samedi 30 juillet 2016

Portraits imaginaires (7) - Marc-Edouard Nabe

« On dirait que dans les portraits qu’ils tracent de leur contemporains il s’attachent à nous montrer la manière dont s’incarne, se prolonge et s’individualise le péché d’origine. » Emil Cioran

La série de portraits imaginaires se poursuit, dans laquelle on reconnaîtra selon l'humeur un trait de caractère, un vice, un personnage imaginaire ou réel, ou les deux à la fois. Aujourd'hui: Mar-Edouard Narbe.


Moins figure littéraire que portrait warholien, le symbole d'une époque préférant l'auto-proclamation au jugement et le spectacle à la rigueur de la chose littéraire, il est si peu profond qu'une phrase suffirait à définir ce qu'il appelle son sacerdoce d'écrivain : « ce n'est pas une œuvre c'est une pose ! ». Il aime le jazz, c'est certain, parce que c'est son goût mais peut-être plus encore parce qu'il n'est pas meilleur style où briller quand on est vulgaire et que la technique, même foisonnante, même merveilleuse, n'y atteint jamais la dimension martiale qu'on rencontre dans la grande musique ou dans le rock extrême, qui s'y expose quant à lui jusqu'au ridicule. C'est la possibilité offerte de prouver sa virtuosité sans en assumer les conséquences et prononcer pour quelques élus des paroles savantes inutiles à entendre. Quoique virtuose il ne le soit pas et, Céline à la petite semaine, l'encre de son oralité tâche ses pages de merde, de pisse et de sperme stérile, bref, d'excréments seulement ; il transforme, alchimiste inutile, en boue la boue...
Hormis Céline, avec lequel il partage sa substance d'escroc, il se réclame d'autres maîtres tels que Bloy, Nietzsche ou Rimbaud, ce qui ne laisse d'étonner un regard probe, car en face de Bloy ses vociférations semblent pleurnicheries de gamin, seul le Rimbaud des Accroupissements évoque éventuellement une parenté au rabais, et jamais celui des Illuminations ni celui des enfers allant le soleil et la mer pour y découvrir l'éternité ; Quant à Nietzsche, que déjà les fards lourds de Wagner épuisaient, ce n'est guère présumer de son dégoût facile que de s'imaginer l’interdiction qui le saisirait face à pareil héritier. Mais Nabe les désire ses aïeux, moins selon les lois mystérieuses de la descendance artistique que parce que cela fait bien et que dire, pour vanter son inspiration : « Nietzsche, Rimbaud et bloy », oblige ses lecteurs à rasséréner leur critique devant cette lignée majestueuse.
Évidemment d'eux il ne garde que les clichés et c'est dans le nauséabond qu'il veut les égaler, mais il demeure trop malin pour se livrer aux affres de la lubie (à l’instar de ses anciens camarades en tête desquels Alain Soral qui lui reproche au final d'être moins con que lui et d'avoir réussi là où il a échoué) sans la caricaturer elle aussi dans la pose. Ainsi, son antisémitisme annoncé à brûle-pourpoint sert de cache-sexe à l'impéritie d'un style qu'il ne possède pas et qu'il confond avec le jeux de mot trivial. Fin comme un moderne, il jette en pleine lumière l'infâme, aveugle ses adversaires et dissimule dans l'ombre sa vraie nature, celle d'un mauvais écrivain à la langue vulgaire, à la syntaxe inaboutie, celle d'un écrivain contemporain....




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