samedi 12 mai 2012

Hollande année zéro


A quoi ressemble le monde de François Hollande? La France qui l'a élu? L'Europe dont il hérite? Le monde dans lequel il est devenu président de la République française? 
La France qui l'a élu n'a pas vraiment voté pour lui, mais à 55%, voire 60%, pour mettre Nicolas Sarkozy dehors. C'est un pays où le Français est mal luné et imprévisible, dans lequel le candidat socialiste doit en partie sa victoire aux électeurs du Front National. C'est une France dans laquelle une partie de la jeunesse, celle qui n'est pas intéressante, qui n'est pas issue de la diversité, mais qui enrage qu'on la méprise aussi ostensiblement, emmerde la politique, emmerde la gauche et emmerde ses aînés condescendants, égoïstes et cyniques. 
L'Europe de laquelle hérite François Hollande, c'est celle où la chancelière allemande s'est invitée avec subtilité dans les élections présidentielles françaises pour soutenir son peu reluisant poulain mais c'est aussi celle dans laquelle les élections présidentielles françaises n'ont intéressé personne parce que les Grecs étaient affairés au même moment à dynamiter une classe politique qui n'a cessé de leur mentir. Dans cette Europe-là, les Grecs, qui sont tout justes bons à revoter les plans d'austérité qu'on leur présente, sont des trouble-fêtes qui "mettent l'Euro en péril." Plus irresponsable, nationaliste, imprévisible et mal luné que le Français, le Grec est un terroriste en puissance. Il vote pour un parti croquemitaine d'extrême-droite néo-nazie ou pour une extrême gauche braillarde et belliqueuse et il dit à toute l'Europe: "Je vous emmerde."
Et le monde enfin dans lequel arrive François Hollande est un monde où la France fait figure de pauvre petit pays passéiste accroché à sa dérisoire qualité de vie, à son dérisoire "confort de vie", à sa dérisoire "exception culturelle", alors que tous, pays émergents, nouvelles puissances industrielles, anciennes puissances et vieux empires s'agenouillent devant une déesse croissance qui ressemble un peu à Kâli, la mère destructrice et créatrice de la cosmologie hindouiste, dont la bouche pleine de sang exhale un suave parfum d'abattoir. C'est un monde dans lequel une Europe de gentils bisounours a choisi de remplacer un marché commun efficace par un salmigondis politique de 27 pays qui ne sont guère plus capables que de s'entrelarder de coups de pinces au fond de leur panier de crabes eurosolidaires (et Nigel Farage ne trouve même pas que ce marché commun d'épiciers transnationaux ait été une très bonne idée). C'est un monde dans lequel la deuxième puissance mondiale, la République Populaire de Chine, vient vraisemblablement de vivre une tentative de coup d'Etat, menée au sein même des instances dirigeantes du Parti Communiste Chinois et un monde dans lequel la censure chinoise n'a pas pu empêcher les craquements sinistres de se faire entendre à l'autre bout du monde. 
Dans cette France-là, dans cette Europe-là, dans ce monde-là, il y a pourtant des phrases qui restent dans l'histoire, il y a des sujets de débat plus essentiel, il y a des évènements plus déterminant sur lesquels les journalistes, les médias, les "twittos" choisissent de se focaliser : Pierre Salviac a été viré de RTL pour avoir twitté que Valérie Trierweiler « b..... utile ».  
Voilà où nous en sommes. Bonne chance au nouveau président d'une République en si bon état, bonne chance à nous tous surtout, nous en aurons besoin. C'est reparti pour un tour. Hollande année zéro. 




Retrouvez cet article sur Hipstagazine

2 commentaires:

  1. Oui, le fracas du monde ancien et des jeunes pousses et le décor de fond de scène aussi se bouscule ! Les repères explosent. C'est aussi plaisant que flippant. C'est comme un homme qui bascule, d'abord il tremble, puis soit il s'écroule soit il enrage. Le Monde est pris de convulsions (je me Jacquattalise). Il finira à l'hôpital ou à la morgue !

    RépondreSupprimer
  2. Il finira peut-être aussi pendu à un lampadaire

    RépondreSupprimer