jeudi 16 août 2012

La guerre juste (2)




          « Les principes de légitime défense et de poursuite des agresseurs responsables des dommages causés constituent les piliers de toute intervention militaire. C’est la raison pour laquelle la décision de l’intervention militaire devrait être mise dans les mains de juges et non pas dans les mains d’hommes politiques prêts à user d’une armée de citoyens ou de professionnels pour satisfaire les intérêts privés de ceux qui les ont portés au pouvoir et très souvent pour conforter leur propre pouvoir politique. Rappelons que l’usage de l’armée allemande est dans les mains de la cour constitutionnelle allemande (et non du gouvernement comme le suggère les journalistes mal informés). C'est aussi une différence essentielle avec la théorie de la guerre juste. Le "juge" ou l'"arbitre" et les assureurs dictent les termes de la "guerre juste" et du principe de réparation qui s'ensuit. Il n'y a pas de différence entre un crime ordinaire et une agression par des hommes d'Etat.
Cette question en soulève une autre : celle de la responsabilité des hommes politiques qui engagent les agressions ou qui commanditent des guerres. Ils n'agissent pas par eux-mêmes mais commandent, donnent des ordres. Cette responsabilité est-elle pleine et entière ou bien réside-t-elle partiellement ou en totalité dans les mains de ceux qui exécutent leurs ordres ? La réponse est que cette responsabilité repose entièrement dans les mains de ceux qui exécutent les ordres et non dans les donneurs d'ordre. Là aussi il existe une différence essentielle avec la théorie de la guerre juste. Ce sont les exécutants qu'il faut sanctionner parce qu'ils sont responsables de leurs actes et qu'ils doivent désobéir aux ordres quand ceux-ci violent les droits individuels de tiers innocents. La désobéissance civile ou militaire est la règle que les individus doivent suivre pour empêcher un gouvernement de se lancer dans une guerre "injuste". »

Bertrand Lemennicier , « La notion de guerre ». Professeur agrégé des Facultés de Droit et Sciences Economiques, Université de Paris II, Directeur du LEP (Laboratoire d'Economie Publique/3DI), Janvier 2003.



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