Il est vain de dire qu’en France on attendait le nouveau Scorsese
avec un œil bienveillant tant, dès qu’il s’agit de critiquer l’empire
capitaliste, aussi dénommé USA, la critique habituelle dans nos contrées à
l’égard du cinéma « pop corn » n’a plus cours. Pour autant le nouveau
film du réalisateur de Mean Street surprend. Loin du
manichéisme cher au très surestimé Oliver Stone, c’est une comédie burlesque
que Scorsese nous offre et non la version en col blanc des Affranchis ;
une comédie où le héros, incarné par un Di Caprio survolté et génial, fait
moins envie qu’il n’est ridicule et dont les péripéties semblent vouées, à
mesure que Jordan Belfort, le « loup de Wall Street », s’élève, à le
rendre plus pathétique qu’il ne l’est au début du film, dans son costume de
futur nouveau riche, bavant devant un vieux beau cocaïné apôtre de la
masturbation compulsive.
Jordan Belfort, vrai Satan au petit pied, manque
d’envergure ; chacune de ses tentatives pathétiques pour se métamorphoser
en Lucifer tentateur se solde par un échec ou une humiliation en direct.
Ejaculateur précoce, démon de la finance, dont le seul talent est celui d’un
bonimenteur de foire qui n’a pu prendre la dimension d’un diable qu’à la faveur
d’une époque, beauf éructant dans son costume cher et laid rappelant quand il
monte sur l’estrade, devant son gang de branques partagés entre les cas sociaux
et les loosers incestueux métamorphosés en fausse statue de marbre – mais de
vrai stuc, ces prêcheurs américains moitié rock star de supermarché moitié
gourou sectaire. Voici le portrait peint de ce loup de Wall Street, rôdant
d’arnaques en partouzes pour ploucs, évoquant plutôt Patrick Sébastien que
l’orgie luciférienne de Eyes Wide Shut, où le lamentable le dispute
dans les traits au ridicule sans jamais parvenir à cette dimension tragique que
le spectateur attend mais que Scorsese lui refuse…
Aucune fascination
débile pour les grands seigneurs, méchants hommes brûlés dans un excès de
stupre, Icares tombés du haut du ciel de la finance après s’être frottés de
trop près aux sunlights de Manhattan. Scorsese réalise ici le film d’après la
cuite et c’est dégrisé et encore pâteux qu’il regarde la débauche du jour
passé, découvrant risible cette geste que Oliver Stone trouvait grandiose la
veille, convaincu d’avoir mélangé dans ses personnages Napoléon avec Al Capone.
Ces loups de Wall Street sont galeux, rachitiques, au vu de leurs aspirations,
autant qu’ils se portent bien chaussés dans leurs mocassins blancs, pitoyables,
vénaux et sans ampleur : des renards qu’on aurait préféré Bête du Gévaudan
pour nous excuser de nous être fait escroquer par une telle engeance… On rit
beaucoup durant les 180 minutes de ce film, de Jordan Belfort et de sa clique,
certes, mais aussi de chacun de nous, d’un rire jaune qui moque
notre naïveté d’avoir pu croire que les grands dans leur médiocrité sont
différents des petits…
ça veut dire qu'il est bon ou mauvais ce film ? ^^
RépondreSupprimerheureusement qu'internet (et le streaming) existe..parce que payer ça m'emmerde souvent :-)
C'est très mal de télécharger. Ca fait beaucoup de peine à Eddy Mitchell et à James Cameron.
RépondreSupprimer