Grishka Bogdanov est mort un 28 décembre, comme
Lemmy Kilmister, auquel Idiocratie rendait hommage il y a tout juste six ans.
De même qu’à l’égard de Lemmy, nous avons une dette envers Grishka Bogdanov,
et son frère aîné, Igor.
Igor Yourevitch Ostassenko Bogdanov et Grégoire
Yourevitch Ostassenko Bogdanov sont arrivés sur terre un 29 août 1949, Igor
quarante minutes avant Grishka, à Saint-Lary, dans le Gers, le département où
le couturier Paco Rabanne prévoyait cinquante ans plus tard que la station
spatiale russe Mir devait s’écraser. Grishka Bogdanov prévoyait lui de vivre
jusqu’à 120 ans mais sa prédiction ne s’est pas plus réalisée que celle du
couturier espagnol et le cadet des jumeaux cosmiques s’est éteint à 72 ans,
emporté par le Covid vers d’autres sphères.
Contrairement à Paco Rabanne et à l’instar de
Lemmy Kilmister, Grishka Bogdanov fait partie des boomers qui auront laissé un
héritage précieux à la génération suivante. L’émission Temps X, animée par les deux frères du 6 avril 1979 au 27 juin
1987, fait partie des quelques OVNIs qui sillonnaient encore le
ciel télévisuel dans les années 1980, avec Téléchat,
de Roland Topor, une autre bizarrerie cathodique qui aura fasciné quelques
jeunes téléspectateurs de 1983 à 1986. Temps
X, créée par Jacques Mousseau, directeur des programmes jeunesse pour Tf1,
a, elle aussi, laissé une marque indélébile dans les esprits de la « génération
X », qui a pu découvrir ainsi La
quatrième dimension, Le Prisonnier ou Cosmos
1999, autant de trésors encore inédits à la TV française à l’époque.
Chaque semaine, sous la conduite des jumeaux
Bogdanov sanglés dans leur combinaison aluminium, et dans le décor futuriste d’un
vaisseau spatial piloté par Franck Dubosc – dont ce fut la première apparition
à l’écran – Temps X embarquait ses
fidèles dans une dimension étrange, au pays de la relativité ou des paradoxes
quantiques, à la découverte de la vie extraterrestre et de l’espace lointain.
Avec Gérard Klein, Jacques Bergier, Jacques Goimard, Serge Brussolo pour la
littérature, Métal Hurlant et
Jean-Pierre Dionnet pour la bande dessinée, les Bogdanov font partie d’une
constellation d’originaux qui ont permis à la SF de sortir de son placard en France,
pays cartésien, rationnel, nombriliste et chiant.
Années bénies… A l’époque de Temps X, Internet existait à peine ou du moins représentait encore une forme d’ailleurs fascinant. On pouvait encore s’en remettre à Ray Bradbury, Isaac Asimov, Philip K. Dick ou William Gibson pour se figurer un futur incertain et embarquer dans le vaisseau de Temps X pour laisser l’imagination voyager jusqu’aux confins du temps et de l’espace. Quarante après les débuts télévisuels de Temps X, Wikipédia a remplacé l’imagination et on ne parle plus de science-fiction mais de complotisme. Bon voyage à toi Grishka Bogdanov, tu as bien fait de dire adieu à cette époque de merde pour aller explorer de meilleures dystopies que la nôtre.
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