vendredi 22 juin 2012

Solstice de juin


« Solstice de juin, instant ambigu, marqué par une sorte de mensonge, comme il me trouble, m’irrite, me plaît. Pendant des mois encore, l’année va paraître s’élancer vers son zénith de chaleur et de splendeur, et cependant c’en est fait : les jours ont commencé de s’accourcir. Le Soleil s’incline, le Soleil meurt. Adonis meurt, ne laissant que la rose. Aux portes des maisons, en simulacres de terre cuite ou de métal, le jeune dieu, demi nu, avec des sockets, est étendu sur un lit, entouré de ces fleurs qui passent en quelques jours, et qu’on appelle pour cela « du jardin d’Adonis ». Et les femmes pleurent et se frappent la poitrine, au son de la flûte phénicienne. Mais tout est ambigu, dans cette fête : les femmes dans leurs pleurs mêlent une secrète joie, car elles savent qu’au solstice d’hiver Adonis va ressusciter. »

Henry de Montherlant. Le Solstice de juin. 1941. p. 308



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