Le
réel n'existe pas
Nul
n’est moins au fait du réel qu’un « réaliste ».
*
Lorsqu’elle
sera transformée en Mosquée, sans doute n’aurons-nous pas longtemps à attendre
une résolution de l’UNESCO qui nous expliquera que, naguère nommé «
Basilique Saint-Denis » on ne sait pourquoi, cet édifice, et de qu’il
contient, n’eut jamais aucun rapport avec nos Rois, le Catholicisme et la
France.
Familiarité
La
seule question qui ne déroge point à la politesse élémentaire :
« Que voulez-vous boire ? » Toutes les autres ont ce caractère administratif, inquisitorial,
policier ou potinier, - plus odieux encore lorsqu’il tutoie. Sauf à cultiver de
justes et heureuses distances, les hommes se haïssent et s’entretuent. Evitons,
les uns les autres, de trop nous ressembler et de trop nous rassembler.
Avoir
libre cours
Les
bonheurs, comme les malheurs, sont inattendus, - et l’on perd un temps précieux
à attendre les uns et à craindre les autres. La grande et savoureuse présence
au présent n’est pas l’oubli du passé ni la négation de l’avenir,- ce voyage,
cette toute-possibilité qui nous vient en vagues depuis l’horizon, - mais leur
libre cours dans notre âme.
Se
hausser à ce que nous dit notre langue dans cette expression magnifique «avoir libre cours ».
Les
vaincus
Ceux-là
qui ignorent le mal en eux le créent dans le monde.
*
La
jalousie entre alliés est la force majeure de l’Ennemi et le principe de toutes
nos défaites. Ceux qui se jalousent sont déjà vaincus.
La
disparition du Verbe
Nous
mesurons mal à quel point, avec l’avilissement et la destruction de la langue
française, l’intelligence commune se dégrade. Le désastre est sûr lorsqu’il
n’est plus envisagé. L’appauvrissement du vocabulaire correspond à un
appauvrissement du monde sensible : voici non plus les cathédrales, les
rues profuses, les forêts, les rivières de la langue française, mais des
lotissements et centres commerciaux de vocables désaffectés.
*
Par
surcroît, une idéologie diffuse, « anti-logocratique », tient les
esprits en son pouvoir, les contraignant à cette niaiserie mortelle qui
souhaiterait qu’il n’y n’eût aucune distance entre la vérité des mots et
l’essence des choses ; coupant court à toute parole qui ne serait pas un
mot d’ordre d’idéologue ou de publicitaire. Nous perdons, ainsi, quelque chose
comme l’usage de nos mains, de nos jambes et de nos yeux. Nous ne pouvons plus
saisir, ni choisir, les choses qui ont des noms. Le paysage, uniformisé,
planifié, se dérobe à notre promenade ; nos yeux ne voient plus ce qu’ils
ne peuvent nommer ni décrire. Le réel et l’imaginaire s’effacent avec ces
instances souveraines du Logos - qui
furent, depuis Homère, et même bien avant, les grandes pourvoyeuses de nos
ivresses.
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