La
rédaction d’Idiocratie
tient à présenter ses plus sincères excuses aux lecteurs.rices qui
auraient pu être choqué.e.s par cette
performance de l’artiste californien Boyd Rice. Elle souhaite
également leur présenter ces quelques éléments d’explication
qui leur permettront, elle l’espère, d’appréhender au plus juste
cette démarche artistique atypique laquelle, pour être radicale,
n’en est pas moins hautement polysémique, riche en sens et en
interprétations multiples autant par son goût de l’ellipse, de la
provocation, que par sa préférence marquée pour l’inachevé.
C’est
peu dire que Boyd Rice gêne. En fait, Boyd Rice dérange et ce
dérangement est à bien des égards significatif. Significatif car
questionnant. Comment, en effet, comprendre cette brève performance
sonore? L’erreur serait de s’en tenir à la supposée gratuité
de l’agression verbale, de n’y voir qu’une lourde démonstration
d’ironie visant, une fois de plus, à présenter la féministe
comme une incorrigible peine à jouir, à jamais réticente à la
fellation, alors même - et elles sont des millions à le prouver
chaque jour - qu’elle sait la pratiquer hardiment, en tout lieu et
à toute heure, dans la vraie vie comme sur son lieu de travail. Non,
Boyd Rice se moque avant tout, avec cette froideur menaçante qui lui
est propre, de nos fausses valeurs, préjugés et idées reçues. Ce
sont nos biais cognitifs qui sont ici frontalement interrogés et
raillés dans une vertigineuse mise en abyme qui apparaît pour ce
qu’elle est : l’infernale chambre d’échos de la
non-pensée inégalitaire. Les rires de la fin de l’enregistrement
ne doivent donc pas tromper : ils sont ceux du white
male de demain - ou plutôt
d’après-demain, lequel, parfaitement conscientisé, aura enfin
appris à rire de bon coeur de son machisme d’antan, de ses
archaïques réflexes, de sa brutalité innée, que trop d’entre
nous, aujourd’hui encore, feignent de croire éternel.e.s. En
convoquant cette œuvre de Boyd Rice, Idiocratie
a donc souhaité, à sa manière,
délivrer un message d’espoir à toutes les féministes en colère.
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