Geoffroy
Delacroix, fondateur de Dernière volonté en 1994, vient de sortir un excellent album
« Frontière » après trois années de silence. C’est l’occasion de
remettre en perspective ce groupe de dark wave qui oscille entre poses
romantiques et tonalités martiales. A
des débuts industriels, avec une musique instrumentale qui évoquait les
tourments de la
guerre, Dernière Volonté a
progressivement substitué une sorte d’électropop aux accents néoclassiques et à
la voix langoureuse, comme si Death in June rencontrait Etienne Daho, Taxi Girl se shootait à Suicide.
Bref, une combinaison improbable entre un chant innocent, des paroles désenchantées,
une atmosphère hypnotique
et des passages tribaux quasi-chamaniques. La mutation musicale de DV apparaît donc aujourd'hui comme une
véritable rupture avec l'époque d'« Obéir et Mourir», son premier disque paru en 1998. Son dernier album « Frontière », accentue
encore la dimension synthpop et se rapproche de son deuxième projet, Position Parallèle, nettement plus
électronique. On y retrouve ces thèmes de prédilection : la mélancolie, la
solitude, les amours désabusés, le désespoir, etc. Geoffroy Delacroix livre son
travail le plus personnel avec une esthétique qui se tourne résolument vers les
années électro vintage et des textes qui s’abreuvent à la poésie d’Eluard et
d’Apollinaire. L’on plonge dans « Frontières » avec douceur, bercé
par de sombres volutes néoromantiques, comme si les années 80 avaient accouché
d’un cabaret gentiment nihiliste. On n’en ressort pas intacts.
Brieuc Müller
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