il restait cependant hors de question de laisser passer sans mettre les points sur les i les accusations un peu faciles qui avaient été lancées à l'occasion. "Immonde", "homophobe"...etc...etc...non non je n'ai rien inventé et puisque tu me prêtes la prétention de poser en défenseur de la liberté d'expression, tu me permettras de remarquer qu'il ne faut tout de même pas grand-chose pour faire aboyer les chiens de garde dans ton genre. Nous avons décidé simplement de ne pas relancer plus que de raison le débat sur le compte d'hipstagazine par simple égard pour ses animateurs qui accueillent de temps en temps nos billets et ne souhaitaient pas se faire pourrir leur compte ou leur site par un fil de commentaires bas-de-plafond (d'ailleurs fort sagement fermé et supprimé mais tu dois le savoir mieux que moi je crois). La réponse plus élaborée est donc fournie ici, sur Idiocratie (si tu veux te donner la peine de lire les autres articles mais je ne te force pas la main...). Tu peux me traiter de mégalo si ça te chante ou m'envoyer paître. Mais puisque mon enflure te dispense de l'ennui de "discuter avec mon insignifiance", renseignement pris, celle-ci me charge de te répondre qu'elle se passe volontiers également de converser avec de tristes faux-culs dans ton genre.

    Cordialement,

    Votre Boursouflure,

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  3. Merde, on est même pas foutus de compter jusqu'à deux, les Idiots sont encore plus cons que les Ramones, c'est préoccupant...

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