Le serval est le nom donné à un petit félin du désert. C'est aussi le nom choisi pour l'intervention française au Mali, nettement moins grandiloquent que « Tempête du désert ». Nous avons
en France le sens de la mesure que donne celui des économies d’échelle. La
prudence reste de mise quand on ne possède pas un budget de la défense
représentant la moitié des dépenses militaires mondiales et la capacité de
transformer n’importe quelle nation de rang secondaire en un Armageddon de
sable vitrifié et de tôle fumante après deux ou trois jours de bombardement
intensif (mais néanmoins chirurgical). La France, à défaut d’abattre le marteau
de Thor sur ses ennemis, œuvre de façon plus artisanale, au marteau de
menuisier, et donne donc à ses opérations militaires lointaines
des noms de petits animaux du désert, plutôt que de choisir d’évoquer des destructions
bibliques. D’ailleurs, en 1991, l’envoi de la force française au Koweit portait
le nom d’opération « Daguet ». Nos chefs d’Etat-Major seraient-ils
abonnés au Chasseur français ?
Churchill, dans ses mémoires, relate un conflit
l’ayant opposé à ses collaborateurs, alors qu’il leur demandait de bien vouloir
trouver des noms de code appropriés pour les opérations militaires. Il rappelle
ainsi, à juste titre, qu’il faut évidemment bannir les appellations de mauvais augure du style « Opération
bras cassés ». On se rappellera ainsi de l’opération
« Omelette », lancée pendant la crise de Suez en 1956… Churchill recommande
surtout « d’éviter de donner des noms stupides ». Aucune famille ne
veut apprendre que son fils est mort au cours de l’opération « Danse du
ventre ». A méditer.
La première victime de l’opération Serval a été
un pilote de Gazelle, touché par des tirs ennemis, qui, avec un sens du devoir et
un courage admirable, a réussi à ramener son épave à la base avant de succomber
à ses blessures. Sens du devoir d’autant plus admirable qu’il aurait presque pu refuser de monter à bord si
l’on considère le type d’appareil dont il prenait les commandes !
Il faut visualiser ici ce qu’est une Gazelle.
Conçu à la fin des années 60, cet hélicoptère dispose d’une merveilleuse baie
vitrée en guise de nez, offrant au pilote un inégalable point d’observation sur
le panorama. C’est parfait lorsqu’il s’agit de rechercher un cueilleur de
champignons égaré dans la lande, beaucoup moins pour aller titiller des types
sur des 4x4 hérissés de mitrailleuses lourdes ou d’affûts multiples
anti-aériens. La presse spécialisée donne d'ailleurs un aperçu des risques encourus par les pilotes de Gazelle:
Ce fut en revanche le cas au Mali avec le même type d'appareil. Cet hélicoptère est d'ailleurs en cours de retrait depuis la fin 2011 et ce jusqu'à 2020, date à laquelle les derniers hélicoptères Tigre devraient l'avoir remplacé. Il est probable cependant que l’on retrouve l’appareil, posé par son pilote avant de décéder, sur un autre champ de bataille en 2017 ou 2018, peut-être pour une future opération « Ocelot » ou une opération « Fennec ». A moins que la France soit toujours au Mali à ce moment, comme Michel Rocard l’a sombrement pronostiqué, prévoyant une « dizaine d’années de bagarre ».
La Gazelle
reste une machine très appréciée dans l’Alat, même si son emploi impose une
bonne dose de courage : il s’agit en effet de partir au combat (et en
l’occurrence après un survol maritime) dans un appareil monomoteur, protégé par
une seule bulle en plexiglas, des sièges blindés et un gilet pare-éclat. La
Gazelle a pour elle sa petite taille, synonyme de discrétion. Sur les appareils
engagés en Libye, cocardes et inscription « armée de Terre » avaient
été effacées. Mais la compacité de l’hélicoptère est un handicap pour les
équipages qui entrent dans l’appareil au chausse-pieds. Gilet de combat (avec
radio de survie, munitions, GPS, cartes…), gilet de sauvetage, gilet
pare-éclats, casque… : pilotes et chefs de bord ressemblent à des
bibendum. […] Le
véritable moment de vulnérabilité des hélicoptères concernait le tir des
missiles filoguidés HOT, imposant le stationnaire pendant de longues secondes.
La hantise des équipages était que des tireurs isolés se découvrent à ce moment-là
et profitent de cette fenêtre d’opportunité pour loger quelques balles dans
l’hélicoptère. Ce ne fut finalement jamais le cas.[1]
Ce fut en revanche le cas au Mali avec le même type d'appareil. Cet hélicoptère est d'ailleurs en cours de retrait depuis la fin 2011 et ce jusqu'à 2020, date à laquelle les derniers hélicoptères Tigre devraient l'avoir remplacé. Il est probable cependant que l’on retrouve l’appareil, posé par son pilote avant de décéder, sur un autre champ de bataille en 2017 ou 2018, peut-être pour une future opération « Ocelot » ou une opération « Fennec ». A moins que la France soit toujours au Mali à ce moment, comme Michel Rocard l’a sombrement pronostiqué, prévoyant une « dizaine d’années de bagarre ».
En attendant, un premier soldat français est
mort pour éviter l’application de la charia dans tout le Mali et l’installation
potentielle d’une nouvelle base d’opération islamiste. L’Algérie, doit
impérativement, pour garantir le succès de l’opération, assurer que sa
frontière sud reste hermétique en gardant un œil sur des centaines de
kilomètres de désert. On comprend donc encore mieux le sens de la très
médiatique visite de François Hollande à Alger en décembre dernier, enrobée
d’une diplomatique contrition. Les relations troubles entre l’Algérie et le
Mali ressemblent à celles qui unissaient le Pakistan et les Talibans. Abdelaziz
Bouteflika est à la fois exposé à la résurgence de l’islamisme dans son propre
pays, dont le sud désertique est particulièrement difficile à surveiller[2],
et également à la tentation de considérer le nord-Mali comme une zone
d’influence exclusive qu’il convient de préserver d’une intervention internationale
en profondeur. La corruption et l’autoritarisme du régime de Bouteflika peuvent
être autant un sujet d’inquiétude pour les Français engagés au Mali que l’était
celle du régime pakistanais pour les Américains et la coalition internationale
en Afghanistan.
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