« Solstice de juin, instant ambigu, marqué par une sorte de
mensonge, comme il me trouble, m’irrite, me plaît. Pendant des mois encore, l’année
va paraître s’élancer vers son zénith de chaleur et de splendeur, et cependant
c’en est fait : les jours ont commencé de s’accourcir. Le Soleil s’incline,
le Soleil meurt. Adonis meurt, ne laissant que la rose. Aux portes des maisons,
en simulacres de terre cuite ou de métal, le jeune dieu, demi nu, avec des
sockets, est étendu sur un lit, entouré de ces fleurs qui passent en quelques
jours, et qu’on appelle pour cela « du jardin d’Adonis ». Et les
femmes pleurent et se frappent la poitrine, au son de la flûte phénicienne.
Mais tout est ambigu, dans cette fête : les femmes dans leurs pleurs
mêlent une secrète joie, car elles savent qu’au solstice d’hiver Adonis va
ressusciter. »
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