Après le Maire de Province,
Alain Soral, L'intégriste, François Pinault et le tueur en série,
voici un sixième portrait imaginaire consacré à Tariq Ramadan. Comme leur nom l'indique, ces portraits sont
fruits de
l'imagination et n'ont d'autre prétention que de mettre en lumière les
archétypes représentés par les figures humaines, médiatiques ou
politiques qui leur tiennent lieu de prétextes.
Son
air de levantin précieux pourrait nous le faire prendre pour un méchant de
Tintin, s’il était moins beau. Distingué, son élégance sobre tranche avec un
temps qui ne conçoit de l’apparence que l’outrance ou le débraillé, et nous
laisse deviner dans sa façon de se vêtir toute la profondeur d’une
civilisation. Jusqu’à peu notre monde considérait celui des ses ancêtres comme
une menace et à plusieurs siècles d’aujourd’hui les choses étaient plus
claires ─ Conquérant ou
envahisseur jamais nos aïeux n’auraient osé lui faire l’affront d’être une
taupe ! Mais chez nous, c’est aussi chez lui, et malgré sa culture
lunaire, il est né là où le soleil meurt. Attaché à Mahomet comme nous jadis au
Christ, et comme les Juifs à leur D., on ne saurait lui reprocher de vouloir le
retrouver, loin du désert, sous nos climats tempérés. Pour ces raisons certains
l’accusent de tenir un double discours, de prêcher le blanc tout en rêvant du
noir et de se présenter en laïc lors qu’il serait un agent de l’Islam international.
Pauvre univers que le nôtre, incapable de comprendre que
chaque amour n’est pas d’un ordre semblable et que les religions transcendent
les pays où elles s’incarnent sans pour autant vouloir les détruire. Et puis
s’il sait changer de ton, c’est qu’il ne s’adresse pas pareillement aux uns et
aux autres et que son public varie. L’art de la rhétorique est une forme de
politesse, qu’il maîtrise jusqu’au sublime, car si les sophistes n’ont pas la
vérité pour but, ils ne disent pas forcément toujours le faux !
Justement, il est plutôt clair et, à
moins de voir dans une variation de tessiture la naissance d’un mensonge, quand
il s’exprime c’est pour tenir toujours parole identique : ses frères
doivent s’adapter au monde qui les environne, et nonobstant les habitudes
qu’ils confondent souvent avec un devoir religieux, retrouver dans la modernité
le message intemporel du Prophète. Il les exhorte à honorer la véritable
religion dépouillée de ses oripeaux culturels, y compris si pour ce faire
quelques rites passent à la trappe ou restent sur le continent où ils sont nés
et que leur foi a traversé. Mais l’Islam n’a pas vocation à demeurer portion
congrue et faute de se renier préfère s’étendre. Implore-t-il alors la
guerre ? Désire-t-il la violence purificatrice qui accouchera en Occident
le Coran par le cimeterre ? Pas du tout ! au contraire, il sait le
temps de son côté, et que, la nature abhorrant le vide, bientôt les terres
athées accepteront pacifiquement le Miséricordieux, à l’instar d’un orphelin
qui ayant oublié à quoi ressemblait son véritable père accueillera n’importe
lequel de celui qui voudra bien remplir ce rôle, fut-il son ennemi autrefois…
Dès lors, sans rien à défendre que le néant, comment lui reprocher de vouloir
prendre la place du vide, même si ce vide c’est le nôtre ? Pourrait-on
d'ailleurs se demander qui de lui ou de ses adversaires tient vraiment
un double discours, qui, de celui qui refuse sa mort et de l’autre qui se sait
vivant, ment ?
En temps de guerre, la ruse est permise.
RépondreSupprimerTarik Ramadan.