dimanche 5 mars 2017

Si t'as pas d'amis, prends un Curly

A gauche, à droite, sur les bords et au milieu, tout le monde le reconnaît, cette campagne présidentielle 2017 c'est du grand n'importe quoi. Après que les électeurs aient flingué les ténors des grands partis en confondant primaires et concours de ball-trap, les petits nouveaux en ont profité pour s'en donner à coeur joie, Hamon passant l'arme vraiment à gauche pour aller turlupiner Mélenchon dans son pré carré révolutionnaire et Fillon s'envolant vers les cimes de la consécration tatchéro-gaullienne. Adieu, veaux, Valls, cochons ! Place à la radicalité nouvelle, aux candidats sociétaux, au choc des titans, Le candidat de la Manif Pour Tous contre celui de Nuit Debout !
Mais en France, pas moyen de s'amuser, il a fallu que la justice s'en mêle et vienne gâcher la fête. D'autant que l'Elysée, conscient que la ligne PS s'évaporait entre le défunt vallsisme et l'hamonisme évaporé, avait semble-t-il choisi son candidat de rechange et décidé de lui donner un petit coup de pouce en laissant tomber le vilain petit Benoît et en lâchant quelques canards bien déchaînés et des juges fort opportunément remontés à bloc aux trousses du trop droitier Fillon. Celui-ci apprit donc à ses dépens que se lancer dans une campagne présidentielle en jouant les défenseurs de la vertu est un jeu dangereux. Cela revient à peu près à se jeter dans une fosse à purin avec un costard blanc et s'étonner après coup que ça tâche. Voilà donc le blanc Fillon abattu en plein vol, crotté comme un porcelet au salon de l'agriculture, plus faisandé qu'une tranche de bœuf sur un étal en fin de marché, embroché par l'épée de la justice et rôti comme un poulet sur le grill médiatique.


Aujourd'hui c'est dimanche, c'est le jour du Seigneur. C'est aussi peut-être aussi le jour de la Résurrection pour François Fillon que beaucoup voient déjà mis au tombeau. On appréciera au passage la fidélité et le sens de l'honneur de l'animal politique. Sur le compteur mis en ligne par ces salauds de Libé, on dénombre 258 lâchages avec en tête de liste Bruno Le Maire, qui déclarait à propos de François Fillon, dans le Grand Rendez-vous, sur Europe 1, le 20 février : « S'il a décidé en âme et conscience d'aller jusqu'au bout dans cette campagne, c'est qu'il sait que dans tout ce qui lui est reproché, rien ne justifie qu'il soit mis en examen. » Comme le temps passe ! Cela, c'était il y a deux semaines, autant dire une éternité ! Maintenant que le glaive de la mise en examen s'est abattu sur le couple Fillon, tous les amis de trente ans et les bons camarades se carapatent et se jettent hors du Titanic de la droite filloniste, en espérant bien être repêchés par les deux autres navires amiraux, le vieux croiseur Juppé et le porte-avion Sarkozy qui naviguent pour le moment à bonne distance de ces eaux dangereuses...Même Thierry Solère, le fidèle des fidèles, s'est jeté à toute vitesse dans un canot de sauvetage.C'est moche...Maigre consolation, dans un océan de malheur, Henry de Lesquen annonce qu'il retire sa candidature au profit de François Fillon pour "aider ce dernier à lutter contre l'oligarchie cosmopolite". On aurait plutôt tendance à nommer ça un coup de grâce plutôt qu'un coup de main. Mais qui sait ? Peut-être que Jean-Luc Mélenchon va se décider à rejoindre à son tour le nouveau camp des insoumis ? Ou alors il enverra au moins son hologramme.



Et s'il n'y avait que les juges, les canards déchaînés et les faux-alliés politiques pour déprimer le pauvre François Fillon...Mais les internautes s'en donnent aussi à cœur joie pour lui souhaiter un joyeux anniversaire, en ce jour où il fête ses soixante-trois ans. Sous le hashtag #UnCadeauPourFillon, Twitter s'en donne à cœur joie en proposant quelques idées de cadeaux au candidat malheureux :

1) Un exemplaire de La Bonne paye :


2) Un boomerang doré :


3) Un gri-gri :


4) Un canon de DCA pour pulvériser les opposants et un abonnement au Canard enchaîné:



Et la meilleure suggestion : un Curly, parce que "Si t'as pas d'amis, prends un Curly !" (pas pu retrouver le tweet, si l'auteur se reconnaît, qu'il se manifeste à l'accueil) :


Certains imaginent aussi une jurisprudence originale à partir des affaires Fillon-Le Pen:





Mais au vu de la tournure que prend la campagne, étant bien entendu qu'il importe avant tout de respecter l'Etat de droit, la justice et la presse, et sans présager d'aucun résultat futur, il est tout de même temps de penser à un petit cadeau, ou plutôt à un lot de consolation à adresser aux ardents défenseurs du droit, qui proclament actuellement la main sur le coeur que tout se fait bien sûr dans l'intérêt de la démocratie ; on ne sait jamais, c'est juste au cas où, au deuxième tour, malgré la déchéance de François Fillon et la béatification d'Emmanuel Macron, le plan ne fonctionnait pas exactement comme prévu :


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