« J’ay vu de mon temps, en quelque bon
lieu, guerir honteusement et deshonnetement l’amour par le mariage : les
considerations sont trop autres. Nous aimons, sans nous empescher, deux choses
diverses et qui se contrarient. Isocrates disoit que la ville d’Athenes
plaisoit, à la mode que font les dames qu’on sert par amour : chacun
aimoit à s’y venir promener et y passer son temps ; nul ne l’aymoit pour
l’espouser, c’est-à-dire pour s’y habituer et domicilier. J’ay avec despit veu
des maris hayr leurs femmes de ce seulement qu’ils leur font tort :
aumoins ne les faut il pas moins aymer de nostre faute ; par repentance et
compassion aumoins, elles nous en devoyent estre plus cheres. » (III, V,
p. 854)
« Ce sont fins differentes et pourtant
compatibles, dict il, en quelque façon. Le mariage a pour sa part l’utilité, la
justice, l’honneur et la constance : un plaisir plat, mais plus universel.
L’amour se fonde au seul plaisir, et l’a de vray plus chatouillant, plus vif et
plus aigu ; un plaisir attizé par la difficulté. Il y faut de la piqueure
et de la cuison. Ce n’est plus amour s’il est sans fleches et sans feu. »
(III, V, p. 854)
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