On attendait, en ce 28 mars 2013, François
Hollande au tournant : chômage massif, croissance exsangue, tensions
sociales et impuissance politique. Il semblait essentiel que le chef de l’Etat
vienne répondre aux angoisses des Français sur ces questions. En
professionnel avisé, David Pujadas ne manque pas de le faire savoir à François
Hollande dès le début de l’intervention : « Croissance zéro, chômage
record, il y a de la désillusion, où va la France ? Quel est le cap ? »,
questionne le journaliste.
La réponse de François Hollande est surprenante :
« Ce que nous n’avions pas anticipé c’est que cette crise allait durer
encore plus longtemps que prévu. » Sans rire ? Peut-être s’imaginait-il
qu’elle allait disparaître comme par magie au tournant de 2013, conjurée par la
dinde, les chocolats et les boules de Noël ?
Au vu de l’optimisme dont fait preuve le chef
de l’Etat dans la suite de l’entretien, on ne peut douter de sa sincérité et de
sa surprise quand il s’est réveillé le 1er janvier 2013 pour constater que la crise et le chômage étaient
toujours là. En ce qui concerne le chômage en tout cas, la prédiction de
François Hollande est on ne peut plus rassurante : « Ca va
augmenter jusqu’à la fin de l’année et puis nous allons être dans une baisse. »
Nous voilà rassurés. On ne sait pas très bien d’où il tient ces informations,
peut-être de la Pythie de Delphes qu’il est allé consulter en cachette et qui
lui a confié par ailleurs que la Grèce allait racheter le Qatar et que Paul le
Poulpe allait entraîner l’équipe de France.
Il n’y a aucun doute pour
François Hollande : la croissance va revenir et grâce à elle, Fanfan va
inverser la courbe du chômage à la fin de l’année, un peu comme Joseph Staline
proposait d’inverser le cours de la Volga. Comment faire cependant pour faire
revenir cette croissance tant désirée ? Contrairement au Brésil ou à la
Chine, nous n’avons plus tant de routes, d’hôpitaux ou d’usines à construire et
celles qui restent nous coûtent cher à entretenir quand les chefs d’Etat indiens richissimes et peu fair-play ne viennent pas nous les piquer.
Et bien la solution est simple.
François Hollande a une boîte à outil. Oui, une belle boîte à outil comme Super
Mario avec tout un tas de mesures qui vont permettre de sauver la princesse
croissance, de vaincre le méchant Koopak-40 et de bannir à tous jamais le
chômage de l’univers. Quand on lui demande, François Hollande exhibe avec
fierté tous ses beaux outils rutilants, les contrats aidés, les emplois d’avenir
dans le secteur public et associatif pour les jeunes en difficultés (rien de
tel pour prétendre qu’on « insère », qu’insérer les gens dans de
faux emplois au service d’associations dont l’unique rôle est de servir de
soupape de sécurité sociale artificiellement maintenue à coups de dispendieuses
subventions) et le pacte de compétitivité, l’arme secrète qui va transformer
les entreprises françaises en petits bolides, plus rapides que dans Mario Kart,
sur le marché international.
"Tout ceci va arriver", martèle
François Hollande. Il suffit de s’en convaincre, c’est très simple et la boîte
à outils est là pour ça. Elle fournit de beaux joujoux rhétoriques qu’on peut
agiter sur les plateaux de télévision, afin de renforcer l’impression, déjà
sans doute bien acquise par la population, que notre chef de l’Etat et son
gouvernement sont décidément en plein déni de réalité, voire en plein délire
régressif. Super David Pujadas recevait lui le boniment avec son demi sourire ironique de coutume, pendant que l’autre
là en face déroulait avec une conviction feinte – on l’espère – ses plans de
super plombier de la croissance.
Il faut quand même que
François Hollande se méfie, parce que s’il casse tous ses beaux outils et se
casse les dents sur la carapace du monstre chômage, son double maléfique,
Wariosarko n’attendra pas une minute pour lui faire avaler sa boîte à outil.
Mais Super Mariollande a confiance. « Tout ceci va arriver. » Same player shoot again.
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