A
gauche, à droite, sur les bords et au milieu, tout le monde le
reconnaît, cette campagne présidentielle 2017 c'est du grand
n'importe quoi. Après que les électeurs aient
flingué les ténors des grands partis en confondant primaires et
concours de ball-trap, les petits nouveaux en ont profité pour s'en
donner à coeur joie, Hamon passant l'arme vraiment à gauche pour
aller turlupiner Mélenchon dans son pré carré révolutionnaire et
Fillon s'envolant vers les cimes de la consécration tatchéro-gaullienne. Adieu, veaux, Valls, cochons ! Place à la
radicalité nouvelle, aux candidats sociétaux, au choc des titans,
Le candidat de la Manif Pour Tous contre celui de Nuit Debout !
Mais
en France, pas moyen de s'amuser, il a fallu que la justice s'en mêle
et vienne gâcher la fête. D'autant que l'Elysée, conscient que la
ligne PS s'évaporait entre le défunt vallsisme et l'hamonisme
évaporé, avait semble-t-il choisi son candidat de rechange et
décidé de lui donner un petit coup de pouce en laissant tomber le
vilain petit Benoît et en lâchant quelques canards bien déchaînés
et des juges fort opportunément remontés à bloc aux trousses du
trop droitier Fillon. Celui-ci
apprit donc à ses dépens que se lancer dans une campagne
présidentielle en jouant les défenseurs de la vertu est un jeu dangereux.
Cela revient à peu près à se jeter dans une fosse à purin avec un
costard blanc et s'étonner après coup que ça tâche. Voilà donc
le blanc Fillon abattu en plein vol, crotté comme un porcelet au
salon de l'agriculture, plus faisandé qu'une tranche de bœuf sur un
étal en fin de marché, embroché par l'épée de la justice et rôti
comme un poulet sur le grill médiatique.
Aujourd'hui
c'est dimanche, c'est le jour du Seigneur. C'est aussi peut-être
aussi le jour de la Résurrection pour François Fillon que beaucoup
voient déjà mis au tombeau. On appréciera au passage la fidélité
et le sens de l'honneur de l'animal politique. Sur le compteur mis en
ligne par ces salauds de Libé,
on
dénombre 258 lâchages avec en tête de liste Bruno Le Maire, qui
déclarait à propos de François Fillon, dans le Grand
Rendez-vous,
sur Europe
1,
le 20 février : « S'il a décidé en âme et
conscience d'aller jusqu'au bout dans cette campagne, c'est qu'il
sait que dans tout ce qui lui est reproché, rien ne justifie qu'il
soit mis en examen. » Comme le temps passe ! Cela, c'était
il y a deux semaines, autant dire une éternité ! Maintenant
que le glaive de la mise en examen s'est abattu sur le couple Fillon,
tous les amis de trente ans et les bons camarades se carapatent et se
jettent hors du Titanic
de
la droite filloniste,
en
espérant bien être repêchés par les deux autres navires amiraux,
le vieux croiseur Juppé
et le porte-avion Sarkozy
qui
naviguent pour le moment à bonne distance de ces eaux
dangereuses...Même Thierry Solère, le fidèle des fidèles, s'est
jeté à toute vitesse dans un canot de sauvetage.C'est moche...Maigre consolation, dans un océan de malheur, Henry de Lesquen annonce qu'il retire sa candidature au profit de François Fillon pour "aider ce dernier à lutter contre l'oligarchie cosmopolite". On aurait plutôt tendance à nommer ça un coup de grâce plutôt qu'un coup de main. Mais qui sait ? Peut-être que Jean-Luc Mélenchon va se décider à rejoindre à son tour le nouveau camp des insoumis ? Ou alors il enverra au moins son hologramme.
Et
s'il n'y avait que les juges, les canards déchaînés et les
faux-alliés politiques pour déprimer le pauvre François
Fillon...Mais les internautes s'en donnent aussi à cœur joie
pour lui souhaiter un joyeux anniversaire, en ce jour où il fête ses
soixante-trois ans. Sous le hashtag #UnCadeauPourFillon, Twitter s'en
donne à cœur joie en proposant quelques idées de cadeaux au
candidat malheureux :
1)
Un exemplaire de La Bonne paye :
2)
Un boomerang doré :
3)
Un gri-gri :
4)
Un canon de DCA pour pulvériser les opposants et un abonnement au
Canard enchaîné:
Et
la meilleure suggestion : un Curly, parce que "Si t'as pas
d'amis, prends un Curly !" (pas pu retrouver le tweet, si
l'auteur se reconnaît, qu'il se manifeste à l'accueil) :
Certains
imaginent aussi une jurisprudence originale à partir des affaires
Fillon-Le Pen:
Mais
au vu de la tournure que prend la campagne, étant bien entendu qu'il
importe avant tout de respecter l'Etat de droit, la justice et la
presse, et sans présager d'aucun résultat futur, il est tout de même
temps de penser à un petit cadeau, ou plutôt à un lot de
consolation à adresser aux ardents défenseurs du droit, qui
proclament actuellement la main sur le coeur que tout se fait bien
sûr dans l'intérêt de la démocratie ; on ne sait jamais,
c'est juste au cas où, au deuxième tour, malgré la déchéance de
François Fillon et la béatification d'Emmanuel Macron, le plan ne
fonctionnait pas exactement comme prévu :
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