Le
17 juin, le deuxième tour des élections législatives a lieu en France. Dans la
majorité des cas, le choix est laissé aux Français qui se rendent aux urnes entre
un nouvel avatar de la « gauche plurielle », ayant capitalisé le
mécontentement de la population à l’égard du gouvernement sortant, et l’UMP, parti
au sein duquel s’entredéchirent déjà les baronnets victimes ou responsables de
la défaite de leur champion aux présidentielles. Entre les deux alternatives,
peu de différences, en dépit des anathèmes lancés de part et d’autre. L’UMP qui
s’apprête à rentrer dans l’opposition ce dimanche porte encore la
responsabilité de la politique en apparence hyperactive et en réalité très
attentiste du président sortant. L’ex-parti présidentiel continue cependant
vaille que vaille à s’accrocher à la solution miracle d’une politique d’austérité
qui semblerait plus à même d’achever le malade que de le redresser. Le nouveau
gouvernement socialiste, propose lui des solutions qui ne paraissent guère plus
miraculeuses, s’appuyant principalement sur une hausse de la fiscalité pour combler
ce maudit déficit qui nous fait toujours passer aux yeux de nos vertueux
voisins allemands pour les mauvais élèves de la classe européenne. Dans les
deux cas, reste cette impression d’impuissance politique liée à un impératif qu’il
s’avère toujours interdit de questionner ou de remettre en cause : « il
faut sauver l’euro. » La vacuité profonde de la vie politique au cours du
premier mois de gouvernement de François Hollande saute aux yeux. L’actualité
ne semble avoir été alimentée que par la nouvelle chasse aux sorcières déclenchée
par le MRAP, la LICRA, le CACA, le ZBOUB et la choucroute, comme dirait Mozinor,
à l’encontre d’Eric Zemmour, ou encore par le Touitte assassin de Valérie
Trierweiler à l’égard de sa ségorivale. Le spectacle de toute cette petite
ménagerie se chicanant dans son panier de crabes sans paraître un seul instant
prêter attention aux sombres nuages qui roulent au-dessus de leurs têtes à claque
nous laisse, désolé Ségolène, un peu en peine de « désirs d’avenir. »
A ce compte-là, l’avenir on n’est pas pressé de le voir débarquer, il peut
rester encore un peu où il est celui-là.
Le
17 juin, de nouvelles élections législatives auront aussi lieu en Grèce, appelant les
électeurs à choisir entre les partis de gouvernement qui sont en grande partie
responsables d’avoir mené le pays à la ruine et une formation d’extrême-gauche
dont l’évocation fait trembler les élites bruxelloises. Vous pensez bien que la
perspective d’un vrai choix politique ne peut être perçue que comme scandaleuse
aujourd’hui en Europe. C’est le propos de Slavoj Zizek, philosophe un peu trop
médiatique dont je suis loin de partager souvent les analyses, de faire remarquer qu’à l’heure qu’il est,
les Grecs sont le seul peuple européen confronté à un vrai choix politique. Ceci
n’enlève rien au fait que l’article de Zizek me semble en partie caricatural.
Les courageux Grecs en lutte contre l’hydre capitaliste, dans une Athènes
livrée la nuit aux milices fascistes de l’Aube Dorée, et qui vont sauver l’Europe
en portant Siriza au gouvernement? J’ai toujours trouvé que Zizek était
meilleur amateur de cinéma (si si son « Guide pevers du cinéma » n’est
pas mal du tout) que philosophe ou politologue. Cependant le degré de véracité
de ce que décrit ici Zizek n’est pas tout à fait ce qui me préoccupe à la
lecture de son article, moi qui n’oserait me poser en observateur lucide et
avisé de la réalité grecque. Ce qui me préoccupe est la conclusion très simple
que le « miroir » grec nous renvoie en ce dimanche 17 juin : c’est
que le deuxième tour des élections législatives en France, on s’en contrefout.
En plus pour une fois qu’il fait beau, ce n’est pas le moment d’aller déprimer
dans un isoloir.
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