C’est en quelque sorte, et pour finir, la même
fraîcheur qui est véhiculée par cet OVNI cinématographique que constitue The
Quiet Earth, au casting néo-zélandais et relativement inconnu. Cette fois,
à l’issue d’un événement dont on ne comprend que plus tard les tenants et les
aboutissants et dont on ne révélera rien pour ceux qui souhaitent le regarder,
le protagoniste principal se réveille un matin dans sa chambre d’hôtel
complétement nu et complétement seul. Après avoir repris ses esprits et ses
vêtements, notre héros explore l’hôtel où il se trouve, arpente les environs
sans parvenir à trouver âme qui vive. Son errance dans un monde désert va dès
lors se poursuivre durant des jours, puis des semaines sans que se révèle le
moindre indice qui puisse l’éclairer sur la catastrophe qui l’a laissé
véritablement seul au monde. Se résignant à son sort, Zac Hobson, le héros de The
Quiet earth, interprété par Bruno Lawrence, traverse une phase d’euphorie délirante et
mégalomane, s’enivre dans des hôtels de luxe, joue les Gabriele D’annunzio du
haut du balcon de sa suite, en robe de chambre, face à un parterre d’effigies
en carton figurant une foule fanatique et dévalise les épiceries des environs.
On retrouve ici la jouissance consumériste et le désespoir nihiliste qui
s’emparait également du personnage interprété par Charlton Heston dans Omega
Man. Zac Hobson, à la fois désespéré et de plus en plus détaché de son
propre sort tente de combler par les caprices les plus saugrenus le vide qui
s’est emparé de ce monde devenu un terrain trop vaste et trop solitaire.
Il
semble cependant que le genre post-apocalyptique ne tolère la solitude que dans
un temps limité[1],
et The Quiet earth ne fait pas exception à la règle. Au cours de ses errances
sans but, Zac finit par rencontrer Joanne, une survivante comme lui, avec
laquelle va s’ébaucher une relation amoureuse, puis Api, un Maori de prime
abord assez inquiétant, qui tend une embuscade à notre héros et le force sous
la menace d’une arme à le conduire auprès de Joanne dont il apprend l’existence
grâce à un talkie-walkie grésillant au moment inopportun. Toute l’originalité
de The Quiet earth se déploie à partir de cette rencontre. De la même
manière que On the beach, ce à quoi l’on pouvait s’attendre ne se
produit par forcément et, contre toute attente, la rencontre entre Zac, Api et
Joanne, au milieu d’un parc ne donne pas lieu à une explosion de violence mais
à une scène de fraternisation entre les trois rescapés. Le film donne dès lors
lieu à une nouvelle variation sur le thème de la reconstruction des relations
affectives dans un contexte post-apocalyptique et une situation de triangle
amoureux que les personnages tentent d’affronter au mieux, de la même manière
que dans The world, the flesh and the devil (1959) avec Harry Belafonte. Tout comme dans ce
classique de la science-fiction des années 50, dont The Quiet earth constitue
un remake assez psychédélique, le trio devra apprendre à vivre avec les
nouvelles normes imposées par un changement de situation radicale.
Au-delà
des représentations à grand spectacle ou des scénarios post-apocalyptiques
figurant un basculement dans la barbarie à grande échelle, ces quelques
productions plus ou moins atypiques, délaissant l’évocation du cataclysme,
laissent une plus large place à une représentation plus intimiste de la fin des
temps. Dans les quelques films évoqués ici, les différents personnages ressentent
avec plus d’intensité la fragilité de leur existence, alors que leur statut de
survivants les condamne soudain à l’isolement réservé aux dieux, car seuls les
bêtes et les dieux peuvent vivre en dehors de la cité des hommes.
Note : les photographies utilisées pour
illustrer cet article proviennent toutes de l’excellent site http://www.abandoned-places.com/index.htm
dont nous recommandons vivement la visite à nos lecteurs.
[1]
Il faudrait cependant ici citer quelques fantastiques épisodes de la série Twilight
Zone, notamment Solitude et Time enough at last qui figurent
avec cruauté l’expérience d’une solitude complète dans un monde complétement
abandonné. On pense aussi à la nouvelle The silent towns, dans les
chroniques martiennes de Ray Bradbury.
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