« À genoux au pied de l’arbre, mes lèvres sur
ses douces écorces, je lui parlai tendrement en une sorte de murmure
demi-chanté, tiré du plus profond de mon être et de ma vérité. Un chant rauque
un peu, modulé dans la gorge comme un feulement de bête. Je défis la boucle de
ma ceinture, j’enlaçai l’arbre et je fis la femme avec lui, torse nu, les
flancs nus, serrant le tronc entre mes cuisses. Je sombrai ainsi dans la
volupté pure et simple, absolue, délicieuse. J’aimais l’arbre, je désirais
l’arbre. Mon caractère m’incitait à être heureux sans réserve. Dans ce pays des
grottes peintes, le plus lointain Passé m’approuvait. Dans mes rapports avec
l’arbre, ce qu’il y avait en moi de femme venait des premières nuits de la
terre ; cet amour des feuilles datait des premiers soirs, des premiers
Paradis, et me composait un curieux caractère de magicienne. Une profonde
mémoire me revenait dans un flot de plaisir. »
François Augiéras, L'apprenti sorcier, Paris, fata morgana, 1976, p. 81.
François Augiéras, L'apprenti sorcier, Paris, fata morgana, 1976, p. 81.
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