Les élections américaines s’achèveront dans
quelques jours et diront qui, de Barack Obama ou Mitt Romney, présidera la
destinée de ce qui reste la plus puissante nation du monde. Nous avons décidés
d’accompagner le déroulement du dernier acte en publiant quelques avis tirés
des blogs et médias américains et de proposer en parallèle quelques
commentaires.
L’indécision est-elle la marque du déclin ?
Les dernières élections présidentielles françaises ont presque fait figure de
non-évènement tant le rejet des deux candidats était fort parmi les électeurs. A
l’issue du scrutin, les grands vainqueurs étaient Marine Le Pen et le taux d’abstention.
François Hollande remportait une victoire à l’arrachée sur un Nicolas Sarkozy
usé par cinq années d’une hyperprésidence impuissante. La moitié de son électorat
l’a porté au pouvoir plus par antisarkozysme que par réelle conviction. Le nouveau président du "changement" n’a d'ailleurs pas manqué de remercier
tous ces électeurs indécis en défendant depuis bientôt six mois une politique
qui se résume à trois grands principes : hausse des taxes, mesures
sociétales et complaisance à l’égard du communautarisme. L’exercice du pouvoir
se réduit donc désormais à gérer son noyau dur électoral plutôt qu’à diriger le
pays, le seul levier d’action politique qui est systématiquement actionné étant
la pressurisation fiscale des classes moyennes. Tout cela n’a rien d’une
surprise. Le dernier grand règne politique s’est achevé avec Mitterrand qui a
installé le clientélisme au cœur des pratiques politiques plus sûrement encore
que les Médicis à Florence. Après lui, se sont succédé les rois fainéants ou
les trublions. L’indécision des électeurs ne fait que répondre à l’indifférence
de l’Etat gestionnaire.
Dans Taki’s
Magazine, un blogger américain et lui-même électeur remarque que
cette indécision des électeurs est motivée aux Etats-Unis par l’incapacité des électeurs à distinguer les
composantes politiques de ce qui ne forme plus qu’un « One-Party state ». Extraits :
« Dans les démocraties modernes
anglo-américaines, une élection sur dix seulement offre un choix entre des
politiques véritablement contrastées. Je n’ai jamais été en mesure de voter lors
de telles élections. La dernière élection présidentielle nous a offert, comme
je l’ai regretté sur le moment, le choix entre « l’impérialisme moralisateur
de John McCain [et] le sentimentalisme providentialiste de Barack Obama. »
En l’occurrence, Obama s'est avéré ne pas vouloir donner autant
de notre substance nationale aux étrangers comme je le craignais. Sage impérialiste
moralisateur, il en a donné aux néocons pour leur argent – je veux dire, vous
savez, notre argent.
J’ai voté pour McCain malgré
tout en 2008 comme la moins pire des deux options. Avec le recul, je doute que
la victoire de McCain ait pu faire une aussi grande différence que je le
supposais alors. Face aux grands thèmes de la politique nationale – guerre,
énergie, chômage, immigration, multiculturalisme, impôts – les deux candidats
de 2008 semblaient majoritairement avoir des réponses identiques. […] En 2004, lors
de la première élection présidentielle à laquelle j’ai participé (je n’ai
obtenu la citoyenneté qu’en 2002), je m’accrochais toujours à l’illusion que
Georges W. Bush était animé de réelles convictions conservatrices. L’incompétence
flagrante de John Kerry renforça cette illusion.
Bien avant cela, le seul scrutin
national auquel j’ai participé furent les élections britanniques de 1970, quand
le Parti Conservateur (un nom qui signifie à peu de choses près :
Bureaucratisme Managérial) obtint une victoire surprise face au Labour (un nom
qui signifie à peu de choses près : Bureaucratisme Managérial). J’avais
voté travailliste. J’ai oublié pourquoi.
J’ai par la suite raté les
élections les plus déterminantes des 40 dernières années, n’ayant pas le droit
de vote lors de Reagan vs. Carter en 1980, hors du pays au cours de Thatcher
vs. Callaghan en 1979. Je n’étais également pas dans mon pays en 2001, 1997,
1992, 1987, 1983 et 1974. Bien sûr, il est toujours possible de voter par
procuration ou voie postale mais je ne me suis jamais suffisamment préoccupé de
politique pour m’en soucier.
Hormis en ces occasions
exceptionnelles, la politique de l’Anglosphère moderne s’est installé dans une
sorte de régime de parti unique. Nous ne nous voyons pas offrir des choix, mais
seulement de subtiles nuances politiques.
Ayant observé les évènements politiques des dix dernières années à la fois dans mon pays d’origine et mon
pays d’adoption, je trouve difficile de me convaincre que les politiciens ait
pu être en quelques occasions réellement efficaces. L’impression donnée est celle d’un grand
rouleau compresseur que ses conducteurs manœuvrent avec peine ; ou d’électeurs errant d’est en ouest et d’ouest en est, sur le pont d’un navire en train de couler. […]
Il n’y a pas de politique. Il n’y
a pas de choix. Le puissant vaisseau de la destinée nationale vogue à toute
vapeur vers les récifs pendant que les citoyens errent sur le pont, d’est en ouest,
d’ouest en est, prisonniers de l'illusion d'être utiles.
Je ne pense pas que j’irai
voter en novembre. »
Traduit par un Idiot.
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