Le bras de fer entre
l’exécutif et les ministres rebelles aura eu des conséquences inédites :
Benoit Hamon devient ainsi le premier ministre de l’éducation nationale qui se
voit privé de rentrée des classes. La présidence Hollande envoie bien des
signes de fébrilité depuis l’élection de 2012 mais on conviendra quand même
qu’un ministre de l’éducation qui prend la tangente et fait l’école
buissonnière à cinq jours de la rentrée, ça ne fait pas très sérieux. Même les
syndicats semblent un peu désorientés : "Les choses commençaient à
cette rentrée. On n'a pas eu le temps d'avoir sa philosophie sur le rôle de
l'école », se désole presque Bernadette
Groison, secrétaire générale de la FSU. Il faut dire qu’en cinq petits mois
de présence, Benoit Hamon aura tout juste eu le temps de reprendre le
cafouillage sur les rythmes scolaire là où Vincent Peillon l’avait abandonné,
de retarder une éventuelle refonte des programmes, de retarder la pré-rentrée
qui avait été avancée, de ranger au placard l’ABCD de l’égalité et de lancer en
l’air l’idée de faire disparaître les notes à l’école. Finalement, ce ne sont
pas les notes qui ont disparu, c’est le ministre. Si on se laissait tenter par
l’humour de potache, on pourrait plagier Brice de Nice : Benoit, t’es
comme le H de Hamon, tu sers à rien !
Cela dit, le gouvernement
de Valls I n’a, dans son ensemble, pas non plus servi à grand chose. Manuel
Valls voulait un « gouvernement de combat », il l’a eu : tout le
monde s’est castagné dans tous les sens et l’empoignade se termine par au moins
trois sorties de terrain : Montebourg est invité à aller redresser le
redressement ailleurs, Filippetti se fend, pour annoncer son départ, d’une lettre
ouverte qui fait à l’avance frémir les puristes de l’orthographe et Benoit
Hamon pourra se consoler en devenant délégué des parents d’élèves à la
prochaine rentrée. C’est qu’il n’est pas commode Manuel, le nouveau CPE !
Et comme il a viré tout le monde, à lui maintenant de composer une nouvelle dream
team qui ne se montre pas aussi embarrassante que la précédente. Lourde
responsabilité ! Notre cher président l’a doucereusement prévenu, il
faudra cette fois composer « une équipe en cohérence avec les orientations
qu'il a lui-même définies pour notre pays ». Voilà qui n’est pas évident mais
on pourrait suggérer à Manuel Valls la composition suivante, afin d’éviter tout
risque de nouvelle implosion la veille de la rentrée, ce qui ferait vraiment
désordre :
Premier ministre :
Manuel Valls
Ministre des affaires
étrangères : Leonarda
Ministre de l’écologie et
du développement durable : Bob l’éponge
Ministre de l’éducation
nationale, de l’enseignement supérieur et de la recherche : Nabila
Garde
des sceaux et ministre de la justice : Jérôme Cahuzac
Ministre des finances et
des comptes publics : Manuel Valls
Ministre de
l’économie, du redressement productif et
du numérique : Pierre Gattaz
Ministre des affaires
sociales et de la santé : Dany Boon
Ministre du travail, de
l’emploi et du dialogue social : Didier Deschamps
Ministre de la
défense : Yannick Noah
Ministre de
l’intérieur : Manuel Valls
Ministre des droits des
femmes, de la ville, de la jeunesse et des sports : Najat Vallaud-Belkacem
Ministre de la
décentralisation et de la fonction publique : Manuel Valls
Ministre de la culture et
de la communication : Manuel Valls
Ministre de l’agriculture,
de l’agro-alimentaire et de la forêt, porte-parole du gouvernement :
Manuel Valls
Ministre des logements et
de l’égalité des territoires : Manuel Valls
Ministre des
outre-mer : Manuel Valls
Il sera ainsi plus facile
de former un gouvernement qui soit en cohérence avec les orientations qu’il a
lui-même définies pour notre pays.
Plus qu’à trouver les orientations.
Egalement publié sur Causeur.fr
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