« Les principes de légitime
défense et de poursuite des agresseurs responsables des dommages causés
constituent les piliers de toute intervention militaire. C’est la raison pour
laquelle la décision de l’intervention
militaire devrait être mise dans les mains de juges et non pas dans les mains
d’hommes politiques prêts à user d’une armée de citoyens ou de
professionnels pour satisfaire les intérêts privés de ceux qui les ont portés
au pouvoir et très souvent pour conforter leur propre pouvoir politique.
Rappelons que l’usage de l’armée allemande est dans les mains de la cour
constitutionnelle allemande (et non du gouvernement comme le suggère les
journalistes mal informés). C'est aussi une différence essentielle avec la
théorie de la guerre juste. Le "juge" ou l'"arbitre" et les
assureurs dictent les termes de la "guerre juste" et du principe de
réparation qui s'ensuit. Il n'y a pas de différence entre un crime ordinaire et
une agression par des hommes d'Etat.
Cette
question en soulève une autre : celle de la responsabilité des hommes
politiques qui engagent les agressions ou qui commanditent des guerres. Ils
n'agissent pas par eux-mêmes mais commandent, donnent des ordres. Cette
responsabilité est-elle pleine et entière ou bien réside-t-elle partiellement
ou en totalité dans les mains de ceux qui exécutent leurs ordres ? La réponse
est que cette responsabilité repose
entièrement dans les mains de ceux qui exécutent les ordres et non dans les
donneurs d'ordre. Là aussi il existe une différence essentielle avec la
théorie de la guerre juste. Ce sont les exécutants qu'il faut sanctionner parce
qu'ils sont responsables de leurs actes et qu'ils doivent désobéir aux ordres
quand ceux-ci violent les droits individuels de tiers innocents. La désobéissance civile ou militaire est
la règle que les individus doivent suivre pour empêcher un gouvernement de
se lancer dans une guerre "injuste". »
Tiré de: Bertrand Lemennicier , « La
notion de guerre ». Professeur agrégé des Facultés de Droit et Sciences
Economiques, Université de Paris II, Directeur du LEP (Laboratoire d'Economie
Publique/3DI), Janvier 2003.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire