Dans
quelques décennies, les historiens tomberont de leurs chaises. Comment
imaginer, en effet, que ce sont les « bonnes âmes » dites de
« gauche » qui ont remis les mains dans le ventre de la bête
immonde ? Ceux-là mêmes qui pratiquent la reductio ad hitlerum
contre tous leurs adversaires, et dans toutes les circonstances, sont les
premiers à inoculer une idée au potentiel dévastateur. Par orgueil et,
incidemment, par goût du pouvoir et de l’argent, elles ont de nouveau cédé à la tentation d’émanciper l’homme de sa propre nature. Faire de l’homme un
autre que soi même, faire de l’existence un projet de transformation sans fins,
en un mot, modifier les gènes de l’humanité. Et, dans l’histoire, cette maudite
alliance de la technique et de l’orgueil porte un nom : l’eugénisme.
Certes,
l’idée eugénique prend son essor dans un contexte intellectuel précis, à la
croisée du darwinisme et du racisme, et vise à transformer le patrimoine
génétique de l’humanité dans le but d’atteindre un idéal prédéfini. Rien de
tel aujourd’hui. Il serait pourtant naïf de croire que le processus amorcé, et
non l’idéologie arrêtée, ne se propage sous de nouvelles latitudes. Le Conseil
d’Etat en a pris toute la mesure en rappelant que l’eugénisme procédait
également « d’une somme de décisions individuelles convergentes prises par
les futurs parents, dans une société où primerait la recherche de l’“enfant
parfait”, ou du moins indemne de nombreuses affections graves »[1].
Il
faut encore franchir un pas supplémentaire, et peut-être se débarrasser de
cette lecture méliorative, pour comprendre les évolutions contemporaines.
L’eugénisme peut effectivement emprunter un chemin de traverse : plutôt
que de prôner la perfectibilité de l’être humain, il est tout à fait possible
de privilégier le maniement utilitaire des gènes humains, quels qu’en soient
les buts avoués (ou inavoués). Trois évolutions persistantes invitent à
franchir cette ligne de non-retour. Tout d’abord, la logique capitalistique qui
nécessite de trouver de nouveaux marchés porteurs afin d’alimenter le système.
Dans ce contexte, la marchandisation des corps est déjà une réalité que les
lois n’ont pas (toujours) avalisées. Ensuite, l’essor de programmes
biopolitiques qui oblige l’Etat à prendre en charge la santé de ses citoyens,
quitte à réprimer leurs libertés publiques. Enfin, la pression sociale de
groupe d’individus qui veulent se voir reconnaître, au nom d’une égalité
problématique, le droit de transgresser la nature. Ce n’est pas l’égalité,
pourtant, qui est ici en question, mais la prise en compte (ou non) d’un propre
de l’homme.
C’est
donc à l’occasion d’une mesure sociétale somme toute banale, le mariage gay,
que les progressistes ont remis le cœur à l’ouvrage. Enfin débarrasser l’homme
de son âme, réputée ineffable, pour ne s’intéresser qu’à son corps, périssable
et à ce titre modifiable à souhaits. Le premier mouvement concerne les
naissances pour ne pas dire la fabrication des bébés. La procréation médicale
assistée (PMA) fait déjà l’objet d’un marché bien structuré. Il suffit de vous
rendre à l’étranger, après consultation des sites publicitaires, pour passer un
contrat avec l’une des nombreuses cliniques spécialisées dans ce domaine.
Rémunération aidant, vous choisirez sur un catalogue varié et bien présenté la
texture de la peau, la couleur des yeux, la corpulence estimée, etc. de votre
futur bébé.
L’affaire n’est pas tellement plus complexe pour la Gestation pour autrui (GPA) ; les « maternités de substitution » sont également nombreuses à offrir ce type de prestation (Allemagne, Australie, Ukraine, Canada, etc.). Si le coût est plus élevé, il prend en considération les frais juridiques qui indiquent, entre autres, les démarches à suivre pour faire reconnaître l’enfant dans votre pays d’origine – ce que vient de confirmer la bien mal nommée "garde des Sceaux". Ajoutons que le produit est sûr puisque la mère porteuse fera l'objet, avant embauche, d'un questionnaire très approfondi afin d'établir sa carte génétique, et d'évaluer son potentiel reproductif.
L’affaire n’est pas tellement plus complexe pour la Gestation pour autrui (GPA) ; les « maternités de substitution » sont également nombreuses à offrir ce type de prestation (Allemagne, Australie, Ukraine, Canada, etc.). Si le coût est plus élevé, il prend en considération les frais juridiques qui indiquent, entre autres, les démarches à suivre pour faire reconnaître l’enfant dans votre pays d’origine – ce que vient de confirmer la bien mal nommée "garde des Sceaux". Ajoutons que le produit est sûr puisque la mère porteuse fera l'objet, avant embauche, d'un questionnaire très approfondi afin d'établir sa carte génétique, et d'évaluer son potentiel reproductif.
Le
second mouvement qui vient à maturité concerne l’autre bout de la chaîne
biologique : la mort. Vous pourrez bientôt vous dispenser de suivre les
lois de la nature, et éventuellement en faire profiter vos chers aïeux, pour
choisir l’heure du départ. Là encore, tout est très bien fait et l’offre déjà
disponible dans des pays proches comme la Suisse. Elle reste pour l’instant
attachée à une procédure stricte (refus du suicide assisté) et prend le doux
nom d’euthanasie. Comme tout mouvement enclenché, il est naturel que celui-ci
aille jusqu’à son terme, et il n’est donc pas du tout utopique que d’imaginer,
après les naissances artificielles, le marché de la mort programmée.
Certains
défendent, en toute conscience, ces mesures au nom de la malléabilité de
l’existence humaine. Qu’il nous soit permis de les combattre au nom de la
valeur immuable de l’être humain. Mais il ne sera pas dit que ces progressistes
qui mettent le doigt dans l’engrenage de l’eugénisme puissent impunément se prétendre humanistes. Si nous étions chenapans, nous retournerions volontiers
contre eux leur arme favorite : la reductio ad hitlerum.
L'euthanasie c'est en Belgique. En Suisse c'est bien le suicide assisté. En France, à l'heure où j'écris il y a un projet d'euthanasie (Leonetti-Claeys) qui ne s'appellerait pas euthanasie. D'ailleurs ce n'est pas seulement un tour de passe passe car c'est plus que l'euthanasie. Ayant lu le projet j'y ai vu la possibilité de tuer le vieux sans avoir eu besoin de l'endoctriner préalablement, dans le cas où il n'est plus en capacité de dire "oui je suis bien l'agneau qui accepte le sacrifice". Incapable de parler pour cause de sédation préalable à la sédation finale ou pour toute autre raison. Qui ne dit mot consent.
RépondreSupprimerL'eugénisme vise à comprendre et optimiser la vie d'un être humain. Aider à combattre les cancers, les maladies en équilibrant les chances de tous.
RépondreSupprimerjolie article merci bien pour la partage
RépondreSupprimermerci bien pour l'article genial
RépondreSupprimersuperbe communication, je vais lire les autres posts
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