Les événements qui se sont déroulés ces derniers jours en Egypte démontrent avec la tragédie syrienne que la démocratisation du Moyen-Orient annoncée par les thuriféraires du "Printemps arabe" s'annoncent plus compliquée et hasardeuse que jamais. Nous proposons aux lecteurs d'Idiocratie un petit survol de l'histoire d'un pays complexe et d'un des plus importants acteurs du Moyen-Orient et de l'Afrique.
L’Egypte constitue aujourd’hui une puissance régionale majeure à la fois de l’espace méditerranéen, du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Situé à la confluence de plusieurs espaces géopolitiques, ce pays deux fois grand comme la France a connu une formidable expansion démographique en l’espace de cinquante ans, passant de 25 millions d’habitants au début des années 60 à presque 85 millions aujourd’hui. L’Egypte représente une puissance arabe d’une relative permanence par rapport à ses concurrents successifs dans l’histoire, Damas, Bagdad, Téhéran ou Riyad, ainsi qu’un des pôles les plus importants, si ce n’est le pôle intellectuel le plus important, de l’Islam sunnite. Le Nil ancre enfin l’Egypte dans les réalités de l’Afrique noire et confère au pays une profondeur géopolitique en même temps que culturelle, faisant de l’Egypte une véritable puissance continentale dont la fragilité et l’instabilité inquiète toute la communauté internationale, témoignant du rôle essentiel joué par ce pays dans la géopolitique mondiale depuis la fin de la seconde guerre mondiale.
L’Egypte constitue aujourd’hui une puissance régionale majeure à la fois de l’espace méditerranéen, du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Situé à la confluence de plusieurs espaces géopolitiques, ce pays deux fois grand comme la France a connu une formidable expansion démographique en l’espace de cinquante ans, passant de 25 millions d’habitants au début des années 60 à presque 85 millions aujourd’hui. L’Egypte représente une puissance arabe d’une relative permanence par rapport à ses concurrents successifs dans l’histoire, Damas, Bagdad, Téhéran ou Riyad, ainsi qu’un des pôles les plus importants, si ce n’est le pôle intellectuel le plus important, de l’Islam sunnite. Le Nil ancre enfin l’Egypte dans les réalités de l’Afrique noire et confère au pays une profondeur géopolitique en même temps que culturelle, faisant de l’Egypte une véritable puissance continentale dont la fragilité et l’instabilité inquiète toute la communauté internationale, témoignant du rôle essentiel joué par ce pays dans la géopolitique mondiale depuis la fin de la seconde guerre mondiale.
A la fin de l’année 1949, le
lieutenant-colonel Gamal Abdel Nasser, fonde le Comité des officiers libres,
dans lequel on retrouve de jeunes officiers encore sous le coup de
l’humiliation de la défaite face au jeune Etat d’Israël et parmi lesquels on
retrouve également le jeune Anouar el-Sadate, 31 ans à l’époque. Issus d’une
nouvelle et embryonnaire classe moyenne égyptienne ou de milieux très modestes (Nasser, né en
1918, est le fils d’un fonctionnaire des postes, Sadate, né lui aussi en 1918,
est issu d’une famille pauvre de treize enfants), ces jeunes gradés, qui
assignent tout de suite à leur mouvement une portée révolutionnaire, se font
les défenseurs d’un nationalisme arabe encore très imprégné par l’Islam
traditionnel.
La mise en place par Nasser
d’une économie planifiée et nationalisée, ainsi que la nationalisation du canal
de Suez, a permis à l’Egypte de disposer de ressources nouvelles qui alimente
une croissance de 6% par an dans les années 1960, mais elle entraîne aussi la disparition
de toute l’élite économique d’avant-guerre et le développement d’une dette dont
les effets sont de moins en moins gommés par une aide soviétique parcimonieuse.
En 1970, quand Nasser meurt,
Anouar el-Sadate, qui lui succède, rompt avec la politique de son prédécesseur
et promeut l’Infitah, politique d’ouverture économique qui va accentuer la
libéralisation de l’économie égyptienne. L’heure est aux désillusions avec la
nouvelle humiliation militaire infligée par Israël à l’Egypte en 1967 et Sadate
va progressivement rapprocher son pays de l’Occident, signant même une paix
séparée avec Israël en 1977. Sur le plan économique, la politique mise en place
par Sadate s’accompagne d’un désengagement de l’Etat qui favorise la croissance
mais pas le développement économique. En effet, privatisation et libéralisation
favorisent le développement des secteurs immobiliers et touristiques par
exemple, mais l’industrialisation du pays reste toujours insuffisante et le
force à importer massivement les biens manufacturés. L’Egypte cesse d’être
autosuffisante sur le plan agricole dès 1974, la classe moyenne que l’Etat
pléthorique et clientéliste de Nasser avait néanmoins contribué à développer se paupérise rapidement sous Sadate au
profit d’une catégorie plus aisée mais beaucoup plus réduite de la population
que les Egyptiens surnommeront par la suite les « chats gras » :
importateurs, avocats, opérateurs touristiques, courtiers, fonctionnaires,
commissionnaires…etc. Alors que la
classe moyenne est en pleine paupérisation et que l’Egypte rurale vit dans la
misère, la classe dirigeante se réfugie dans les quartiers très occidentalisés
de Zamalek, Héliopolis et Ma’adi). Les privatisations effectuées sur fond de
népotisme et de corruption ont profité à une bourgeoisie proche du régime (dont
les Frères ne furent pas exempts dans les dernières années du régime).
(A suivre)
Merci pour ce panorama très instructif(pour moi en tout cas) de la génèse des "frères(?...) musulmans". Mention spéciale pour la vidéo du discours de Nasser que je ne connaissais pas et qui mérite d'être vue à notre époque. Pour info j'ai trouvé un article intéressant sur les liens entre Occident et "Muslim Brotherhood" qui mentionne notamment l'avènement de Saïd Ramadan...et son fils Tariq. http://www.newenglishreview.org/Jerry_Gordon/How_the_CIA_Helped_The_Muslim_Brotherhood_Infiltrate_the_West/
RépondreSupprimerIci le lien cliquable
RépondreSupprimer'a marche pas, à copier-coller...
RépondreSupprimerMerci pour le lien. Il semble bien en effet que les Frères Musulmans aient beaucoup d'amis à l'ouest...
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