Toute la politique sanitaire du gouvernement se résume – et se consume – dans les images debordiennes du « spot TV » dédié à la promotion de la vaccination, lesquelles ont tourné en boucles sur tous les écrans-amis, publics et privés, à toute heure de la journée, accompagnant ainsi chaque bon-citoyen dans sa lutte infatigable contre un virus qui lui avait déclaré la guerre, pas moins. On y voyait, dans les fausses couleurs à la fois criardes et doucereuses de la réalité numérique, quelques acteurs en carton-pâte assis autour d’une table de salon de jardin, comme dans un barbecue à l’américaine, deviser des avantages de la vaccination. Le clip se terminait par un slogan qui symbolise à lui seul la transformation du monde en une modélisation simulée : « On peut débattre de tout sauf des chiffres ».
En effet, les chiffres, par lesquels la gouvernance impose sa réalité dédoublée, sont devenus les signes, aussitôt transformés en normes, d’une biopolitique qui s’occupe de la préservation de la vie nue – et non du vivant – par le marquage chimique des corps. Or, la caractéristique du chiffre, élevé au rang de statistiques puis mis en série par le complexe algorithmique, est justement de ne rien dire sur la vie vécue par nature instable, profuse, contradictoire, bref anarchique. C’est pourquoi chacun peut brandir le totem du chiffre, à l’instar du gouvernement, pour démontrer tout et son contraire. Ne nous en privons pas, lançons les dés comme dirait Luke Rhinehart.
Les premiers chiffres sont prodigieux et démontrent si besoin était que le virus a fait quelques heureux, au moins quantitativement parlant, évidemment chez les industriels.
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- BioNTech-Pfizer : un
« pactole » de 78 milliards
- - Johnson et Johnson : 94 milliards
- - Moderna : 18,5 milliards « grâce » au vaccin
- - Astrazeneca : 15,5 milliards
- - Nombre de doses achetées par l’UE à Pfizer : 1,8 milliards
- - Nombre total de doses achetées par l’UE : 4,8 milliards
D’autres chiffres, en dépit de la formule précédemment rappelée, ont eu la chance de faire l’objet de nombreuses discussions, et pour cause, ils ne reflètent pas la même réalité que celle du gouvernement.
- - Pourcentage de guérison du COVID : 99,5 %
- - Pourcentage de guérison chez les plus de 70 ans : 95,4%
- - Pourcentage d’hospitalisations COVID en 2020 : 2%
- - Pourcentage des réanimations COVID : 5%.
- Nombre de lits fermés en 2020 : 5700
Il faut également compter avec les chiffres qui varient en fonction des études comme le temps en fonction des saisons.
- - Efficacité du vaccin Pfizer : 90% puis finalement 50% et sans doute moins en fonction de la durée prise en compte.
- - Pour la contamination, les chiffres jouent à la pirouette et changent d’angle : un rapport de 1 à 10 (par rapport aux non-vaccinés) selon la mathématique gouvernementale.
- - Pour la troisième dose, efficacité du turbo-booster : plus de 90% ; durée : inconnu. Variant : inconnu.
- - Décès liés au variant Omicron : 0.
Enfin, il y a les chiffres qui se dérobent à la vue des experts et qui doivent bien exister quelque part, dans un tableau, dans une étude, dans un ordinateur. Les chiffres ésotériques qui « parlent » au travers de leur effacement.
- - Pourcentages de COVID longs : 20% cinq semaines, 10% trois mois et après ?
- - Proportion des effets indésirables liés aux vaccins : ?
- - Décès après le vaccin : sur ce point, les chiffres sont nets, sans discussion possible : 0.
- - L’efficacité des anticorps naturels : élevée…
- - Proportion de vaccinés pour atteindre l’immunité collective : ?
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On le voit, une batterie de chiffres ne signifie rien sans contextualisation, comparaisons, interprétations, discussions, etc. C’est pourtant ce à quoi les citoyens ont dû se plier pour que leurs vies soient immunisées, leurs corps protégés et leurs mondes confinés. A l’approche des fêtes, une nouvelle ribambelle de chiffres nous prévient qu’il faut désormais « sauver Noël » (comme autrefois le soldat Ryan) et protéger leurs principaux bénéficiaires, les enfants, d’eux-mêmes. Ils sont sûrement moins salauds que les non-vaccinés mais tout aussi contagieux et, à certains égards, plus vicieux (par leur approche enfantine de la vie). Gageons que le père Noël gouvernemental saura remédier à cette irresponsabilité en glissant dans sa hotte quelques doses salvatrices de vaccins, pour eux, pour nous, pour tous. Les chiffres le disent, amen.
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