L’Incorrect est
un magazine d’idées lancé en septembre 2017. Comme son titre le laisse
supposer, le mensuel dirigé par l’essayiste Jacques de Guillebon fait peu de
cas du politiquement correct. Au moment du lancement de la revue, le très
bien-pensant journal La Croix la
décrivait comme une initiative visant à « briser le cordon sanitaire qui
isole le Front national en le séparant de la droite » et, logiquement, comme
une publication se situant « entre droite et extrême-droite ».
Diantre ! C’est vrai que dans les milieux du journalisme rampant, on aime
bien que les idées restent flotter à la surface des eaux, comme des étrons.
Ainsi, tout le monde peut s’en délecter et à l’occasion en distiller le fumet
dans les salons de la libre parole.
La
dernière couverture de L’Incorrect a
donc logiquement froissé quelques susceptibilités et amené à en empêcher
l’affichage sur les kiosques de presse. Cette décision, comme le précise
Jacques de Guillebon, dans la dernière lettre quotidienne du journal (L'incotidien
abonnez-vous, elle est excellente), n’a pas été prise par les services de
l’Etat sous la pression de quelques associations ou ligues de vertu politique.
Non pas. La couverture de L’Incorrect a
été censurée « par le principal propriétaire de kiosques dans la région
parisienne qui dispose d’un quasi-monopole de fait, Mediakiosk, filiale du
géant JC Decaux. » Heurtés par la « une » un peu trop
remigrationniste, JC Decaux et sa filiale Mediakiosk ont pris au mot la devise
ironique du journal : « Faites-le taire ! » L’ironie est
devenue mot d’ordre. La couverture de L’Incorrect
a disparu des kiosques. Et la censure s’est démocratisée, désormais à la
portée de n’importe quelle société privée.
Les
âmes molles s’en frotteront les mains. Peu importe d’où qu’elle vienne, la
censure est toujours bonne à prendre quand il s’agit d’empêcher
l’antépénultième retour de la bête immonde. En la matière, JC Decaux est plus
prosaïque, il sait que la publicité est aujourd’hui idéologique et tourne
autour d’une seule et même rengaine : dénoncer le racisme sous toutes ses
formes. C’est bon pour les affaires, point à la ligne. Or, le « n°1
mondial de la communication extérieure » compte dans ses principaux
actionnaires des géants tels The Capital Group
Companies ou The Vanguard Group, deux des trois plus importants fonds de
pension au monde qui ne sont pas des entités connues pour leurs sympathies
souverainistes, moins encore remigrationnistes. En France tout
particulièrement, les élites doivent s’abreuver quotidiennement à la soupe
diversitaire sous peine de voir leurs rétributions en partie coupées. Récemment,
le journal Le Monde s’est encore cru
obligé de se fendre d’une tribune déplorant le retoquage par le Conseil
Constitutionnel de la liberticide Loi Avia. Comme JC Decaux, Le Monde aimerait bien que les médias et
Internet restent sur la ligne de flottaison, sans remous, à la surface, comme
des étrons libres.
Exit
les discours de haines, bienvenue à la seule parole de connivence, rampante et
repentante. Toute la cohorte des suiveurs appointés n’imaginent même plus qu’il
puisse exister une contradiction dans l’arène publique. Les réseaux sociaux
sont justement là pour servir de défouloir sous le contrôle méticuleux des
grands groupes privés à qui l’on délègue le rôle de tenir en laisse la liberté
d’expression. La démocratie libérale, en refoulant au plus profond
d’elle-même les principes dont elle est issue, s’écroule lentement sous le
poids des intérêts de toutes sortes. Une nouvelle fois, la police privée des
étrons a agi de son propre chef sous l’œil torve et apeuré des responsables
publics. Bon dieu, faites-les taire, une bonne fois pour toute !
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