dimanche 24 juin 2012

L'incendie du théâtre


"J’imagine que vous vous êtes mariés ce matin. Ce n’est pas un mariage de convenance. Vous épousez justement la femme que vous désirez épouser. Elle vous paraît charmante : aussi charmante qu’on peut l’être. Bien. Dans l’après-midi vous l’emmenez au théâtre. Vous n’avez pas mal choisi la pièce : c’est du Shakespeare (pour ne vexer personne). Il n’y a qu’un malheur : c’est qu’au second acte le théâtre prend feu. La Préfecture de Police a oublié de vérifier si les bois étaient ignifugés. Ils ne le sont pas : ils flambent comme de petites allumettes, ils sèment la déroute dans les spectateurs, qui s’enfuient en pagaille et commencent à s’aplatir les uns les autres. Heureusement, il se trouve un monsieur – qui n’a pas l’air particulièrement génial, ni malin (ni même, entre nous, très bien habillé), vraiment le premier venu. Eh bien, il se trouve que ce premier venu a de la décision. Il commence par assommer le méchant spectateur qui piétinait déjà sa voisine pour s’en aller plus vite. Il met les autres en rang, on se croirait à l’exercice. Enfin il organise, comme on dit, l’évacuation. Il n’y aura que deux ou trois dames carbonisées. En tout cas la vôtre (de dame) n’en est pas.
Il me semble me rappeler, mon cher ami, que vous m’avez traité l’autre jour de vieux libéral. Et que diable voulez-vous que je sois ? Voilà qu’en cinq heures – je me mets à la place du jeune marié – il m’a fallu successivement être démocrate, partisan de l’aristocratie et royaliste (ou fasciste, si vous aimez mieux – c’est ici tout un).
Royaliste, s’il est des dangers où la seule ressource est d’obéir aveuglément à qui n’est pas le plus éloquent, ni le mieux habillé, ni sans doute le plus intelligent. Aristocrate, car enfin vous avez choisi, pour aller voir sa pièce, le meilleur (à votre sens) des auteurs dramatiques. Démocrate, puisque vous désirez, et même exigez au besoin que votre femme ne soit pas choisie par vos vieux parents – même si vous avez pour eux l’affection qu’ils méritent – ni par votre médecin, fût-il le meilleur du quartier. Non, vous voulez la choisir vous-même. Vous ne lui demandez pas d’avoir reçu un prix de beauté, ni d’être capable d’écrire un recueil de poèmes. Non, vous la prenez pour une foule de raisons subtiles et personnelles, que vous seriez bien en peine de justifier, ou seulement d’expliquer. Et même que vous tenez à ne pas expliquer.
Qu’y faire ? Ainsi va la vie. Ainsi sommes-nous contents qu’elle aille. Le jour où l’évacuation du théâtre sera organisée par votes et par discussions, suivant les sages principes de la démocratie, il n’y aura pas quatre dames carbonisées, mais quatre cents. Le jour où votre femme vous sera imposée par le médecin de la famille, et où les seuls auteurs biens vus du Gouvernement verront leurs pièces jouées, vous découvrirez à votre surprise l’agrément qu’il peut y avoir à vivre sans théâtre, et sans épouse.
Non, la vie n’est pas simplement – comme le voudraient les Politiques – un mariage. Ni un spectacle. Ni un incendie. Elle est tout cela, tour à tour. Et je ne suis pas fâché qu’il me faille être démocrate le matin, l’après-midi aristocrate et le soir royaliste. Ce qui peut, bien sûr, dans l’ensemble, s’appeler libéral. Mais mon libéralisme n’est pas fait de tiédeur, ni d’indifférence. Il est la simple liberté que je prends d’être, suivant le cas violemment royaliste, vivement aristocrate, démocrate avec ardeur."

Jean Paulhan. « Lettre à un jeune partisan. » N.R.F. Novembre 1956. p. 770-772


L'incendie de la cité. Gerardo Dottori. 1926 

Je m'appelle Normal. François Normal.

Après avoir subi pendant cinq ans les extravagances d’un petit histrion survitaminé, affichant avec ostentation son goût du clinquant et des gadgets coûteux, la France espérait retrouver enfin un peu de dignité. Avec Nicolas Sarkozy, tout devenait exagéré, représentatif d’une philosophie de la vie un peu trop matérialiste. Sa femme se devait d’être mannequin, sa montre en or et son Porsche, Cayenne. La vérité, t’as vu comme elle est belle ma gonzesse? Et mon avion là, t'as vu un peu comme il est classe ? 
François Hollande avait annoncé pour sa part une présidence normale, débarrassée de ses tics de parvenus qui commençait à faire croire à l’étranger que la France de Voltaire et de Marivaux était devenue un nouvel étalon en matière de vulgarité. On respirait. Enfin, nous allions redevenir normaux aux yeux du monde et surtout à nos propres yeux. Las ! A peine installé à l’Elysée, l’envahissante compagne du bon François nous faisait passer en un tweet assassin de La vérité si je mens à Plus belle la vie, version trahison et coups bas à la Rochelle. La France horrifiée s’apercevait que Nicolas Sarkozy n’était pas à lui seul le fléau divin mais un banal symptôme. Egocentrique, bête et prétentieuse au dernier degré, l’élite politique et journalistique de notre pays démontrait une fois de plus qu'elle ne vaut pas mieux que l’équipe de France de football. Le mal étrange qui prive tout individu de la plus élémentaire pudeur et de toute élégance semble frapper aveuglement tous nos représentants, qu'ils portent un maillot de foot, un costume trois pièces ou un tailleur. De la gauche à la droite en passant par la présidence, nous n’avons décidément plus affaire qu’à une cohorte de crétins infatués qui s’imaginent que leur vie sentimentale ou leurs états d’âmes sont une affaire d’Etat. 
Heureusement, heureusement, heureusement, François Hollande vient de nous prouver, avec cette vidéo qui a commencé à tourner depuis quelques temps sur internet et même sur les chaînes de télévision, qu’il était l’homme de la situation, qu’il était vraiment ce président normal que nous attendions tous, et ce en dépit des frasques pathétiques de sa première dame. Sur cet extrait capturé en 2010, à Ussel, en Corrèze, nous retrouvons enfin un président modeste, sympa et rigolo. En revanche pour ce qui est de la dignité présidentielle, de la grandeur d’apparat et de la hauteur de vue, il faudra repasser, on en est pas encore là.


samedi 23 juin 2012

La chaîne sanitaire


« L'hygiène est une divinité majeure de la société industrielle qui, laissée à elle-même, irait jusqu'à stériliser - pasteuriser - toute vie sous prétexte d'éliminer les microbes. Certes, ses raisons ne sont que trop bonnes, la propreté est nécessaire. Mais toute raison spécialisée devenant folle, il ne faudrait pas en arriver au point de bâtir son foyer, et la cité entière autour d'un autel sanitaire. Cette obsession de l'hygiène ne serait-elle pas le fait d'une société urbaine plus crasseuse, plus infectée - autrement dit plus polluée - qu'une autre ? »

Bernard Charbonneau, Un Festin pour Tantale, Sang de la Terre, 1997










Texte glané sur le site Anarchrisme, recommandé pour l'hygiène spirituelle. 

vendredi 22 juin 2012

Solstice de juin


« Solstice de juin, instant ambigu, marqué par une sorte de mensonge, comme il me trouble, m’irrite, me plaît. Pendant des mois encore, l’année va paraître s’élancer vers son zénith de chaleur et de splendeur, et cependant c’en est fait : les jours ont commencé de s’accourcir. Le Soleil s’incline, le Soleil meurt. Adonis meurt, ne laissant que la rose. Aux portes des maisons, en simulacres de terre cuite ou de métal, le jeune dieu, demi nu, avec des sockets, est étendu sur un lit, entouré de ces fleurs qui passent en quelques jours, et qu’on appelle pour cela « du jardin d’Adonis ». Et les femmes pleurent et se frappent la poitrine, au son de la flûte phénicienne. Mais tout est ambigu, dans cette fête : les femmes dans leurs pleurs mêlent une secrète joie, car elles savent qu’au solstice d’hiver Adonis va ressusciter. »

Henry de Montherlant. Le Solstice de juin. 1941. p. 308



jeudi 21 juin 2012

Les Parthes

"Les Parthes ne s'excitent pas au combat avec des cornes ou des trompettes; ils emploient des tambours creux et tendus de peaux sur lesquels ils frappent en même temps, de tous côtés, avec des marteaux de bronze, ce qui produit un son profond et terrible, qui tient du rugissement des bêtes sauvages et de la violence du tonnerre. Ils ont bien vu, semble-t-il, que de tous les sens, l'ouïe est celui qui trouble le plus l'âme, provoque en elle les impressions les plus rapides et, plus que tout, égare la raison."

Plutarque. Vie de Crassus. XIII


La défaite de la musique


          Au moment où commence l'infâme célébration. Nous publions en dernière minute, un témoignage édifiant provenant du site Hipstagazine donnant un avant-goût (de bière tiède) des réjouissances qui se préparent. Nous avons décidé de relayer ce message d'utilité publique. Vous ne pourrez plus dire que vous n'avez pas été prévenus. Fuyez pauvres fous. Par Carrie B. Silla.  

Avant que vous ne continuiez votre lecture, je tiens à vous avertir : ceci est un papier haineux et volontairement de (très) mauvaise foi.

En effet, le 21 juin est un jour tristement célèbre pour nos oreilles. La responsable, la mal-nommée, Fête de la Musique. Grâce à Jack Lang, et ce depuis 31 ans, nous aurons donc le plaisir de saigner des oreilles grâce aux groupes amateurs qui, prétextant que c’est un jour dédié à la musique, envahiront les rues des villes en dégainant leur attirail auditivement nocif.
Non, décidément, le 21 juin ne rend pas hommage à la musique. Il la tyrannise, et par la même occasion, nous fait haïr ces pseudos-chanteurs qui s’égosillent sans aucune pudeur dans les rues de Paname. Il y a des vrais artistes aussi, qui, pour faire original, se produisent ce jour-là. Mais à moins de camper devant la scène toute la journée, vous serez si loin que vous ne distinguerez strictement rien, si ce n’est la chevelure fournie et particulièrement envahissante de votre voisin de devant. Vous pouvez éventuellement en profiter pour établir son diagnostic capillaire mais vous vous rappelez qu’au départ, vous étiez sortis de votre cocon pour prendre part à cette liesse populaire.

Finalement, vous réalisez que les fêtes populaires ne sont définitivement pas votre truc, et vous décidez, les bras ballants, de rentrer chez vous. Malheureusement, vous êtes désormais bloqué au milieu de cette immense foule et tout mouvement parait bien compromis. Entre la cigarette de la voisine de droite qui menace de vous trouer le bras et le nationalisme un peu envahissant de votre voisin de derrière qui lève son drapeau breton en hurlant, - il y a toujours un drapeau breton dans quelconque rassemblement, c'est pathologique je vous dis - vous vous dites que la meilleure solution est de partir à gauche.

Sauf que le dit « voisin-de-gauche » transpire. Beaucoup. Il transpire tant que le moindre contact tactile avec cette personne vous semble être une bien terrible punition. Pour couronner le tout, il porte, greffé dans son dos, un énooooorme sac-à-dos. Ainsi, chaque fois que le voisin-de-gauche décide de bouger, son entourage a la chance d’en être prévenu car il se prend forcément une lanière, ou une fermeture éclair, dans la face (si vous êtes petit en plus de ça.)
Vous prenez votre courage à deux mains, et traversez cette foule tellement enthousiaste qu’elle vous étouffe. Des bouts de verre se collent à vos chaussures, ça pue la saucisse grillée et la bière renversée, il est urgent de vous sortir de là. Cela vous rappelle un certain soir de mai place de la Bastille, le bonheur et l’enthousiasme partagés en moins, tout ça vous dégoûte. Vous vous éloignez, serpentant entre les groupes d’amis, dans l’espoir de trouver un taxi, un bus. En vain, plus rien ne circule puisque c’est la fête. Vous vous engouffrez, en désespoir de cause, dans la bouche de métro la plus proche. Grâce au climat semi-tropical et détestable qui règne sur Paris, vous avez l’impression de descendre aux enfers. La chaleur moite vous submerge et vous êtes au bord du malaise vagal quand vous vous entendez quelques notes d’accordéon émaner des tunnels.

Malheureusement, les Roumains ne font toujours pas grève et ont cru qu’ils étaient conviés, eux aussi, à honorer la Musique. Au final, c’est bien, vous avez l’impression de voyager : des musiciens roumains dans la chaleur humide du métro de Mexico qui chantent les Gipsy Kings. Ca, ça a de la gueule. Vous rêvassez, vous dites que finalement, vous redécouvrez des grands classiques. Tellement, que vous n’avez pas remarqué que le métro ne desservait pas toutes les stations. Vous êtes loin, très loin de chez vous et vous avez l’étrange impression que ce calvaire ne se terminera jamais.

A la défaite de Jack Lang aux législatives, vous n’avez pas d’explications, mais le karma, si.






mercredi 20 juin 2012

La fête triste

           "La plus grande fierté de l'actuelle administration est la Fête de la Musique, qui tient à la fois d'un Mai 68 orchestré d'en haut et de la Fête de L'Humanité. L'intention affichée est de "développer les pratiques musicales" des Français. Il est difficile d'imaginer une pédagogie plus étrange de l'harmonie et de la mélodie que ce brouhaha simultané déclenché au même moment dans des villes entières. 
C'est en réalité la juxtaposition en public des baffles de chaîne hi-fi et des micros de walkman. Cet "évènement culturel", objet de sondages, reportages et statistiques, est une tautologie officielle de la dispersion par le bruit et le son que la ville moderne n'est que trop portée par elle-même à imposer à ses citadins. Le testament de Michel Foucault s'intitule : Le Souci de soi. C'est une belle traduction du cultura animi de Cicéron. Tout musicien qui a le "souci de soi" et de son art se calfeutre pendant ce tapage nocturne, de même que tout lecteur digne de ce nom est mis en déroute par la Fureur de lire et tout ami des tableaux par la Ruée sur l'art. [Je ne crois pas inutile de reproduire en entier ici le texte de Tocqueville dont j'ai déjà cité un fragment : "La foule croissante des lecteurs et le besoin continuel qu'ils ont du nouveau assurent le débit d'un livre qu'ils n'estiment guère. Dans les temps de démocratie, le public en agit souvent avec les auteurs comme le font d'ordinaire les rois avec leurs courtisans ; il les enrichit et les méprise. Que faut-il de plus aux âmes vénales qui naissent dans les cours et qui sont dignes d'y vivre ?" (Alexis de Tocqueville, De la démocratie en Amérique, II, 15).] 
Ce style de "communication sociale", qui convient à la lutte contre le tabagisme et pour le port de la ceinture de sécurité, compromet et vide de sens cela même qu'il prétend "diffuser". Le public de la télévision est à peine effleuré. La facilité passive et brouillonne est donnée en exemple. Les Comices agricoles de Flaubert étaient le premier "évènement" culturel que la France pré-culturelle eût connu." 

M. Fumaroli, L'Etat culturel, 1997


mardi 19 juin 2012

Redressement occulte

           Un mois après l’annonce de la composition du premier gouvernement de l’ère Hollande, le mystère plane toujours. A quoi sert au juste le ministère du Redressement Productif dont a hérité Arnaud Montebourg ? S’agit-il d’une métaphore virile donnant à penser que le gouvernement entend promouvoir une politique nataliste ? D'un nouvel avatar des services fiscaux?






Vraiment, il semble bien difficile de le deviner et l’on imagine avec peine à l’heure qu’il est le malheureux Arnaud Montebourg, se prenant la tête à deux mains dans la solitude de son grand bureau, tâchant de comprendre quel sombre tour François « Monsieur petites blagues » Hollande a bien pu lui jouer. Cela est d’autant plus inquiétant pour Arnaud Montebourg que notre éminent confrère ParanoMagazine a révélé, dossier et preuves à l’appui, quels noirs desseins notre nouveau président dissimule sous une apparence débonnaire et affable.



Afin de venir en aide au malheureux Arnaud Montebourg et toujours conscients que jamais le combat pour la vérité ne doit cesser d’être mené, nous avons entrepris de découvrir le sens véritable, et peut-être diabolique, que dissimule la mystérieuse appellation et avons eu recours pour ce faire aux travaux d’un occultiste de renom, dont les ouvrages font aujourd’hui autorité dans les milieux autorisés (je me comprends) : Jacques Laurent.

A quelle funeste vérité les travaux de Jacques Laurent ont-ils pu aboutir?
(photographie tiré du site de l'Académie française)

En 1952, dans un article considéré aujourd’hui par l’ensemble des spécialistes (qui se reconnaîtront…) comme fondateur pour la branquologie, Jacques Laurent révélait au monde ébahi la qualité d’initié d’Hector Malot et la signification cabalistique véritable de son roman, Sans famille. Mais laissons-lui la parole :

"La traduction numérique du nom même d’HECTOR MALOT nous révèle, derrière l’écrivain, le grand initié. Tout le monde sait qu’on reconnait celui-ci à ce que son nom doit présenter, après examen numérique, des « faveurs symétriques »[1]. HECTOR MALOT est un des seuls prophètes à les présenter toutes.
Soit la traduction de son nom en alphabet numérique :
H E C  T   O   R           M  A L    O     T
8 5 3 20 15 18           13  1 12  15 20
Les faveurs sautent aux yeux. Voici celles que le grand public peut apercevoir le plus facilement.
1°  8 = 5+3
    13 = 1+12
Ainsi, la première lettre du prénom et la première du nom sont chacune égales à la somme des deux suivantes.
[…]
2°  20+15 = 35
      15+20 = 35
Ainsi la quatrième lettre du prénom ajoutée à la quatrième lettre du nom donne bien la même somme que la cinquième lettre du prénom ajoutée à la cinquième lettre du nom.
On sait que le terribouris[2] consiste à tirer une nouvelle valeur du chiffre obtenu en additionnant les nombres qui le composent. Soit les trois premières lettres du prénom HECTOR. Leur somme est de 16. Le terribourris de 16 est : 1+6 = 7.
La somme des trois premières lettres du nom MALOT est 26, dont le terribourris est 8.
On appelle carré zoharique ou brouillis le terribourris de la somme de deux terribourris. Effectuons-le. La somme de 8 et de 7 est 15 dont le terribourris est 6. On a donc :
Brouillis d’HECTOR MALOT : 6
Terribourris des trois premières lettres du prénom : 7
-------------- ---- ------ ------------- --------- -- nom : 8
On se trouve évidemment devant une progression mystique où 6 représente le nombre de la Plante (tel que la valeur du milieu 3, est exactement égale à la valeur de l’Etre, 3, ce dernier ne pouvant vaincre le Milieu), où 7 représente le nombre de la Bête-Allant[3] (grâce à la supériorité de la valeur de l’Etre, 4, sur la valeur du Milieu, 3, il y a eu ébauche de libération[4]), où 8 représente le nombre de l’Homme-Entie[5] (par rapport à la valeur du Milieu celle de l’Etre est montée à 5, d’où victoire sur l’Animalité). Autrement dit, la preuve est donnée qu’HECTOR MALOT a antérieurement satisfait aux trois incarnations végétales, animale et humaine."[6]

La démonstration est lumineuse. Nous avons tenté d’appliquer cette méthode rigoureuse à la situation qui nous occupe présentement, en tentant par les mêmes moyens de découvrir le secret contenu dans le REDRESSEMENT PRODUCTIF.

Hector Malot, un homme qui avait décidément bien des choses à cacher... 

La première chose que nous constatons d’emblée est la fréquence avec laquelle la lettre E se trouve reproduite dans le terme REDRESSEMENT. Il ne s’agit à coup sûr pas d’un hasard. On se souvient ainsi que l’écrivain Georges Pérec avait tenté de faire disparaître la lettre E de son roman, très justement intitulé La disparition. Quelle raison pouvait avoir Pérec de refuser d’utiliser la lettre E ? Avait-il perçu quelque signification diabolique dans le symbole à priori insignifiant qui débute les mots "édredon", "épices" ou "émoluments" mais que l’on retrouve aussi de façon plus troublante au début d’"équation", "ésotérique" ou "énarque" ? Plus étonnant encore, on remarque que la lettre E au début d’un mot se trouve presque toujours surmontée d’un accent aigu, grave ou circonflexe. Il n’y a guère qu’"emmerdeur", ou "enculé" qui forment des exceptions notables à la règle. Qu’est-ce que le E peut bien avoir à cacher pour se dissimuler aussi souvent sous le paravent d’une accentuation un peu trop récurrente pour n’être pas suspecte? Nous avons tenté d’interroger Georges Pérec à ce sujet et avons eu toutes les peines à le joindre avant de découvrir qu’il était décédé en 1982, ce qui n’a pas manqué d’éveiller nos soupçons. A-t-on voulu le faire taire ? Quel qu’ait pu être son secret, Georges Pérec l’a emporté dans sa tombe.

Georges Pérec: sous l'apparente bonhomie, on sent poindre l'inquiétude. Se sentait-il déjà menacé?

La cryptosymbologie nous apprend que le E est la cinquième lettre de l’alphabet, ce qui nous renvoie bien évidemment au Pentateuque qui, étymologiquement, provient du grec ancien Πεντάτευχος/Pentateukhos, de πέντε/pénte, cinq, et τεῦχος/teûkhos, coffre, lieu où l'on range des choses, c’est-à-dire où on les cache. Nous voici donc déjà lancés sur la piste du secret.
Nous constatons également que parmi les autres lettres qui composent REDRESSEMENT, R est la 18e lettre de l’alphabet, S la 19e et T la 20e. On notera que ces trois lettres consécutives dans l’ordre de l’alphabet latin se trouvent respectivement au début, au milieu et à la fin du mot REDRESSEMENT. Cela non plus n’est bien sûr pas un hasard. Si l’on ajoute le sinistre redoublement du S central[7], nous acquérons la conviction que la première partie de l’intitulé du ministère d’Arnaud Montebourg détient une signification sans doute lourde de sens (et peut-être même un secret énigmatique voire une révélation cachée).
Si nous appliquons maintenant rigoureusement la méthode du professeur Jacques Laurent (lui aussi mystérieusement disparu, et comme par hasard, en 2000) et que nous nous livrons à quelques computations, nous constatons donc que le terribouris de R est 9 (1+8), celui de S est 1 (1+9) et celui de T est 2 (2+0). Si nous additionnons ces trois chiffres, nous obtenons 12, dont le terribouris est 3, hors 12 divisé par 2 = 6 et 3 fois 4 = 12. Gardons ces valeurs en tête, car elles composent une partie de la clé ésotérique dont nous sommes en quête. Si nous additionnons toutes les valeurs numériques des lettres de REDRESSEMENT, nous obtenons 145, soit un terribourris de 1. C’est-à-dire la valeur symbolique de l’unité originelle de l’être hermaphrodite dont la Genèse biblique nous dit : « Dieu créa l'homme à son image, il le créa à l'image de Dieu, il le créa mâle-femelle. » (Gen. I, 27). Le redoublement de la consonne S au milieu du mot nous donne le nombre 11 dont le terribouris est 2, valeur duale du redoublement de l’unité cosmique. Dans cette association mystique, la dualité contient l’unité, signe d’alliance du Dieu unique avec son peuple élu. Si enfin nous additionnons les valeurs et les terribouris de toutes les valeurs numériques de REDRESSEMENT (soit 9, 5, 4, 9, 5, 1, 1, 5, 4, 5, 5, 2 pour un total de 55), nous obtenons à nouveau le chiffre 1, hors 1+1 = 2, comme chacun sait. Voilà qui ne cesse d’être intrigant. Examinons donc la progression mystique qui nous conduit à travers les arcanes mystiques du terme REDRESSEMENT et nous observerons tout d’abord que le nombre 11, symbole numérologique de la révélation, est au cœur de la cartographie numéro-mystique de REDRESSEMENT, en effet la onzième lame majeure du tarot divinatoire est la Force, représentant une femme luttant contre un lion, symbole de l’union contradictoire du masculin et du féminin car 1+1 = 2 par addition théosophique comme on l'a précédemment rappelé[8]. Il est donc évident ici que dans cette suite mystique le 2 doit précéder le 1 dans tous les cas puisque la dualité l’emporte sur l’origine et que Saturne a vaincu le Lion, s’impose donc à nous la suite 21 dont le terribouris est 3, hors, en poursuivant notre suite mystique, soit 3x2 nous obtiendrons 6, chiffre qui symbolise la lutte du Bien et du Mal et de l’harmonie qui émerge du chaos.
La somme des valeurs numériques de PRODUCTIF nous donne 112 soit un terribouris de 4. La somme des terribouris des valeurs numériques qui composent PRODUCTIF nous donne le nombre 49 dont le terribouris est également 4, qui symbolise l’esprit entrant dans la matière ainsi que le travail et le labeur. La somme des deux valeurs nous donne 8 qui symbolise l’équilibre, la vérité et la justice ce qui nous donne indique que nous sommes sur la bonne voie. La somme des valeurs numériques des lettres qui composent PRODUCTIF divisée par leur terribouris final nous donne encore le chiffre 2 qui contient le chiffre 1, soit à nouveau la suite 21. Nous progressons ainsi à travers les voiles du mystère vers la vérité ultime qui doit se révéler à nous.  



Accueillons dès lors cette révélation mystique en ajoutant à la révélation numérologique la science de l’étymologie. Nous découvrons donc que REDRESSEMENT provient de « dresser », directiare, « redresser, mettre droit», en latin, et dérive également de directus, « droit », tandis que PRODUCTIF, et cela est encore plus intéressant, provient de productio qui signifie « allongement » ou « prolongation », dans une acceptation temporelle, de pro, « en avant », et ducere, « conduire ». L’association étymologique fait donc référence à quelque chose qui s’allonge en se rendant droit, ou se prolonge en se durcissant, comme le service militaire par exemple. C’est là une autre manière de nous signifier la présence du secret et que le chemin vers la vérité est long et ardu. Si nous regroupons ainsi les éléments que cette passionnante analyse laisse en notre possession, nous nous souvenons de l’importance de la lettre E, dont l’équivalent numérique est 5, symbole de liberté, de changement et de métamorphose et que nous associerons donc aux clés numériques qui nous sont réapparues dans tous les cas, soit la suite mystique 21, ce qui nous donne par nouvelle association mystique 15 et 25.
11, 21, 6, puis à nouveau 21, 15 et 25, voici donc la suite numéro-ésotérique que nous livre le patient décryptage de REDRESSEMENT PRODUCTIF. Soit les lettres K, U, F, U, O, Y. Si nous omettons de répéter deux fois la suite 21, nous obtenons K, U, F, Y, O. Nous sommes sur le point de percer le secret que François Hollande a enfermé dans l’intitulé du ministère dévolu à Arnaud Montebourg. S’agit-il d’une occurrence satanique ?  C’est avec surprise cependant que nous découvrons alors sans doute la signification de l’anagramme dans le Dictionnaire des termes bouddhiques. Nous y lisons en effet que le terme FUKYO désigne :

Fukyo ou Jofugyo, 不軽菩` ・常不軽菩` (Toujours-Sans-Mépris ou Sans-Mépris, Sadapaributha, Chang Buqing, Never Disrespectful). Bodhisattva dont l'histoire est racontée au chapitre XX du Sutra du Lotus (Chapitre du bodhisattva Fukyo ). Expression du comportement idéal d'un bodhisattva. Sa compassion pour autrui repose sur la perception de la nature de bouddha en chaque être humain. Reconnaissant en chacun des potentialités illimitées, Fukyo se prosternait devant tous ceux qu'il rencontrait avec ces mots : ''Je n'ai garde de vous mépriser; vous deviendrez tous des bodhisattvas'', ce qui provoquait rires et mépris. Vers la fin de sa vie, il entendit parler du Sutra du Lotus exposé par le bouddha Ionno et fut capable de le comprendre entièrement, purifiant ainsi ses six sens et prolongeant sa vie de deux cents, dix mille et cent mille nayuta d'années. Il enseigna ce sutra à d'incalculables millions de personnes qui se mirent alors à le suivre et à croire dans le Sutra. Mais, à cause des offenses que ces personnes avaient commises en éprouvant colère et rancune à son égard, elles languirent dans l'enfer des souffrances incessantes pendant un millier de kalpa. Pendant vingt millions de kalpa, elles ne rencontrèrent jamais de bouddha, n'entendirent pas le Dharma ou ne virent pas de moine. Mais pour finir, elles renaquirent avec le bodhisattva Fukyo et furent converties par lui au Sutra du Lotus. Nichiren cite souvent l'histoire de ce bodhisattva pour illustrer le principe de l'atteinte de l'Eveil par une relation d'opposition (gyakuen)[9]


            Voici donc le message auquel renvoie en réalité le mystérieux intitulé du portefeuille d’Arnaud Montebourg traduit ésotériquement par "Fukyo". Il lui reste encore à méditer profondément ses paroles pour savoir quelle signification profonde elles revêtent pour lui. S’il a d’autres questions, je l’invite à les adresser sur le site, j’y répondrai avec plaisir, sauf le mercredi parce que j’ai piscine.



[1] Cf. le Livre de la Hiérarchie céleste, de saint Denis l’Aéropagite ; et aussi le De Fundamento Sapientiae, de Paracelse.
[2] De préférence au terme judaïque j’emploie l’expression médiévale telle qu’on la trouve dans la tradition albigeoise et telle qu’elle apparaît dans l’œuvre de Jean Froissart : « Il menait tel terribourris et tel brouillis qu’il semblait que tous les diables de l’enfer fussent là-dedans et dussent tout emporter. » (Chronique de Messire Pierre de Béarn).
[3] Et non la Bête-Allaitant comme certains auteurs l’ont écrit par confusion.                                                                    
[4] Versuchbefreiung
[5] Cette tournure prête à une interprétation sexuelle. Celle-ci n’est pas inexacte, mais ne doit pas faire oublier qu’ « Entier » doit être surtout accepté dans son sens usuel d’accord entre le Pour-Soi et l’En-Soi.
[6] Jacques LAURENT. « Un grand initié méconnu : Hector Malot. » Article publié dans La Table Ronde en décembre 1950 et reproduit dans L’esprit des Lettres. Editions De Fallois. Paris. 1999. p. 81-82
[7] Qui nous rappelle les heures les plus sombres de notre histoire.
[8] Et comme nous le rappelle Brenda, thérapeute sur la guérison et l’exploration de la conscience. http://www.voixinterieure.org/article-11-11-11-signification-du-11-en-numerologie-88487671.html

dimanche 17 juin 2012

La dictature de l'Open space


Un article du Professeur du dimanche (que l'on rebaptisera exceptionnellement et à cinq minutes près le Professeur du lundi) qui tombe à pic alors que la peoplitique fait plus de ravages que jamais. En direct de nos confrères d'Hipstagazine dont nous conseillons plus que jamais la fréquentation à nos lecteurs de 0.7 à 777 ans. 

       On oppose généralement la sphère privée à la sphère publique dans l’optique « républicaine » d’une dénonciation de la privatisation de la sphère publique. Seulement, la critique manque sa cible en confondant le privé et l’intime au point que cette assimilation semble faire désormais l’objet d’une légitimation par des personnalités comme la patronne du MEDEF, Laurence Parisot, qui pouvait affirmer dans un entretien pour Libération : « La vie, la santé, l’amour sont précaires, pourquoi le travail échapperait-il à cette loi ? », et de comparer la rupture d’un contrat de travail à une rupture amoureuse.
Le privé et l’intime relèvent pourtant de deux logiques bien différentes qu’il importe de distinguer.
Le privé relève de tout ce que l’individu peut revendiquer pour lui-même. Par extension son espace est illimité comme l’est la propriété dans la tradition libérale. L’intime est quant à lui relatif aux liens qu’entretiennent des personnes dans un espace fragile et confiné. Comme le remarque Michaël Foessel dans son beau livre La privation de l’intime : « Le sujet de l’intime n’est pas l’individu propriétaire : il doit prendre le risque de se perdre pour espérer se retrouver "auprès de soi dans l’autre". »* L’intime peut être l’objet du politique, et donc émerger au sein de la sphère publique, dès lors qu’il devient l’objet d’une préoccupation concernant l’ensemble de la société. C’est en quelque sorte le fait divers qui devient un fait politique (que l’on songe par exemple au problème de la contraception.)
Ce rapport singulier de l’intime au monde ne souffre toutefois pas sa transformation en propriété individuelle qui s’étale sous les yeux de l’autre sur le mode narcissique, comme pour mieux précisément faire disparaître l’intime en tant que tel.
Comme l’écrivait Bernanos, « On ne comprend rien à notre civilisation si on ne pose pas d’abord qu’elle est une conspiration contre toute espèce de vie intérieure. » Il faut avant tout montrer et exprimer ce que l’on est, ce que l’on veut, ce que l’on ressent, comme si le poids de la pudeur était trop difficile à supporter. Dans La littérature sans estomac (L’esprit des péninsules, 2002), Pierre Jourde montre à quel point la littérature s’est abîmée dans le nombrilisme et l’exhibition d’écrivains publiant à tour de bras des autofictions qui ne sont que le pâle reflet d’autobiographies (quand ce ne sont pas des autobiographies déclarées comme telles). Après La vie sexuelle de Catherine M, de Catherine Millet et L’inceste de Christine Angot, dont l’horizon existentiel de l’écriture vaut bien celui de l’escargot bavant sur une feuille de papier en pensant qu’il laissera une trace, le challenge en terme de privation de l’intime a été poussé si loin qu’il nous paraît enfin possible de réenvisager la littérature comme expérience consistant « à rêver avec une intensité telle que nous parvenions à arracher au monde un morceau. » (Pierre Jourde).

L’idéologie de la transparence comme privation de l’intime rejoint d’autre part l’idéologie de l’authenticité. Combien sont les candidats aux élections à mettre en avant comme premier atout le fait d’être « authentiques » ? Cette psychologisation de la société est sans doute l’un des aspects les plus saillants des politiques conservatrices : la carte de l’authenticité, de la proximité et de la pureté des intentions n’est jouée que pour pallier l’incapacité de transformer réellement quoi que ce soit. D’une certaine autre manière, nous retrouvons ce grossier alibi psychologisant dans le tristement célèbre « Ce qui compte, c’est la beauté intérieure », auquel Poelvoorde avait justement répliqué de manière quelque peu cinglante : « Mon cul oui ! C’est les moches qui disent ça ! » (Les carnets de Monsieur Manatane). Autre façon de dire que le réel réapparaît d’autant plus violemment qu’il est nié par les bons sentiments, relais promotionnel d’un moi authentique, transparent et niais.
Nous n’assistons pas tant à une dictature de l’intime qu’à sa disparition par sa dissolution dans la sphère privée ou marchande qui tient désormais lieu de politique. Dans l’espace public, la multiplication des caméras de surveillance, la biométrie et les banques de données sont d’ailleurs autant d’atteintes symptomatiques à l’intime orchestrées par l’Etat et le marché.



A l’inverse de la privation (et donc la destruction) de l’intime et du secret des affaires (publiques et privées), nous pourrions envisager la préservation du premier et/grâce à la publicisation des secondes dans une perspective où la transparence serait alors compatible avec une civilisation digne de ce nom.

* Michael Foessel, La privation de l’intime, Seuil, 2008, p.109

Un tour gratuit

Le 17 juin, le deuxième tour des élections législatives a lieu en France. Dans la majorité des cas, le choix est laissé aux Français qui se rendent aux urnes entre un nouvel avatar de la « gauche plurielle », ayant capitalisé le mécontentement de la population à l’égard du gouvernement sortant, et l’UMP, parti au sein duquel s’entredéchirent déjà les baronnets victimes ou responsables de la défaite de leur champion aux présidentielles. Entre les deux alternatives, peu de différences, en dépit des anathèmes lancés de part et d’autre. L’UMP qui s’apprête à rentrer dans l’opposition ce dimanche porte encore la responsabilité de la politique en apparence hyperactive et en réalité très attentiste du président sortant. L’ex-parti présidentiel continue cependant vaille que vaille à s’accrocher à la solution miracle d’une politique d’austérité qui semblerait plus à même d’achever le malade que de le redresser. Le nouveau gouvernement socialiste, propose lui des solutions qui ne paraissent guère plus miraculeuses, s’appuyant principalement sur une hausse de la fiscalité pour combler ce maudit déficit qui nous fait toujours passer aux yeux de nos vertueux voisins allemands pour les mauvais élèves de la classe européenne. Dans les deux cas, reste cette impression d’impuissance politique liée à un impératif qu’il s’avère toujours interdit de questionner ou de remettre en cause : « il faut sauver l’euro. » La vacuité profonde de la vie politique au cours du premier mois de gouvernement de François Hollande saute aux yeux. L’actualité ne semble avoir été alimentée que par la nouvelle chasse aux sorcières déclenchée par le MRAP, la LICRA, le CACA, le ZBOUB et la choucroute, comme dirait Mozinor, à l’encontre d’Eric Zemmour, ou encore par le Touitte assassin de Valérie Trierweiler à l’égard de sa ségorivale. Le spectacle de toute cette petite ménagerie se chicanant dans son panier de crabes sans paraître un seul instant prêter attention aux sombres nuages qui roulent au-dessus de leurs têtes à claque nous laisse, désolé Ségolène, un peu en peine de « désirs d’avenir. » A ce compte-là, l’avenir on n’est pas pressé de le voir débarquer, il peut rester encore un peu où il est celui-là. 

Le 17 juin, de nouvelles élections législatives auront aussi lieu en Grèce, appelant les électeurs à choisir entre les partis de gouvernement qui sont en grande partie responsables d’avoir mené le pays à la ruine et une formation d’extrême-gauche dont l’évocation fait trembler les élites bruxelloises. Vous pensez bien que la perspective d’un vrai choix politique ne peut être perçue que comme scandaleuse aujourd’hui en Europe. C’est le propos de Slavoj Zizek, philosophe un peu trop médiatique dont je suis loin de partager souvent les analyses, de faire remarquer qu’à l’heure qu’il est, les Grecs sont le seul peuple européen confronté à un vrai choix politique. Ceci n’enlève rien au fait que l’article de Zizek me semble en partie caricatural. Les courageux Grecs en lutte contre l’hydre capitaliste, dans une Athènes livrée la nuit aux milices fascistes de l’Aube Dorée, et qui vont sauver l’Europe en portant Siriza au gouvernement? J’ai toujours trouvé que Zizek était meilleur amateur de cinéma (si si son « Guide pevers du cinéma » n’est pas mal du tout) que philosophe ou politologue. Cependant le degré de véracité de ce que décrit ici Zizek n’est pas tout à fait ce qui me préoccupe à la lecture de son article, moi qui n’oserait me poser en observateur lucide et avisé de la réalité grecque. Ce qui me préoccupe est la conclusion très simple que le « miroir » grec nous renvoie en ce dimanche 17 juin : c’est que le deuxième tour des élections législatives en France, on s’en contrefout. En plus pour une fois qu’il fait beau, ce n’est pas le moment d’aller déprimer dans un isoloir.



mercredi 13 juin 2012

Le grand commérage




            Deux événements, pardon, deux racontars piteux, deux cancans débiles, deux faits sans queue ni tête ont littéralement bouleversé nos amis les journalistes, et tout le landerneau médiatico-business. Le premier est diablement important puisqu’il relève de nos croyances les plus profondes, les dernières petites traces de sacré qu’il nous reste, il s’agit bien sûr de la réaction de Nasri après son but providentiel contre l’Angleterre : « Ferme ta gueule ! »

Le second n’est pas moins important puisqu’il met en jeu la sûreté de l’État et concerne les plus hautes sphères du pouvoir, je veux parler du touite de Miss Trierweiler qui encourage un apparatchik du PS à mettre une trampe à l’ex de son mec. Voilà l’actualité de ces derniers jours, le buzz comme on dit, cela ne va pas plus loin ; j’irai voir la commère du coin que cela ne changerait rien : la fille de trucmuche couche avec le fils de machin, la vieille du troisième à perdu son chien, le petit Kevin a encore chouravé un scoot, etc. Bref, on est de plain-pied dans le grand cirque, le grand commérage médiatique, le foutage de gueule complet.

À qui la faute ? Sûrement pas à la majorité silencieuse qui regarde cela avec tristesse, parfois avec désespoir, et malheureusement, le plus souvent désormais, avec un certain cynisme. Car ce grand commérage est d’un vide abyssal. Et les responsables, disons-le, sont clairement désignés. N’accablons pas nos deux petits énergumènes qui ne voient pas au-delà de leurs nombrils. Le premier n’a pas compris qu’il jouait dans une équipe – je n’ose même plus dire pour son pays – qui devrait normalement transcender sa petite personne. Et la seconde n’a même pas conscience d’être la compagne du président de la République, et que cela impose des devoirs. Diantre ! Elle est tout de même une journaliste, oui môsieur, une journaliste-femme qui conserve sa liberté de parole.

J'ose à peine évoquer cette manie, cette maladie du touite qui semble toucher tous nos responsables. C'est vrai que l'on rêve tellement de savoir ce qu'ils pensent, ces génies de la phrase de deux lignes. Alors, les responsables, qui sont-ils ? Tous ces gens importants, gonflés de pouvoir et de fric, obèses d'eux-mêmes jusqu'à crever de suffisance, prêts à tout pour montrer le bout de leurs tarins, tous ces débiles qui font tourner le manège du grand vide, avec la bonne conscience qui dégouline sur le rebord des lèvres. Ils vivent en circuit fermé et prennent leurs vessies pour des lanternes, et ils voudraient encore nous éclairer de leur bêtise insane. Qui sont-ils ? Les sportifs bling bling, les politicards à la petite semaine, les journalistes vedettes qui vivent du travail de leurs nègres, les intellectuels creux de la bien pensance, et tous les connards, petits et grands, qui rêvent d'argent, de gloire et de beauté. Cela me donne envie d'écrire un touite : "Tous au cachot !"