dimanche 7 octobre 2012

La multiplication des pains



       L’UMP est à nouveau en campagne. Jean-François Copé s’est aperçu ainsi ses derniers jours qu’il existe un racisme anti-blanc, des zones de non-droit et un islam radical. Il appelle à une parole libérée et à une droite décomplexée. Cela aurait été encore mieux qu’il en prenne conscience au moment où il occupait les fonctions de ministre délégué à l’intérieur par exemple ou quand sa droite « décomplexée » avait la responsabilité de gouverner et de régler ce genre de problème autrement qu’à coup de formules choc. Où serait-ce que, parvenue dans l'opposition, la droite "bling-bling" devient soudain "décomplexée"? 
Jean-François Copé s’est surtout aperçu de l’existence d’un Front National à 18% aux présidentielles. Il songe aussi déjà à 2017 puisque le gouvernement socialiste semble avoir annoncé assez clairement depuis quelques mois de quoi sera faite sa politique au cours des cinq années à venir : hausses fiscales, mesures sociétales, reculades, immobilisme et re-hausses fiscales. Il faut donc pour Copé voir loin et ramener dès maintenant au bercail le précieux électorat qui s’est égaré chez Marine Le Pen.
Mais en matière de délinquance, l’imaginaire de Copé en est resté à Quick et Flupke ou Fripounet. Pour lui le comble de la terreur est donc atteint quand un méchant musulman vient arracher les pains au chocolat des mains des enfants à la sortie des écoles (pour les piétiner en éclatant d’un rire dément ?). Il ne semble pas vraiment avoir pris conscience qu’à Grenoble par exemple on ne vole pas les pains, on les donne. De préférence à vingt contre deux et jusqu’à ce que mort s’ensuive tandis qu’à Marseille on distribue plutôt les pruneaux en rafale.



Jean-François Copé a donc encore un peu de mal à faire croire qu’il est en prise avec le réel. Bien sûr, sa chocolatine a provoqué l’indignation des associations qui dénonce une insupportable stigmatisation…etc…etc… Néanmoins, il faudra plus que cet attentat pâtissier à la pudeur idéologique pour convaincre que Jean-François Copé se soucie réellement de ce qu’il se passe dans les banlieues ou de la menace de l’islam radical.
Il aurait pu pourtant facilement aller chercher dans l'actualité récente un exemple beaucoup plus convaincant. A Toulouse, l’artiste contemporain Mounir Fatmi a ainsi décidé de retirer son installation « Technologia », qui consistait en une projection de rotoreliefs tournoyants et lumineux, dont la technique est empruntée à Marcel Duchamp, représentant des versets du Coran, sur le Pont-Neuf de Toulouse.



Les réactions provoquées par l’œuvre ont en effet forcé l’artiste à la retirer précipitamment. Les réactions de qui se demande-t-on ? De quelques associations de catholiques en colère ou d’identitaires mal lunés ? Non point non, ce sont les réactions des musulmans eux-mêmes qui se sont violemment manifestés, s’estimant une fois de plus atteints dans leur dignité. Plus d’une soixantaine de « jeunes des cités » et de « croyants offensés » (on se demande ce que sont ces croyants là, les autres doivent se prendre la tête dans la main en voyant se spectacle...) se sont rassemblés sur le Pont-Neuf à Toulouse mardi soir pour empêcher les riverains de marcher sur les saints versets (ce qui est doublement idiot : on ne marche pas sur un halo lumineux, il se projette sur vous dans le cas où vous le rencontrez… Mais visiblement les manifestants avaient dû emporter avec eux un cerveau pour cinquante…). Quelques hystériques ont giflé une jeune femme qui n’avait pas eu la présence d’esprit d’éviter un des rotorelief et c’est un imam qui a fini par appeler au calme tous ses braves gens. L’artiste a décidé le lendemain de retirer son œuvre.

Que fait donc Jean-François Copé pendant ce temps-là dans la boulangerie, avec ses histoires de pain au chocolat? A force de prendre les gens pour des tartes en dégainant ses viennoiseries, c’est-lui qui va finir par passer pour une quiche. 

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