La
vacuité des élections présidentielles est le reflet parfait d’une société entièrement
soumise à la marchandise ; il n’y règne qu’une seule valeur : la
matière, le quantitatif, le nombre. Pour le dire clairement, la valeur citoyenne
par excellence est désormais devenue celle des chiffres que l’on peut aligner
au bas de son compte en banque et de leur traduction en termes de patrimoine
immobilier. Et il faut avouer que dans ce domaine les plus résolus, les plus
forcenés, les plus impitoyables ne se situent pas au bas de la pyramide sociale
mais à son sommet : ce ne sont pas les « petites gens », souvent
considérés comme jaloux voire haineux vis-à-vis de ceux qui les dominent, mais bien
les gens d’en haut qui jettent des regards fielleux vers cette piétaille qu’il
faut sans cesse rappeler à l’ordre, c’est-à-dire éduquer aux bienfaits de la
mondialisation. En cela, la phrase du milliardaire Warren Buffett est la
traduction parfaite de leur état d’esprit : « Il y a bel et bien une guerre
des classes mais c’est ma classe, la classe des riches qui fait la guerre et c’est
nous qui gagnons ».
Aussi
la montée soudaine du candidat de la gauche radicale, Jean-Luc Mélenchon, dans
les sondages a-t-elle provoqué un véritable sentiment de panique chez les
comptes-en-banque bien garnis. La nomenklature médiatique s’est naturellement
fait le relais de cette peur en coinçant le Mélenchon sur les zones d’ombre vénézualesques de son programme. Toujours revenir aux fondamentaux de la haine de classe pour
rappeler aux « pouilleux » d’où ils viennent : des terres sèches
et arides d’une Amérique latine ruinée ou des heures les plus sombres de l’histoire…
C’est du pareil au même !
Pourtant,
avec près de 9 millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté (!)
auxquels il faut ajouter un nombre sans cesse croissant de travailleurs très
modestes (ouvriers, employés, agents administratifs, etc.) et une classe
moyenne en voie de paupérisation accélérée, c’est un véritable vent de révolte
qui souffle sur la France. Seule la classe ultra minoritaire des « très
riches » continue de prospérer dans le casino mondial tandis que la classe
moyenne supérieure se maintient à la surface des eaux et que toute une cohorte
d’héritiers et de retraités se recroqueville sur un mode de vie encore relativement
confortable. A ce petit jeu, il est clair que le nombre des pauvres et
apparentés l’emporte sur celui des riches et des possédants – le ratio
passerait progressivement de 60/40 à 70/30 !
Dans
ce contexte, on saisit avec plus ou moins d’effroi – c’est selon – la fragilité
sur laquelle repose tout l’édifice social, sachant que 100% des responsables
politiques, économiques, médiatiques, culturels, etc. appartiennent évidemment
à la classe d’en haut. Heureusement qu’une bonne partie des très pauvres a tout
simplement déserté la scène électorale. Il reste que les enjeux de l’élection
présidentielle se réduisent aujourd’hui à cet antagonisme viscéral, à peine
recouvert de quelques nappes idéologiques : ceux qui ont à perdre versus ceux qui n’ont plus rien à perdre.
« Nous ne sommes ni de gauche ni de droite, nous sommes ceux d’en bas contre
ceux d’en haut ! » avertissait l’un des slogans de Podemos. S’il est
peu probable que les populistes ne gagnent la partie cette fois-ci, il est
encore moins probable que ceux qui l’emportent ne fassent en sorte que la
situation ne s’améliore pour un peuple qui, décidément, n’est pas fait pour la
démocratie. C’est pourquoi, tôt ou tard, la guerre des classes aura bien lieu !
bravo pour cette bafouille, les idiots
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