« Journal, 22 avril 2022.
Reclus dans mon appartement, les
fenêtres condamnées, la porte verrouillée et calfeutrée, je toussai
abominablement en écoutant d’une oreille distraite le flot ininterrompu des informations.
Nous étions le vendredi 22 avril 2022, presque deux ans jour pour jour après le
déclenchement de la pandémie du Covid-19.
Je décapsulais une bière et m’enfonçais
dans le canapé, respirant l’air épais et nauséabond d’un appartement confiné, et
supportant un corps dégénéré bouffi par l’inaction et infecté de microbes. Les
souvenirs, y entrer comme dans une vieille demeure et s’y oublier, il ne me
restait plus que ça…
Je me rappelais alors ce mois
d’avril ensoleillé, printanier, au cours duquel le Président avait ordonné le
confinement sur l'air de « nous sommes en
guerre ». Quelques jours plus tard, son Premier ministre disait à peu près
la chose suivante, si mes souvenirs ne me trahissent pas : « Le
retour à la vie d’avant ne s’effectuera pas avant longtemps ». Après coup,
sans qu’eux-mêmes n’en aient probablement conscience, il s’agissait des deux
seules paroles de vérité prononcées à l’époque ; le reste n’étant qu’un discours
grossier tiré du premier manuel venu de management de crise multipliant les
ordres et contre-ordres, les directives ubuesques et les mensonges éhontés dans
une atmosphère vaguement panique. Enfin, péniblement, l’on apercevait le bout
du tunnel au début du mois de mai avec l’annonce d’un déconfinement, certes
progressif, mais qui semblait inéluctable eu égard aux catastrophes économiques
et sociales à venir.
Pourtant, tout allait très
rapidement empirer. Après deux semaines de répit, la deuxième vague tant
redoutée s’installait dans tout le pays et, surtout, n’épargnait plus
personne ; les enfants tout particulièrement devenaient la proie de ce
virus malfaisant. Les spécialistes, qui avaient tant péroré dans le vide les
semaines précédentes, devaient se rendre à l’évidence : le Covid-19
n’était pas une énième version du coronavirus mais bien une chimère créée de
toutes pièces en laboratoire ; autrement dit, un virus mutant, un
Frankenstein viral. La chloroquine, n’en déplaise à ce sympathique Raoult, ne
suffirait pas à l’atténuer. Au contraire, ce virus intelligent s’attaquait
systématiquement aux faiblesses immunitaires, en s’adaptant à son hôte,
l’organisme vivant, pour le subvertir lentement jusqu’à l’épuisement des forces
et l’étouffement final. La première phase lui avait juste fourni le terrain
idéal pour se dupliquer ; désormais, il se métamorphosait à toute allure.
Il devenait autonome. Il vivait.
Comme le Golem, il semblait avoir
échappé à son maître pour flotter sur nos organismes fragiles et frapper au
hasard. D’où provenait-il ? La question n’a jamais été complètement
résolue. Beaucoup ont accusé le laboratoire P4 de Wuhan. (…)
Après une rafale de toux, je
décapsulais une nouvelle bière… A l’époque, quelle naïveté quand même !
L’histoire rocambolesque des masques, digne d’un film des Monty Python, le
retour des Gilets jaunes chloroquinés, les commentateurs en surrégime, le
troupeau servile du pouvoir, etc. Quel écran de fumée !
Cela faisait plus de 40 ans que tous
les Etats se préparaient, à l’abri des regards et sans qu’aucune voix ne
s’élève. Et, depuis une dizaine d’années, le processus s’était singulièrement
accéléré : partout dans le monde fleurissaient des laboratoires P4,
« pathogène de classe 4 », de ceux qui abritent des micro-organismes très
dangereux avec un taux élevé de mortalité en cas d’infection. Et on n’a rien vu
venir… Evidemment, ces laboratoires avaient pour fonction d’anticiper des
épidémies et d’expérimenter des vaccins. Mais aussi, pour les plus secrets
d’entre eux, de fabriquer des armes bactériologiques…
Ce n’était pas la première fois qu'une de ces armes bactériologiques échappait accidentellement à ses maîtres. La
maladie de Lyme, qui touche des millions d’êtres humains, est très certainement
issue d’une expérimentation secrète du Pentagone ; précisément, une tique
génétiquement modifiée tout droit sorti du laboratoire Plum Island Animal Disease Center,
justement situé à 15 kilomètres de la ville de Lyme. Faut-il rappeler que le
virus H5N1 modifié, créé par le virologue Ron Fouchier, est considéré comme le
plus nocif au monde, un « cauchemar absolu » selon les
spécialistes ? Pour l’heure, ces derniers affirment qu’il est confiné,
sans aucun risque de fuite…
Comment les choses
avaient-elles dégénéré ? La deuxième vague de Covid-19 touchait
à sa fin, on était déjà au début du mois de septembre et l’on entrevoyait
timidement le bout du tunnel. Mais après 2,3 millions de morts, personne
n’osait plus parler de déconfinement, de reprise de l’école, de matchs de
football, de cinéma, de spectacles, etc. La période du confinement heureux,
avec son lot de témoignages débiles, d’apéro-Zoom et d’exercices de yoga,
était définitivement close. Tout le monde tremblait. Personne ne se l’avouait,
encore moins les journalistes, ces derniers saltimbanques qui continuaient à
faire tourner le manège fantasmatique du monde mais, clairement, depuis le
premier jour en fait, nous étions entrés dans une nouvelle phase de l’histoire
de l’humanité, celle de la GUERRE BACTERIOLOGIQUE.
A son simple énoncé, j’en frémis…
Contrairement au conflit atomique, cette guerre est sourde, intrusive,
invisible, rampante et planétaire. Elle ne vous fait pas forcément crever tout
de suite… Juste une question de temps, et d’insupportables souffrances.
Après un long râle, je
décapsulais une nouvelle bière. Où en étais-je ? Fin de la deuxième vague,
retour à la normale… Non, l’approche des élections américaines allait
déclencher les hostilités, à moins que ce ne soit les Chinois… Je ne sais plus.
Ma mémoire fait défaut. Neurones également affectés.
Cette guerre
avait bel et bien commencé et les escarmouches se multipliaient, selon un mode
opératoire impossible à décrypter : des villes étaient soudainement
contaminées par une maladie infectieuse inconnue, les pluies étaient chargées
de particules nocives, l’atmosphère brûlait les poumons, la terre empoisonnée,
etc. On l’a deviné, tous les laboratoires P4 étaient entrés en action sous
l’égide de gouvernements de plus en plus autoritaires et de coalitions
extrêmement instables. Chacun accusant l’autre de l’avoir intoxiqué sans qu’il
soit vraiment possible de prouver quoi que ce soit étant donné l’intraçabilité
de la plupart des bombes virales. (…)
De nouveau, une quinte de toux me
pliait en deux. La poitrine chauffée à blanc, je regardais autour de moi, cet
appartement entièrement calfeutré me sortait par les yeux. Des semaines que je
n’avais vu personne. Dehors était l’étranger, l’autre l’ennemi. Je me rappelais
alors cette période brève de déconfinement, au cours du mois de mai 2020, si seulement
j’avais su… mes dernières forces de vie, je les aurais donné, littéralement
gaspillé, aux proches, aux amis, aux amours, à l’air libre. »
(à suivre)
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