Nous commençons une série consacrée aux
bouffons de la République dont les gesticulations verbales et les génuflexions
serviles ne donnent qu’une seule envie : leur envoyer un aller-retour.
En premier de la classe des têtes à claques, difficile de passer à côté de
Christophe Barbier.
Dans Ouest-France du 23 mai 2020, la dernière
page est tout entière consacrée au marquis de la Macronie :
« interview », « ses dates clés », « son rapport à
l’Ouest » et « L’écharpe rouge ». Le journal breton, bien connu
pour son engagement lénifiant à l’extrême centre, a sans doute jugé utile de
mettre en lumière un journaliste laquais qui dispose de si peu de présentoirs
médiatiques pour s’y exposer.
En vérité,
c’est un grand moment de comédie burlesque que nous offre Christophe l’écharpé.
Nous le savions, en idiocratie, tout est parodique mais atteindre ce degré de
renversement du réel appartient au grand art, ni plus ni moins. A nous autres,
pauvres ploucs bretons, l’intellectuel parisien commence par utiliser des
métaphores simples, usées jusqu’à la corde, pour rappeler quelques vérités sur
sa fonction d’éditorialiste : « il a le devoir de mettre une
pointe au bout de la flèche pour dire que tel ministre ou tel opposant a
tort » ; diantre ! plus loin, il enfonce le clou, droit dans ses
bottes : « En télé, le temps imparti oblige à frapper fort. (…) Il
faut une pointe à la flèche. Si la pointe est émoussée, ce n’est pas une
flèche ». Oui, ceci n’est pas une pipe. Ou encore : « il faut
cette cerise sur le gâteau, ou plutôt ce grain de poivre qui s’appelle
l’éditorial » ; en effet, et cette nouille molle sur le bord de
l’évier pour que tremblent les puissants.
Enfin, l’époque
a besoin de grandes consciences pour éclairer l’humanité, comme autrefois
Victor Hugo l’exilé, et Christophe Barbier ne s’en laisse pas conter, il fait
évidemment partie de ces hommes, écharpe au vent, qui affrontent les tempêtes
du monde : « Plus encore qu’en période normale, l’éditorialiste, en temps
de crise, doit assumer les vérités qui fâchent. Il doit oser les questions qui
fâchent ». Attention, « pas pour livrer du prêt-à-penser, mais pour
que le lecteur ou l’auditeur se sente aidé ou contrecarré dans la construction
de son opinion ». Merci Christophe ! Bizarrement, le questionneur ne
réagit pas à cette fulgurance, laissant pour cette fois-ci le lecteur dans
l’expectative : quelles sont donc ces « vérités qui fâchent »
pour lesquelles le grand homme met toute son intelligence en jeu, quoiqu’il lui
en coûte ?
Ouest-France qui n’est plus à une
effronterie près lui pose la question qui elle aussi peut fâcher :
« Vous arrive-t-il de vous remettre en cause face aux
critiques ? » La réponse est nette, franche comme le grand
homme : « Non, généralement, je persiste et j’essaie de creuser
plus ». Quand on pense avoir touché le fond, Christophe Barbier nous apporte une pelle.
Bien sûr, il
reste toujours ce vieux fond rance qui voudrait que le diseur de vérités soit
au service des puissants. Que nenni ! Lui « fréquente très peu les
élites » et s’il se trouve exactement sur la même ligne que le divin
président, c’est tout simplement qu’il l’a créé cette ligne, avec son petit
esprit besogneux : « Ce n’est pas moi qui suis devenu macroniste, c’est
Macron qui est devenu barbiériste. J’étais là avant lui (…) ». Tralalère…
C’est ça un vrai journaliste, pas un « militant » mais un homme
« engagé », jusqu’au bout de ses « convictions ». L’on
apprend au détour de cette charmante rubrique « Son rapport à
l’Ouest » que ce n’est d’ailleurs pas le seul point commun partagé avec
Emmanuel. Car lui aussi en pince pour le théâtre et sa
« prof » : « J’étais très attachée à elle, c’est elle qui
m’a donné le virus du théâtre ». Décidément, il y a des virus dont on ne
parle pas assez.
Enfin, pour
clore cette interview exigeante, Christophe n’échappe pas à la question
relative aux conséquences de la crise. Dans un pur élan d’intelligence, quitte
à laisser le lecteur étourdi par tant de génie, il lance à la volée :
« Cette période me fera goûter davantage, comme chacun, aux petits
bonheurs de la vie ». On ne peut dire mieux, alors, oui, comme dirait une
autre grande conscience de l’humanité : merci pour ce moment !
Avec Sibeth, les 2 meilleurs représentants de la macronie au pouvoir ; pauvres de nous !!!!
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