Ceci est une critique de film passablement idiote qui dévoile toute l'intrigue, cependant assez prévisible, du film "Du sang et des larmes", sorti récemment sur les écrans.
En septembre 2005, l’armée
américaine est victime d’un des plus tragiques fiascos qui ont marqué
l’intervention occidentale en Afghanistan. Le 28 juin 2005, quatre Navy Seals
tentent de localiser le chef taliban Ahmad Shah et sont découverts par des
bergers menant leur troupeau de chèvres. Les quatre soldats commettent l’erreur
de laisser repartir les trois bergers qui s’empressent de prévenir le groupe de
talibans d’Ahmad Shah. Le film de Peter Berg , Lone Survivor (Du sang
et des larmes en France et Le seul survivant au Québec), narre dans
le détail la traque des quatre Navy Seals par la centaine de combattants
d’Ahmad Shah et la destruction par ces derniers d’un hélicoptère Black Hawk
venu secourir les soldats en difficultés ; c’est-à-dire le cauchemar de
l’opération Red Wings, le plus cuisant revers militaire subi par
les Etats-Unis depuis la bataille de Mogadiscio en octobre 1993. La comparaison
avec le film de Ridley Scott, Black Hawk Down s’impose donc à l’esprit.
Elle ne tient pas très longtemps cependant. Ridley Scott tirait du récit
originel une parabole guerrière
traversée par quelques scènes inoubliables, comme l’arrivée au campement
de l’ONU avec ses serveurs Sikhs enturbannés proposant aimablement thé et rafraîchissements à l’escouade décimée avec la même déférence que s’il se fut
agi d’une délégation diplomatique. Peter Berg n’est pas exempt de maestria mais
là où Scott évoquait crûment la guerre, Lone Survivor est plombé par un
discours patriotique plus pesant qu’une dinde aux marrons accompagnée de sa
traditionnelle purée de potirons.
Ne craignons pas de vendre la mèche puisque le film, qui
s’intitule après tout Le seul survivant, débute sur une scène dans
laquelle une équipe médicale s’active sur le corps supplicié de Mark Walhberg, seul
rescapé, donc, de ce qui a tourné à la mission suicide. La caméra plonge dans
le beau regard triste du soldat, encore fixé sur les horreurs dont il a été le
témoin et nous plongeons 72 heures en arrière dans ses souvenirs…
Le film est certes tiré d’une histoire vraie, et que l’on
aime ou non s’adonner à l’anti-américanisme le plus primaire, il faut
reconnaître le courage et l’invraisemblable valeur de combattants qui
réussirent à tenir tête à une à au moins une cinquantaine de combattants
talibans. Mais le traitement offert par Peter Berg à ce récit incroyable est
quelquefois si ridiculement outré qu’on ne peut s’empêcher de relever avec
délice les clichés les plus éculés qui circulent dans cette énième ode au
courage des GIs. Soixante-douze heures plus tôt donc, un Navy Seals s’éveille
sur son lit de camp, alors qu’un rayon de soleil qui passe à travers la fenêtre
du baraquement, enveloppe amoureusement sa forme étendue et que les draps légers
lui caressent la raie des cheveux. Son doux regard encore embrumé de sommeil
erre sur les photographies qui tapissent le mur de sa modeste chambrée, sur les
visages des êtres aimés qui, sur les polaroïds, lui renvoient son sourire. Mais
ne s’attardant pas plus, notre Navy Seal barbu que la douce tiédeur de la
couette ne parvient pas à retenir, saute à bas du lit et file à travers le
baraquement pour retrouver son autre copain Navy Seal, lui aussi barbu, et lui
montrer des photos de chevaux sur son ordinateur portable. A ce stade du film,
on est déjà en droit de se demander si le défunt Tony Scott n’est pas revenu d’entre
les morts pour remplacer Peter Berg derrière les caméras et tourner un remake
de Top Gun en Afghanistan. Dans deux minutes c’est sûr, on aura droit à la
partie de volleyball, tous pectoraux dehors et abdominaux luisant de sueur…
En réalité, barbu n°1 tient juste à montrer à barbu n°2
quelques photos du bourrin que sa femme exige pour son anniversaire. Un
pur-sang arabe, ni plus ni moins. Les femmes imposent parfois qu’on leur rende
un culte exigeant. Le deuxième barbu se nomme Marcus Latrell et comme il est
incarné par Mark Walhberg, nous le nommerons simplement Barbumarc, tandis que
son copain amateur de chevaux deviendra Barbubourrin, pour plus de commodité.
Après avoir un peu parlé pur-sang arabes avec Barbumarc, Barbubourrin décide
d’aller faire la course autour du campement avec un autre barbu que nous
nommerons simplement Barbubis. Les deux hommes se mesurent de toute la force de
leurs mollets en petit short et en T-shirt moulant ; Tony Scott est de
retour, on attend logiquement la scène de douche collective et les serviettes
qui claquent virilement sur les fesses…Mais après avoir bien couru et bien sué,
Barbubis et Barbubourrin retrouvent leurs autres copains Navy Seals qui boivent
des bières autour d’une table de camping en rotant et en faisant des blagues de
barbus. Il y a là un barbu blond que ses collègues nomment « Axe »,
sans doute en référence à l’odeur corporelle qui lui vaut tant de succès avec
les femmes, et que nous appellerons simplement Barbublond, ainsi qu’un gros
garçon musculeux et boudiné dans son T-Shirt XXL, blond comme Pamela Anderson
lui aussi mais auquel l’absence de barbe donne un air gentil et niais au point
que nous l’appellerons simplement Gropoussin.
Gropoussin
Comme Barbubis a perdu la course contre Barbubourrin, les
autres proposent de le tondre et de lui raser les testicules comme l’on a
coutume de faire pour célébrer cordialement les exploits sportifs dans l’armée
américaine. Barbubis n’a pas de chance : non seulement il est mauvais à la
course à pied mais sa femme est encore plus chiante que celle de Barbubourrin
et lui envoie des catalogues de tapisserie et de moquettes, exigeant de lui
qu’il choisissent la bonne teinte de revêtement mural ou de tapis de sol alors
qu’il est en mission en Afghanistan tout de même. Tous ses potes se foutent de
lui du coup :
- - Elle
doit être en cloque ta meuf, lance Barbublond
- - HEUHEUHEU !
fait Barbubourrin
- - Allez
les gars on va le tondre !
Heureusement pour Barbubis,
le capitaine Barbafurax apparaît à la porte d’un baraquement au moment où
toutes les mains se tendent vers les couteaux de survie pour faire un sort à la
barbe et aux testicules du malheureux.
- - Allez
tas de lopettes mielleuses, ramenez vos burnes flasques en salle de briefing,
on va préparer la mission !
- - OUAIS !
OUAIS ! LA MISSION !
- - HEUHEUHEU
- - Et
moi, et moi chef ? Je peux la faire aussi la mission ?
- - Nan
pas toi Gropoussin, t’as pas encore passé l’épreuve et t’es encore qu’une
petite choute timide sans barbe, je peux pas te laisser partir avec les vrais
durs cette fois, alors tu fermes ta mouille et t’attends ta cérémonie
d’initiation !
- - HEUHEUHEU
- - Ok
bougez vos culs terreux en salle de briefing, on va faire le truc compliqué
avec la carte d’Etat-major et ensuite on fait la cérémonie d’initiation de Gropoussin.
- - OUAIS !
OUAIS !
- - HEUHEUHEU
Quelques minutes plus tard,
la fine équipe est réunie dans le QG autour d’une table couverte par une
immense carte sur laquelle sont fixés de petits drapeaux et posées de petites
maquettes de chars et d’hélicoptères. Le capitaine Barbafurax prend le petit
paquet d’hélicoptère pour les poser à différents endroits de la carte, en
faisant « tchouk tchouk tchouk » avec sa bouche, sous le regard
émerveillés de ses hommes qui n’osent pas toucher les petites maquettes de peur
de prendre une bonne avoine : on ne rigole pas avec les jouets du
capitaine. Celui-ci énonce les étapes de l’opération ultra-secrète et
périlleuse qui se prépare. Il s’agit de repérer et capturer Barbumoche, le chef
des Talibans.
-
Comment
on le reconnaît chef ? Ils sont tous barbus ces sauvages.
-
HEUHEUHEU
- La
ferme Barbubourrin ! Vous le reconnaîtrez aisément au fait qu’il a été
amputé du lobe de l’oreille droite et de tout sens moral !
-
C’est
moche !
- Oui.
C’est pour ça qu’on l’appelle Barbumoche. Nous fixerons différents points de
rendez-vous radio pour que nous puissions suivre votre progression de la base.
Le premier repère est Bibine, le second Pinard, le troisième Vodka-Citron et le
dernier Schnaps-Cerise.
-
Schnaps-Cerise,
c’est pour les taffioles capitaine ! On peut pas choisir un autre
nom ?
- C’est
la boisson préférée de ma femme, espèce de résidu de raclure de chiotte,
maintenant fermez-la et rompez, on va faire la cérémonie initiatique de Gropoussin.
-
OUAIS !
OUAIS ! LA CEREMONIE !
Au cours de sa cérémonie
initiatique, Gropoussin doit réciter un poème long et difficile qui montre que
les Navy Seals sont de courageux et vaillants combattants, très forts en
football américain et à la baston. On lui demande ensuite de s’humilier en
public en se trémoussant sur du Shakira pendant que ses copains lui jettent des
canettes vides à la figure. Son rite d’initiation est accompli, Gropoussin aura
désormais la tâche difficile d’être standardiste au QG du capitaine Barbafurax
pendant le reste de la mission et du film. Délivrés de la lourde responsabilité
de faire de Gropoussin un homme, nos héros s’envolent, lourdement harnachés,
vers les terriblezépérilleuses montagnes afghanes.
Tchouk tchouk tchouk
Ici s’amorce la partie la plus intéressante de Lone
Survivor. La longue séquence durant laquelle les Navy Seals prennent leurs
positions pour se mettre en planque à proximité d’un village afghan et repérer
leur cible est sans doute la meilleure du film. Ils ne tardent pas d’ailleurs à
repérer celle-ci. Il s’agit du chef taliban Ahmad Shah dont la description ne
laisse aucun doute aux Navy Seals : il lui manque le lobe de l’oreille
gauche et il a le regard torve et cruel : il s’agit bien de Barbumoche.
Escorté d’une forte escouade de talibans aux barbes menaçantes, Barbumoche se
pavane et terrorise le village sans se douter que, de leur cache secrète, les
Navy Seals l’observent attentivement.
Malheureusement pour ces derniers, un événement
inopportun va ruiner leur plan. Trois bergers et leur troupeau de biquettes
débarquent soudain en plein milieu de la cache des Navy Seals et ruinent
l’ambiance. Rapidement maîtrisés par les super-soldats, les trois bergers se
retrouvent ligotés à un arbre, attendant de connaître leur sort. Les Navy
Seals, quant à eux, débattent de longues minutes des suites à donner à
l’affaire.
- Faut
les buter chef, y-vont nous balancer à leurs potes talibans et ça va pourrir
encore plus l’ambiance dans le coin.
-
Nan
on peut pas faire ça chef, il y a un enfant et on est des gentils.
-
C’est
vrai ça chef, si ça passe sur CNN on va encore se faire chambrer.
-
HEUHEUHEUHEU !
- Ta
gueule Barbubourrin…Bon les gars, en tant que Barbuchef je décide de quoi qu’on
fait et je décide donc qu’on libère les bergers qui ne connaissent certainement
pas la région assez bien pour rejoindre le groupe de tueurs sanguinaires de
Barbumoche et n’auront de toute façon jamais l’idée de le prévenir que quatre
Navy Seals sont planqués dans la montagne en attendant de pouvoir lui faire la
peau.
-
Heu
non ça c’est clair chef ! Ils y penseront jamais !
-
Clair !
-
OUAIS
-
HEUHEUHEUHEUHEU !
A peine libérés, les bergers disparaissent dans la nature et
le plus jeune d’entre-eux, un adolescent avec une tête de fouine vicieuse, dévale pieds-nus la montagne plus vite qu’un champion de snowboard à Sotchi. En
deux minutes et quarante-trois secondes, il a prévenu le régiment de talibans
qui, avec Ahmad Shah à sa tête, se lance à la poursuite des Navy Seals. Pendant
ce temps, ceux-ci tentent sans succès de joindre la base parce que leurs
téléphones ne captent pas, comme dans n’importe quel film d’horreur de bas étage.
Là encore il faut souligner quelques
qualités de Lone survivor. La scène de combat entre les quatre Navy
Seals et les (au moins) deux cent talibans est ultra-réaliste. Ce qui l’est
moins, c’est la capacité de résistance des militaires américains qui encaissent
(presque) sans broncher les multiples blessures par balles, les dégringolades
répétées sur des dizaines de mètres de rocs acérés et les fractures en série.
L’affrontement est prenant, certes, et la mort de chacun des soldats est
héroïque mais, même si le générique de début de film présentait le terrible
entraînement des militaires afin de nous faire comprendre qu’un Navy Seals peut
survivre à un choc frontal avec un TGV ou Angela Merkel, on a du mal à croire
que nos héros puissent encore se traîner avec tous les os brisés et le corps
transformé en passoire. La fin tragique de Barbublond est particulièrement
poignante. Touché à de multiples reprises, agonisant contre un arbre après
avoir perdu des litres de sang, Barbublond meure comme Roland à Roncevaux, levant
une dernière fois son colt 45 en guise de Durandal vers l’ennemi qui n’est même
pas fichu de bien viser et doit s’y reprendre à plusieurs fois avant de
l’achever. Barbuchef connaît également une fin héroïque, réussissant à se
jucher au sommet d’un piton rocheux, sous le feu nourri des Talibarbus, pour
contacter la base avec le téléphone satellite :
- Alloouibonjouricilestandardtéléphoniquedelabaseducapitainebarbafuraxquepuisjepourvous ?
-
Gropoussin !
Gropoussin ! Vite prév…Argh ! Himmel ! Che suis re-touché à
noufeau !
-
Tous
nos conseillers sont actuellement en ligne. Ne quittez pas. Nous allons donner suite à votre appel.
-
Aïeu
mais merde chié ça fait mal arrêtez de me tirer dessus vous êtes cons !
-
[solo
de flûte à bec]
-
Gropoussin
merde décroche !
-
[solo
de guitare bontempi]
-
Arrrrhh
non pas mes c….
-
Ouiallomonsieurquepuisjepourvous ?
-
Gropoussin
ARGH on est foutus ARH on est encerclés AIE ynoustirentdessusc’thorrible !
-
Nous
n’avons pas compris votre demande. Si vous voulez des renseignements sur la
mission en cours, composez le 1. Si vous souhaitez vous réengager pour cinq ans
dans l’armée américaine, composez le 2. Si vous souhaitez connaître le menu de
la cantine, composez le 3. Sinon, veuillez patientez. Un conseiller va vous
répondre.
-
Gropoussin
mmmmmerdeuuuuu !!!
- Alloouibonjouricilestandardtéléphoniquedelabaseducapitainebarbafuraxquepuisjepourvous ?
-
Gropoussin,
c’est Barbuchef !!!
-
Ah
chef comment ça va ?
-
J’expire !!!
-
Ah
bon? Ah oui j'adore! Il le joue quand ? Ce soir ? Allo ? Allo ?
-
Argh.
Couic.
Intrigué, Gropoussin repose le combiné. « Qui c’était ? »,
demande le capitaine Barbafurax. « C’était Barbuchef. J’ai pas bien
compris, il y avait du bruit derrière lui et il voulait aller au théâtre et
après ça a fait couic. » Suspicieux, le capitaine Barbafurax lève un
sourcil : « Tu me fais réécouter l’enregistrement de la conversation tout de suite s’il-te-plaît Gropoussin ? »
Après avoir réécouté la bande et battu
Gropoussin à mort, le capitaine Barbafurax rassemble le plus possible de gars
dans un hélico et s’envole aux secours des quatre infortunés NavySeals. Arrivé au-dessus
des lieux de l’affrontement à bord de son destrier des airs, le capitaine
Barbafurax, jette un regard perçant sur les montagnes par la porte arrière
grande ouverte de l’hélicoptère, afin de repérer ses hommes en détresse. Tout
ce qu’il repère malheureusement est un vil taliban qui lève un lance-roquette
vers son appareil. « Attention les gars, y-en a un qui… » seront ses
derniers mots, avant que l’hélicoptère n’explose, projetant des débris
métalliques et des poils de barbe partout sur la montagne.
Voyant
le puissant engin et une escouade entière réduits en miettes par un afghan
analphabète équipé d’un tromblon anti-aérien soviétique des années 80, Barbumarc,
le seul survivant (d’où le titre du film, c’était donc ça !), ne demande
pas son reste et s’enfuit en chouinant dans la montagne. Apeuré et épuisé, il
se jette dans un marigot pour prendre le frais, en abandonnant prudence, bardas
et M-16 derrière lui sur la rive. Tandis qu’il sort la tête de l’eau en
secouant ses cheveux comme dans une pub Tahiti douche il aperçoit avec horreur
un enturbanné et sa famille qui le hèle sur l’autre rive, alors que les
clameurs des poursuivants se rapprochent. « Je suis foutu, pense
Barbumarc, adieu base-ball, course à pied, bibine et bite au cirage ! J’aurai
même pas le temps de bizuter Gropoussin ! » Mais Barbumarc a bien de la
chance. L’Afghan qui lui fait signe est un fait un gentil qui est en désaccord
avec la politique de la violence menée par les talibans et l’inclinaison très
fortement traditionaliste de leur projet de société qui cadre mal avec ses
aspirations personnelles au vivre-ensemble et son sens de l’hospitalité. Notre
Afghan, de plus, a le regard doux et compréhensif, nous l’appellerons donc
Barbidoux. Avec
l’aide de Barbidoux, Barbumarc est caché dans le village des Afghans. Il se
soigne en se retirant de la cuisse des morceaux de shrapnels gros comme des
bras de bébé et apprend les rudiments de la langue locale avec le fils du
patron. « Va donc me chercher un couteau », demande-t-il, mimant une
estocade en se frappant la poitrine du poing. Le gosse lui ramène en
moins de deux un poulet. C’est pas gagné pour la langue locale.
Les
talibarbus ne tardent cependant pas à retrouver la trace de Barbumarc et
ordonne à Barbidoux, qui doit être le chef du village, de livrer son hôte. Ni
une, ni deux, celui-ci refuse catégoriquement et envoie paître le chef de
guerre taliban. On ne rigole pas avec l’hospitalité chez les Afghans. S’ensuit
alors la scène d’anthologie : l’attaque du gentil village des
Pachtoubarbus par les méchants talibarbus. Dans la bataille, Barbidoux fait la
peau à Ahmad Shah tandis que Barbumarc se trouve aux prises avec un autre
taliban sur le point de lui poinçonner la tête avec sa dague acérée.
« Poulet ! Poulet ! », hurle-t-il à l’adresse du fils du
patron…qui lui ramène un couteau avec laquelle il se débarrasse illico du
taliban. Barbumarc a enfin compris les subtilités de la langue afghane.
La
cavalerie des airs américaine ne tarde pas à intervenir et transforme cette
fois les talibarbus à découvert en pâté de fanatique. L’héroïque Barbumarc s’en
tire à bon compte et trouve encore la force de remercier son bienfaiteur
Barbidoux : « Merci mec de m’avoir protégé au péril de ta vie et de
celle de ta famille. Dans les prochains jours, les talibarbus vont sans doute revenir
pour te faire la peau, violer ta femme, éventrer tes enfants et foutre le feu à
ton village mais désolé faut qu’on y aille nous, on peut rien pour toi, hasta
la vista baby et merci pour le poulet ! » Les hélicos s’envolent, Barbumarc est sauvé et nous rappelle en voix off qu’il ne faut jamais cesser le
combat. Le générique fait défiler les photos des authentiques soldats qui
trouvèrent la mort au combat lors de l’opération Red Wings. Le cinéma
américain a cette grande force qu’il peut se permettre de se livrer sans
retenue aux exercices d’autocélébration patriotique les plus excessifs, à partir
du moment ou une mise en scène tout à fait efficace fait passer la pilule. On
est pas ici pour se lamenter sur les horreurs de la
guerre mais pour célébrer ceux qui sont morts pour la patrie et faire savoir à
l’ennemi que l’armée américaine n’abandonne jamais ses combattants. Vae
Victis.